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Pièges à gogos

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Le procédé est rodé, la technique parfaitement au point. On l'enseigne dans les stages de marketing direct. Vous recevez un courrier facile à lire: gros caractères et grands sentiments. Sur quatre pages, le même argument revient en boucle, tous les trois paragraphes. Au cas où vous ne l'auriez pas compris une première fois, on vous le sert à nouveau, on le rabâche. Vous êtes séduit, vous êtes conquis : c'est exactement ce que vous pensez. Horreur de l'avortement, débâcle de l'Education nationale, scandale des pédophiles relâchés dans la nature, ruine des retraites, oppression fiscale... Les motifs d'indignation ne manquent pas. Comment un homme de bonne volonté pourrait rester insensible ? Oui, il faut réagir, et vite! Mais que faire?

Or on vous propose immédiatement la solution: signer la pétition qui va secouer les pouvoirs publics, participer au grand « référendum » qui va enfin faire bouger les choses. Et puis surtout, pour multiplier les signatures, toucher la grande masse, il faut envoyer de l'argent, le nerf de la guerre. C'est tout simple: il suffit de cocher « OUI, je m'associe à votre action... », de retourner le « Bon de soutien » avec votre chèque (la maison accepte aussi la carte bleue).

Aux Etats-Unis, cela s'appelle du fund raising, en France de la collecte de fonds. La méthode n'est pas blâmable en elle-même lorsqu'elle est utilisée pour des oeuvres qui agissent concrètement. Par exemple, dans son dernier rapport, la Cour des Comptes a donné une appréciation très positive à la Fondation d'Auteuil, pour la bonne gestion des 93 millions d'euros collectés chaque année. Mais il en va tout différemment pour ces associations apparues ces dernières années à l'origine douteuse, au fonctionnement opaque et à l'utilité incertaine. Prenez garde aux pièges à gogo, « pompes à fric » et « racket de vieilles dames »: avant de donner, réfléchissez !

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Pour une propriété anticapitaliste

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  A l'heure où la crise financière mondiale bouleverse les fausses certitudes constitutives d'une « mondialisation heureuse » fondée sur le capitalisme, 

  les analyses économiques et politiques du grand écrivain britannique G.K. Chesterton invitent à renouveler notre regard. Publiées à la veille de la première grande crise – celle de 1929 -, et traduites pour la première fois, elles dénoncent la dévastation de la nature, la perversité de la grande distribution, les illusions de la technique et « la tyrannie des trusts ». Tout cela au nom du distributisme, propre aux catholiques sociaux anglais, proposant « de distribuer les grandes fortunes et les grandes propriétés » sans tomber l'écueil du socialisme étatiste. « Une société de capitalistes ne contient pas trop de capitalistes, mais trop peu...». Évidemment, même lorsqu'il se fait l'écho de telles thèses, Chesterton demeure Chesterton: non un austère théoricien multipliant les démonstrations rigoureuses mais un prosateur à l'infatigable humour, jonglant avec les vérités paradoxales jusqu'à plus soif.

 

 

Gilbert Keith Chesterton

Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste

Éditions de L'Homme Nouveau, 240 p., 22 € www.hommenouveau.fr

 

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Maritain et la disparition de l'Eglise

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Les éditions Ad Solem viennent de publier Torture et eucharistie, le premier livre du théologien (laïc) américain William Cavanaugh, dont la traduction était attendue depuis de nombreuses années. Ce livre étonnant (issu d'une thèse de théologie) part de l'analyse détaillée de la pratique de la torture sous le Chili de Pinochet comme illustration de la mainmise de l'Etat moderne sur les « corps », abandonnés depuis plusieurs siècles par une Église  confinée à n'avoir au mieux que le « soin des âmes ». Comme si l'Église n'était pas un Corps (le Corps du Christ) alimenté par le corps eucharistique. L'oubli de cette vérité a été renforcé par des penseurs tels que Jacques Maritain, dont l'auteur analyse avec une lucidité inégalée sa « distinctions des plans » (spirituel/temporel). Le spirituel est relégué dans la sphère individuelle et « l'Église en tant que corps ne peut tenir un rôle direct, sur le plan temporel », ce que montre de façon exemplaire l'exemple du Chili, où Maritain a eu une influence considérable. Cet essai exceptionnel marque une date dans l'évolution de la théologie politique. « Pour nous chrétiens, notre résistance consiste à participer à l'imagination de Dieu, par l'enracinement de l'étrange espace-temps de l'eucharistie, où le corps torturé du Christ apporte au monde l'espérance. »


William Cavanaugh

Torture et eucharistie

Ad Solem, 448 p., 30 €



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L'Eglise italienne face à la crise

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Face à la crise économique, parler ne suffit pas. L'Église italienne agit en multipliant les initiatives financières pour secourir non seulement les chômeurs et les familles mais aussi les petites entreprises. Certains diocèses de portent garants pour les emprunteurs en difficulté. De nombreux diocèses et Caritas (l'équivalent du Secours catholique français) ont créé des fonds en partenariat avec des banques et alimentés par les dons des fidèles afin d'attribuer des microcrédits voire des prêts à taux zéro. La conférence épiscopale s'apprête à lancer un fonds national de garantie de plusieurs dizaines de millions d'euros. Il aidera les familles à ne pas sombrer dans la pauvreté.

