Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La diplomatie parallèle de Sant'Egidio

Publié le

L'une des originalités de la communauté de Sant'Egidio est d'être intervenue en tant que médiateur sur la scène internationale. Certains l'appellent l'Onu duTrastevere (quartier romain de sa naissance), d'autres voient dans ses interventions pacificatrices l'invention d'une diplomatie parallèle parfois plus efficace que la diplomatie professionnelle et officielle, et le plus souvent complémentaire. Ce livre collectif raconte l'histoire de ces tentatives, menées au cours des dernières vingt-cinq années, du Mozambique à l'Algérie, du Guatemala au Burundi, de l'Albanie au Kosovo, du Liberia à la Côte-d'Ivoire... S'y ajoutent sa lutte contre le sida (75 000 malades secourus) et son combat pour l'abolition de la peine de mort. La méthode mise en œuvre s'appuie sur une conviction affirmée dans l'introduction par Andrea Riccardi, fondateur de Sant'Egidio : « même dans des conditions désespérées et complexes, la paix s'obtient à travers le dialogue, la rencontre, la médiation, l'accord ». Pourtant, sa communauté est un acteur international hors catégories : ni Ong, ni bras laïc du Saint-Siège, ni agence non gouvernementale, ni organisation nationale ou internationale. Mais une communauté chrétienne, experte en rapports humains, patiente et tenace, dont la faiblesse même devient une force.

morozzo073.jpg

L'Art de la paix

La Communauté de Sant'Egidio sur la scène internationale

Roberto Morozzo della Rocca (dir.)

Salvator, 360 p., 23,50 €

Partager cet article
Repost0

Contre l'arme nucléaire, immorale et inutile

Publié le

Dans une tribune libre publiée par La Croix (10/4/2013), Jean-Marie Muller, philosophe et écrivain, porte-parole national du Mouvement pour une alternative non-violente, réagit aux propos de François Hollande défendant a dissuasion nucléaire française : « C’est notre protection, c’est notre garantie. Il faut la conserver et même la moderniser. »

Or Jean-Marie Muller rappelle l'immoralité de l'arme nucléaire : « Il faut ici se ressouvenir de la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU du 24 novembre 1961 qui affirme que tout État qui emploie des armes nucléaires « doit être considéré comme commettant un crime contre l’Humanité et la civilisation. » Certes, par elle-même, la dissuasion n’est pas l’emploi, mais la menace de l’emploi. Mais, dès lors que l’emploi de l’arme nucléaire serait un crime contre l’humanité, la menace de l’emploi est déjà criminelle. Et la possession même de l’arme nucléaire, dont la seule justification est la menace de son emploi, est elle-même illégitime. »

Immorale, la dissuasion est également inefficace : « l’arme nucléaire ne nous protège d’aucune des menaces qui pèsent sur notre société, et surtout pas de la menace « terroriste ».(...) Il est remarquable que les responsables politiques qui justifient la dissuasion nucléaire feignent d’envisager sereinement la possibilité de l’emploi de l’arme nucléaire sans prendre aucunement en considération quelles seraient les conséquences absolument dramatiques de ces frappes nucléaires pour les autres et pour nous-mêmes, pour l’humanité et pour la terre entière. Non, l’arme nucléaire n’est pas une protection, elle est une menace. À l’évidence, il n’existe aucun scénario dans lequel le chef d’État français pourrait raisonnablement recourir à l’arme nucléaire pour protéger notre société. Inutilisable en temps de crise, l’arme nucléaire est inutile en temps de paix. »

Regrettant le coût de ce dispositif (4 milliards par an), Jean-Marie Muller conclut : « Dès lors que l’emploi de l’arme nucléaire serait un crime contre l’humanité, la menace de l’emploi est déjà criminelle. »

Partager cet article
Repost0

Laïcisme : et maintenant l'entreprise

Publié le

Une nouvelle offensive laïciste a été provoquée par la décision de la Cour de cassation favorable à la salariée de la crèche privée Baby Loup licenciée pour port du voile. Pour les juges, la laïcité ne s'applique pas aux entreprises privées. Le groupe Ump de l'Assemblée nationale a déposé ce jeudi une proposition de loi (qui sera discutée le 6 juin) pour permettre que le règlement intérieur des entreprises et des associations réglemente le port des signes et les pratiques manifestant une appartenance religieuse. Les socialistes vont également préparer un texte allant dans le même sens.

