Censure d'Etat
L'enseignement moral de l’Église interdit d'expression.
L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex CSA) a condamné la chaîne Cnews à payer une amende de 100 000 euros pour avoir présenté sans contradiction l’avortement comme « une cause de mortalité ». C’était le 25 février dernier dans l’excellente émission «En quête d’esprit» animée par Aymeric Pourbaix, directeur de l'hebdomadaire France catholique. Chrétiens dans la Cité avait précédemment publié dans son numéro 443 du 27 janvier les statistiques compilées par l’organisation Worldometer : « le nombre d’avortements dans le monde en 2022 est de 73 millions, ce qui en fait la première cause de décès : 52 % sur un total de 140 millions ». L'information reprise par Cnews a fortement déplu à l'Arcom, qui a motivé ainsi sa décision :
« Une partie de la séquence en cause assimile l’avortement à une cause de mortalité et, par voie de conséquence, l’embryon ou le fœtus qui n’a pu naître vivant en raison d’un avortement à une personne décédée alors même qu’en droit, ils ne sont pas considérés comme des personnes. L’avortement ne saurait donc être présenté comme une cause de mortalité. » L'enfant à naître n'étant pas une personne, le tuer n'est pas une mise à mort. Autrement dit, l’Église n'a plus le droit d'enseigner que l'avortement est un crime abominable, comme l'affirmaient les pères du concile Vatican II dans la constitution Gaudium et Spes (§ 51). Et gare à celui qui approuverait les forts propos du pape François traitant les médecins avorteurs de tueurs à gages...
La diffusion de la Bible devra être à son tour interdite qui condamne les actes homosexuels comme des dépravations graves (Gn 19,1-29 ; Rm 1,24-27 ; 1Co 6,9-10 : 1Tm 1,10) tout comme le Catéchisme de l’Église catholique qui les qualifie d'« intrinsèquement désordonnés », « contraires à la loi naturelle » (§ 2357) ? Ce qui peut justifier certaines justes discriminations, par exemple dans le choix d'animateurs de camps pour les jeunes.
Cette censure s'exerce à sens unique. Très révélateurs à ce sujet sont les propos de Riss, rédacteur en chef de Charlie Hebdo. Ce journal satirique s'en prend régulièrement à la foi chrétienne avec force caricatures scatologiques, la dernière en date étant un dessin ignoble représentant la Sainte Vierge paru pour le 15 août dernier. En toute impunité, comme le reconnaît naïvement Riss : « Soyons honnêtes, depuis 2015, nous sommes aidés et soutenus par les pouvoirs publics. Les responsables au pouvoir sont derrière Charlie, notamment quand nous publions des dessins susceptibles de faire polémique à l'étranger. Le principe de liberté d'expression est respecté en France. Nous pouvons publier ce que nous voulons, et, en dehors des extrémistes, plus personne ne nous fait des procès en amoralité. » (Le Figaro, 25 novembre) Ainsi la liberté d'expression est respectée en France... mais pas pour tous...