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Conférence sur la théologie postlibérale

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31 mars

LA THEOLOGIE POSTLIBERALE FACE A LA SECULARISATION

Conférence de Denis Sureau, directeur de Chrétiens dans la Cité, auteur de Pour une nouvelle théologie politique (Parole et Silence, 172 p., 17 €).

Centre culturel Saint-Paul,

12 rue Saint-Joseph, Paris 2e. 20h15.



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Quand la théologie relève la tête

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Le P. Marcel Neusch, dans le quotidien La Croix du 5 mars 2009 publie une recension du livre de Denis Sureau, Pour une nouvelle théologie politique :

Quand la théologie relève la tête



Depuis sa naissance en 1990, le courant théologique occidental d'une "Radical Orthodoxy", dont John Milbank est la figure centrale, gagne du terrain

En 1990, un jeune théologien britannique de 38 ans, John Milbank, ancien élève de Rowan Williams (devenu depuis archevêque de Cantorbéry), faisait paraître un livre qui mit les esprits en ébullition dans le monde universitaire anglo-saxon. Le livre s'intitulait Théologie et théorie sociale. Par-delà toute raison séculière. L'ennemi était clairement désigné : le séculier (secular), auquel la théologie aurait eu tort de vouloir s'ajuster. L'ambition du projet était elle aussi nettement affichée : reconstruire une vie sociale d'amitié et de paix à partir des ressources de la tradition chrétienne, sans compromission avec ce monde séculier.

Ce courant allait recevoir son nom de baptême en 1997, dans un manifeste rédigé par de jeunes universitaires où se retrouvent anglicans, protestants et catholiques. Il s'appellera désormais «Radical Orthodoxy». La première thèse de ce manifeste donne le ton : «Radical Orthodoxy rejette comme sophistique toute célébration théologique de la sécularisation.» La deuxième thèse, également provocante, entend tourner le dos à la majeure partie de la théologie du XXe siècle, déclarée coupable d'avoir «simplement embrassé les tendances séculières». Et ainsi de suite.

Comment relever le défi de la sécularisation ? Une rupture s'impose. Le programme de la Radical Orthodoxy, écrit Denis Sureau, est à l'opposé des théologies qui pensaient pouvoir «s'appuyer sur la modernité et ses avatars pour repenser la foi et la rendre aimable voire accommodante vis-à-vis du consensus libéral». Il s'agit au contraire de soumettre ce monde malade à une critique «radicale» d'ordre théologique, et de penser l'ordre naturel, l'homme et la société, à partir de l'ordre surnaturel - autrement dit, à partir de la révélation - avec les ressources propres de la foi.

Comme on le voit, la Radical Orthodoxy ne se tient nullement à l'écart du monde moderne. Elle cherche au contraire à envahir tous les domaines afin de les juger à l'aune de la théologie. Elle puise à de multiples sources : la Bible et la Tradition en priorité, mais aussi Platon, Aristote, surtout saint Thomas et saint Augustin. Certains se réclament même d'un «thomisme augustinien post-moderne». Henri de Lubac et Hans Urs von Balthasar ont leur faveur. Il s'agit de retrouver une unité articulée entre foi et raison. Seule la foi leur paraît capable de sauver la raison.

Relativement ignorée en France, la Radical Orthodoxy semble vouloir y rattraper son retard. Si son noyau dur est nettement visible, les contours sont plus difficiles à cerner. L'essai de Denis Sureau, le premier à offrir un panorama d'ensemble de ce courant, en présente les principaux thèmes et les figures les plus représentatives. On n'a sans doute pas fini d'en parler. C'est une théologie sans complexes. Face à un monde moderne malade de la sécularisation, elle entend relever fièrement la tête. On peut juger la riposte audacieuse, mais aussi un peu courte.
MARCEL NEUSCH


 
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Retour à la maison

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La levée des excommunications des évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X constitue un geste fort de Benoît XVI dans la perspective d'une pleine communion qui demeure à réaliser.


Au milieu de la semaine pour l'unité des chrétiens, le pape Benoît XVI ordonnait la publication d'un décret levant l'excommunication des quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre en 1988. Levée et non retrait : cela signifie que l'excommunication était légitime en raison de son motif (le sacre d'évêques contre la décision de Rome) mais devenait inopportune en raison du « malaise spirituel manifesté par les intéressés » dans une lettre où ils manifestaient leur « volonté de rester catholiques », « au service de l'Eglise », en acceptant « son enseignement filialement » et en croyant « fermement à la volonté de Pierre et à ses prérogatives ». Selon les termes du décret de la Congrégation pour les évêques, cet acte de réconciliation est comme un préliminaire aux « colloques nécessaires » à l'approfondissement des « questions encore ouvertes » afin de « pouvoir ainsi parvenir rapidement à une pleine et satisfaisante solution » et « rendre stables les rapports de la Fraternité Saint-Pie X avec le Siège Apostolique ».