Des initiatives dangereuses, y compris pour les catholiques, alerte l'avocat Erwan Le Morhedec (www.koztoujours.fr) : « que ceux de mes amis catholiques qui se réjouiraient d’un éventuel élargissement de l’obligation de neutralité religieuse au sein des organismes privés (entreprises ou associations) parce que ça ferait la nique aux musulmans n’oublient pas que cet élargissement serait fait dans un état d’esprit d’hostilité à toutes les religions. Compte tenu des interprétations erronées qui ont déjà cours sur la laïcité, il ne manquerait pas d’inciter certains à contester ne serait-ce que l’expression d’une conviction religieuse. »

L’historien et sociologue des religions Philippe Portier souligne de son côté que l'extension de la laïcité à la sphère privée va à l’encontre de sa traditionnelle conception républicaine et ajoute : « Si une loi était votée, nous pourrions passer d’une pratique libérale, celle d’un contrôle de l’État a posteriori – on est puni si l’on a commis un méfait – à une perspective inverse d’un contrôle a priori : quiconque portant un signe religieux ostensible serait supposé apporter du désordre dans une société qui a besoin de cohérence » (www.la-croix.com).

Partager cet article
Repost0

Au sommaire de Chrétiens dans la Cité n°282

Publié le

Voici les principaux thèmes abardés dans Chrétiens dans la Cité, numéro 282 :

ANALYSE :Après le 24 mars

AGENDA

NOMINATIONS : Benoît de Vergnette, Catherine Larrieu, Michel Lachenaud

INFORMATIONS 

La Cftc conserve sa représentativité
Répit pour les embryons
Quand le laïcisme menace l'entreprise
Mariage homo : Le message de Mgr Marc Aillet - Les violences policières - 170 juristes contre le projet - Le mouvement pour l'écologie humaine
L'Artisanat monastique
Lourdes morose
Diaconia 2013

RECENSION : L'Art de la paix. La Communauté de Sant'Egidio sur la scène internationale (Salvator)

INITIATIVES : Uniapac

 

Pour recevoir ce numéro, abonnez-vous !

Partager cet article
Repost0

Vendredi Saint (Jn 18,1-19,42) par le Père Bernard Devert

Publié le

Une méditation du Père Bernard Devert, fondateur de Habitat & Humanisme.

Les soldats s’emparèrent de Jésus et l’enchaînèrent, tenant enfin celui qui ne retient aucune de nos fautes. De quoi est-il coupable ? Serait-ce de proposer une vie de plénitude, chemin d’un exode débusquant les exils.

Demeure la question sur l’inouï de cette violence qui lui fut infligée. Il ne suffisait pas de le faire taire, encore fallait-il le faire disparaître pour ne plus entendre l’homme, radicalement libre, mettant en exergue nos captivités et nos illusions de puissances.

A la liberté christique, s’opposent les petits bonheurs, faits de quiétude au prix de l’indifférence et de l’iniquité jusqu’à suggérer qu’un seul homme meure pour tout le peuple. L’obscurité de la conscience atteint son paroxysme.

Une main s’est tendue dans l’histoire, celle-là même du Fils de Dieu, mais pour tenir à nos histoires qui ferment les mains, les poings se sont levés mettant à mort l’auteur de la vie.

A mort, celui qui a osé mettre le doigt sur nos enfermements, la communauté des religieux n’était pas la dernière pour la demander.

A mort, vociféraient ceux qui pour lire l’Ecriture sans l’habiter savaient, suivant le psaume 30, que pour tenir dans la main de Dieu, ils le tenaient à leur merci. Les mains ont « cogné ».

Nos représentations sur le jugement sont fausses, c’est l’homme qui juge Dieu, et non pas l’inverse, jusqu’à le condamner. Il meurt par ceux qui ne l’aiment pas et ne s’aiment pas, d’où la prière du Fils à son Père : « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Si Dieu est violenté, menacé, crucifié, il n’est jamais menaçant mais toujours menacé par ceux à qui il donne la vie.

Aimer, c’est donner, se donner. Dieu donne et pardonne au-delà même de l’imaginable, mais quand éprouverons-nous une responsabilité à l’égard de la vie même de Dieu. Ne serait-ce pas naître à notre humanité que de reconnaître notre responsabilité à l’égard de l’autre et du Tout Autre.

Au cours du procès la question de la vérité est posée, mais aucun ne s’y attarde. Dans l’inconscience partagée, la réponse sera de l’ordre de la fuite, ajoutant à ce drame celui de le dédramatiser.

Le Fils de Dieu meurt. Les bourreaux seront alors les premiers à exprimer une parole annonciatrice d’un tremblement. La vie habitée par l’amour traverse la mort : une espérance s’éveille.

Bernard Devert

Partager cet article
Repost0

Sur le pape François et la théologie de la libération

Publié le

Les journalistes assimilent à tort l'option préférentielle pour les pauvres (qui peut s'inscrire dans une théologie politique pleinement orthodoxe, y compris dans sa formulation en termes de "doctrine sociale de l'Eglise") et la théologie de la libération qui fut un courant de pensée particulier, imprégné de philosophie marxiste, que le cardinal Bergoglio a combattu. 