Dans une lettre aux fidèles de la FSSPX, son supérieur Mgr Bernard Fellay citait un autre passage de la lettre adressée à Rome dans laquelle les évêques écrivaient : « nous acceptons et faisons nôtres tous les conciles jusqu'à Vatican II au sujet duquel nous émettons des réserves ». Cette phrase a été citée abusivement par certains journalistes comme un refus de la totalité du concile. Pourtant, la quasi-totalité des cardinaux, évêques et théologiens actuels émettent des réserves vis-à-vis de Vatican II qui, en raison de son mode d'expression inédit et de son caractère « pastoral », ne pouvait que soulever des problèmes d'interprétation (herméneutique, dit Benoît XVI). Le théologien Ratzinger lui-même a émis des réserves vis-à-vis de la constitution conciliaire Gaudium et spes : « maintes insuffisances », « optimisme étonnant », concept de monde resté « à un stade pré-théologique ». Cependant il serait dangereux que l'issue des entretiens doctrinaux des disciples de Mgr Lefebvre avec Rome soit une condition nécessaire à l'entrée dans un processus authentique de réconciliation, lequel incluera des aspects canoniques délicats. L'excommunication du patriarche de Constantinople (1054) a été levée en 1965 mais la pleine communion entre catholiques et orthodoxes n'est hélas toujours pas réalisée. Le pape souhaite que la dissidence d'Ecône s'achève avant une institutionnalisation irréversible. Comment ne pas adhérer à un tel projet ?

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Terre Sainte : l'Eglise pour la paix

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Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France vient de publier une déclaration intitulée Gaza : une folie meurtrière qui ne doit pas être récupérée :
"Les événements qui se déroulent depuis plusieurs semaines à Gaza sont effroyables! Ni le terrorisme, ni la riposte militaire disproportionnée ne sont des issues acceptables. L'escalade guerrière et la violation du droit humanitaire sont des folies condamnables.
Toute récupération visant une importation du conflit sur notre territoire national doit être dénoncée. Propager la violence en France ne ferait pas progresser la paix à Gaza.
Comme tous les hommes épris de justice et de paix, les catholiques de France sont meurtris et mobilisés. De nombreuses initiatives de prières et d'actions sont engagées dans les diocèses.
Avec leurs frères de confessions chrétienne, juive et musulmane, les évêques de France mettent tout en oeuvre pour favoriser le dialogue et le respect mutuel. Ils s'unissent aux appels du pape et de la communauté internationale en faveur d'un cessez-le-feu.
Ils sont solidaires de la demande insistante de Mgr Twal, patriarche latin de Jérusalem, souhaitant que l'Europe soit « un pont au service de la paix ».

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La nouvelle vague théologique

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Voici l'article paru dans l'hebdomadaire Famille chrétienne (n°1617 du 10 au 16 janvier 2009) :

La nouvelle vague théologique

Denis Sureau brosse, dans un livre novateur, le panorama d'une nouvelle théologie politique.

Cette nouvelle théologie, essentiellement anglo-saxonne, commence à déferler sur notre univers franco-français enfermé dans de vieux dilemmes et des résidus de luttes stériles. Elle est politique: non qu'elle prône une théocratie hors d'âge, ni qu'elle cherche à confondre les plans. Mais elle clame fièrement que la théologie ne saurait se désintéresser des affaires de la cité, que la respublica ne doit pas ignorer ce lien qui, au sein de la vie quotidienne, relie l'homme à Dieu. 
Il n'est donc pas étonnant que cette théologie soit foncièrement héritière de celle du cardinal de Lubac, dans son souci de ne pas séparer l'ordre de la nature et celui de la grâce. Dieu a encore droit de cité dans la cité, non pas au sens d'une absorption du politique par le théologique, mais parce qu'aucune activité humaine ne se déploie que dans la relation avec son créateur. 
Sureau montre à merveille ce que Vatican Il a apporté d'élan et de souffle à cette nouvelle théologie qui, au demeurant, manifeste un souci liturgique très traditionnel. Le-mouvement Radical Orthodoxy, au confluent de l'anglicanisme et du catholicisme, est à cet égard exemplaire: augustinienne et lubacienne en théologie, traditionnelle en liturgie, socialiste (au sens d'antilibérale mais non pas de marxiste) en politique, la pensée de John Milbank, Catherine Pickstock et leurs émules fait exploser tous les cadres. 
On ne saurait ignorer ce que cette nouvelle théologie doit à la philosophie du communautarien Alasdair Macintyre, démontrant la nécessité d'un retour à une éthique des vertus, mais aussi le fait que toute vertu étant qualifiée, on ne saurait faire l'économie du fait de parler en tant que chrétien. A sa suite, son élève, le théologien protestant Stanley Hauerwas, ou le catholique William Cavanaugh, ont commencé à tracer le dessin d'une manière chrétienne de faire de la politique. Cette nouvelle théologie pose frontalement la question de l'universalité de l'éthique et du caractère opératoire du concept de loi naturelle. De cela on peut légitimement débattre. Reste que cette pensée ouvre des portes qui semblaient définitivement fermées: un appel d'air! 
François Huguenin
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