La genèse de la théologie de la libération se situe dans les années confuses de la crise post-conciliaire, lorsqu'un activisme catholique tentait de s'affirmer par rapport aux bouleversements culturels qui allaient conduire à mai 68. C'est précisément en 1968 que la conférence de l’épiscopat latino-américain de Medellin, adopta certains thèmes qui allaient agiter les théologiens. L'option préférentielle pour les pauvres en fit partie.

La première systématisation de la théologie de la libération se trouve dans le livre publié à Lima en 1971 par le dominicain péruvien Gustavo Gutiérrez : Teología de la liberación. L’année précédente était paru une Théologie de la révolution du théologien belge Joseph Comblin.

La libération qui qualifie cette théologie renvoie au grand récit de l’Exode: le peuple de Dieu s’affranchissant de la servitude égyptienne et réalisant son salut dans l’histoire, avec la perspective d’une terre nouvelle où les injustices auraient disparu. Comme Maritain et Metz, les théologiens de la libération (outre Gutiérrez, citons Hugo Assmann, Clodovis et Leonardo Boff, Jon Sobrino, Juan Luis Segundo) acceptent et même soutiennent la sécularisation. Avec Marx, ils soutiennent la priorité de la praxis : la théologie conceptualise la praxis chrétienne ou simplement politique. Elle est, dit Gutiérrez, une « réflexion critique sur la praxis historique à la lumière de la foi ». Ils développent également une conception dialectique de l’histoire dont la lutte est le moteur nécessaire, en particulier sous la forme du combat des opprimés.

Rejetant une interprétation pacifiste de la révolution appelée par Jésus, certains des théologiens libérationnistes vont jusqu’à justifier le recours à la violence. Toutefois leurs expériences historiques calamiteuses (comme au Nicaragua) les ramenèrent à des positions moins extrêmes.

On sait qu'à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger ferrailla vigoureusement contre cette théologie avec deux textes successifs : en 1984, l’Instruction sur quelques aspects de la théologie de la libération (Libertatis Nuntius), et en 1986, avec une tonalité moins hostile et plus bienveillante, l’Instruction sur la liberté chrétienne et la libération (Libertatis conscientia). La première instruction dénonçait une marxisation de la théologie ayant pour conséquence la perversion de la foi, en particulier en matière d’ecclésiologie (l'Église du peuple comme Église de classe, opposée à l'Église officielle ou hiérarchique) et de christologie (réinterprétation politique des vérités christologiques). La seconde se voulait plus positive. Le propos n’était pas simplement critique, et certains thèmes chers aux libérationnistes tels que les structures de péché ou l’option préférentielle pour les pauvres entrèrent même dans le discours magistériel.

Le regard jeté par la nouvelle théologie politique anglo-saxonne est un peu différent. C'est ainsi que John Milbank, tête du courant Radical Orthodoxy, remarque : « Par-delà l'utilisation de schèmes marxistes, on peut observer que la théologie de la libération est d'abord étonnamment moderne dans sa relativisation des dimensions métaphysiques, mythiques, doctrinales et mystiques de l'expérience chrétienne, et trahit souvent l'influence du protestantisme libéral sur l'intelligentsia latino-américaine. Alors qu'on reproche communément à la théologie de la libération son collectivisme ou ses idéaux utopiques, on remarque rarement qu'il lui manque souvent encore une conception des faits religieux et des faits chrétiens qui en intègre pleinement les significations sociales et commu- nionnelles. »

La grande carence de la théologie de la libération est qu'elle n'a pas été suffisamment théologique et qu'il lui a manqué une véritable ecclésiologie.

Le second grand moment de la théologie de la libération commence au milieu des années soixante-dix avec le développement, notamment aux États-Unis, de produits dérivés : théologie noire, théologie féministe et du "genre", théologie du tiers-monde (africaine et asiatique) etc. Plus récemment, certains théologiens libérationnistes tels que Leonardo Boff ont pris le chemin de l’écologisme, considérant que le paradigme oppression / libération qu’il utilisait hier pour les classes dominées et exploitées s’applique aussi à la Terre et à ses espèces vivantes.

On signalera que Gustavo Gutiérrez, resté dans l'Eglise, a fait évoluer sa pensée grâce - a-t-il précisé - au dialogue avec le cardinal Ratzinger, à qui il a rendu hommage.

Partager cet article
Repost0

Face à l'Etat bobo devenu Etat policier

Publié le

La violence de la police dimanche 24 mars, s'ajoutant au mensonges répétés et éhontés du préfet de police de Paris, montrent que le l'Etat bourgeois-bohême est clairement devenu un Etat policier.

La "dictature du relativisme" casquée matraque et gaze des enfants et des vieillards.

 

Comme l'écrit le philosophe Henri Hude, le Peuple français fait face à une entreprise totalitaire. Une analyse à lire dont voici un extrait :

 

"Nous n’assistons plus au déroulement d’un jeu politique ordinaire. Le Peuple n’est pas même en face d’un coup d’Etat permanent. Il fait face à une entreprise d’usurpation visant à lui imposer une autre constitution – plus encore, une autre constitution anthropologique. Nous sommes en face d’un pouvoir législatif qui usurpe le pouvoir constituant et qui l’usurpe absolument. Nous sommes en face d’un pouvoir constituant mégalomane et illégitime, qui prétend changer la nature humaine, la manipuler à sa guise, se saisir des esprits, embrigader la jeunesse et réprimer toute dissidence. Nous sommes bien en présence d’une entreprise totalitaire. L’heure est donc à la Résistance, jusqu’à la Libération, et à la Renaissance"

Partager cet article
Repost0

La théologie politique chrétienne confrontée à l'islam

Publié le

Au Collège des Bernardins, dans le cadre du Séminaire de dialogue méditerranéen sur la modernité et le religieux dirigé par Jacques Huntzinger, ancien Ambassadeur de France, la séance du 18 mars 2013 avait pour thème Théologies et action commune chez les chrétiens et les musulmans.

Abdou Filali-Ansary a présenté son analyse sur la réforme de l'islam et Antoine Fleyfel sur la théologie politique contextuelle libanaise. Denis Sureau était chargé de présenter la théologie politique chrétienne. Il remarquait notamment dans son introduction :

Il m'arrive fréquemment d'entendre des propos de ce genre :

« L'islam est intrinsèquement totalitaire dans la mesure où il n'a pas appris à séparer la politique et la religion.

Sa vision de la société orientée tout entière vers le culte de Dieu est incompatible avec la démocratie.

Sa communauté des croyants qui transcende les appartenances nationales est une menace pour les États. »

En entendant ce type de discours, surtout lorsqu'il est tenu par des frères chrétiens, je me sens assez mal à l'aise. Je n'ai pas la compétence nécessaire pour juger si ces accusations sont reprochées à juste titre ou non à l'islam. J'ignore si l'islam « mélange » la religion et la politique, comme les journalistes l'affirment habituellement.

Mais de mon point de vue, qui est celui d'un catholique, je constate qu'il suffit aux adversaires de l’Église de remplacer le mot islam par celui de christianisme, pour obtenir une sentence de condamnation assez comparable.

Que faut-il en penser ?

Dans cet exposé, je m'appliquerai à montrer :

Premièrement qu'une saine théologie politique chrétienne ne saurait séparer la politique et la religion.

Deuxièmement, que Dieu est le bien commun de la société.

Troisièmement, que la communauté des croyants qui s'appelle l’Église, doit être distinguée du pouvoir politique."

Le texte complet de cette conférence peut-être lu ici.

 


Partager cet article
Repost0

Le cardinal Bergoglio soutien de Communion et Libération

Publié le

Si le cardinal Angelo Scola, l'un des premiers animateurs de Communion et Libération, était donné souvent comme favori parmi les "papables", le cardinal Jorge Maria Bergoglio fut aussi un soutien assuré de Communion et Libération.

Voici ce que rapportait par exemple Tracce, la revue officielle du mouvement fondé par Mgr Luigi Giussani :

En 2010.

En 2009.

En 1954, Luigi Giussani (1922-2005), un prêtre milanais faisant le constat de la déchristianisation, avait fondé un groupe qui s’est d'abord appelé Gioventù Studentesca [Jeunesse étudiante] pour développer l’éducation de la foi des jeunes. Il s'est diffusé rapidement et pris en 1969 le nom de Comunione e liberazione pour affirmer que « l’événement chrétien, vécu en communion, suscite la véritable libération de l’homme ».

Confronté durement au marxisme et au laïcisme qui explose dans les années 70, le mouvement s'est battu pour défendre la présence des catholiques dans la vie publique. Soutenu par Jean Paul II et le cardinal Ratzinger, CL a pris un nouvel essor. Il est à l’origine des Journées mondiales de la jeunesse. Des expériences politiques incertaines ont été tentées.

CL compte 120 000 sympathisants dans 70 pays dont 90 000 en Italie. Il est dirigé par le P. Julian Carron, prêtre et théologien espagnol.Quelques groupes sont actifs dans les grandes villes de France. 


Partager cet article
Repost0