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Bobards et censure d'Etat

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La proposition de loi relative aux « fausses nouvelles » (fake news) suscite bien des inquiétudes.

Voulu par le pouvoir, le texte de loi vise à interdire la manipulation de l'information avant une élection nationale. Commencé le 7 juin dans un climat houleux, la poursuite de son examen a été reportée en juillet compte tenu du nombre important d'amendements déposés (155). Est définie comme fausse nouvelle « toute allégation ou imputation d'un fait dépourvue d'éléments vérifiables de nature à la rendre vraisemblable ».

Ce serait à un juge des référés de déterminer – en 48 h ! – de s'assurer de l'absence d'« éléments vérifiables ». Première difficulté : c'est lui attribuer une expertise qu'il n'a évidemment pas.

Les plateformes numériques et réseaux sociaux (Facebook, Twitter...) sont directement visés, et les grands organes de presse épargnés, au motif de leur rôle utile « dans le référencement des contenus d'information ». Deuxième problème : Libération ou L'Humanité seraient-ils des médias crédibles ? Dès lors qu'on sait choisir des sources sérieuses, les réseaux sociaux offrent de précieuses ressources. Ils sont d'ailleurs souvent en pointe par rapport aux médias traditionnels : nombre d'informations qu'ils diffusent sont reprises le lendemain par les journaux télévisés.

Troisième objection : la divulgation de fausses informations tombe sous le coup de l'article 27 de la loi de 1881, modifié par une ordonnance en 2000 : « La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers, lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d'une amende de 45 000 euros. »

Il existe donc déjà un arsenal juridique, sans cesse renforcé depuis plusieurs dizaines d'années (que l'on pense aux lois mémorielles imposant une vérité officielle en histoire), au service d'un appareil répressif d’État conforté par un appareil idéologique. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), dont le rôle serait renforcé par la nouvelle loi, exerce déjà une censure en toute impunité. Il devient périlleux d'exprimer sur les ondes, par exemple, de citer le §2357 du Catéchisme de l’Église catholique (« les actes d'homosexualité sont intrinsèquement désordonnés »).

La seule riposte à la désinformation et aux mensonges est la formation de l'esprit critique et le choix de moyens d'information qui s'efforcent de pratiquer un journalisme honnête.

Denis Sureau

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Le P. Matthieu Rougé nommé évêque de Nanterre

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Le Père Matthieu Rougé a été nommé évêque du diocèse de Nanterre, il était jusqu’à présent curé de la paroisse Saint-Ferdinand - Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus et Doyen des Ternes à Paris.

Ordonné prêtre en 1994 pour l’archidiocèse de Paris, Mgr Rougé fut étudiant à Rome (1994-1996) puis en mission d’études à la Maison Saint-Séverin (diocèse de Paris) de 1996 à 1998. Il fut ensuite nommé vicaire de la paroisse Saint-Séverin – Saint-Nicolas (1998-2000). Depuis 1999 Mgr Rougé était professeur à la Faculté Notre-Dame de l’École cathédrale. Entre 2000 et 2003, il fut le secrétaire particulier du Cardinal Jean-Marie Lustiger. En 2003, il fut nommé curé-recteur de la Basilique Sainte-Clotilde, fonction qu’il occupa jusqu’en 2012.

Mgr Rougé fut directeur du Service Pastoral d’Études Politiques (SPEP) de 2004 à 2012. Il prit ensuite une année d’études à Madrid à l’Université San Dámaso.

Depuis 2013, Mgr Rougé était curé de la paroisse Saint-Ferdinand – Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus et Doyen des Ternes.

Il a notamment publié L'Église n’a pas dit son dernier mot : petit traité d'antidéfaitisme catholique, (Robert Laffont, 2014).

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L'Amérique, Dieu et la guerre

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C’est une belle initiative éditoriale que d’avoir publié un essai du grand théologien américain Stanley Hauerwas, protestant parfois qualifié de crypto-catholique.
Nous retrouvons dans ce troisième livre traduit en français (après

Bayard / Labor et Fides , 450 p., 21,90 €

Le Royaume de paix et Étrangers dans la cité) une pensée pétillante, toujours en mouvement, qui bouscule nos vieux schémas intellectuels.
On aimerait pouvoir poursuivre la discussion avec l’auteur, en particulier au sujet de sa critique de la théorie de la guerre juste, qui laisse comme un goût d’inachevé. Toute guerre serait-elle nécessairement immorale ? 
On adhère plus facilement à sa perception de l’Amérique comme un pays qui s’est construit par la guerre (et ce n’est certes pas Donald Trump qui mettra fin à cet héritage létal), et à sa démolition du prétendu « réalisme » des thèses bellicistes de penseurs chrétiens contemporains, auxquels il oppose notamment la figure de Martin Luther King. Considérant la non-violence comme un élément constitutif de l’identité chrétienne, Hauerwas envisage l’Église comme une alternative à la guerre et appelle les chrétiens du monde entier à refuser de se tuer les uns les autres, et à apporter un témoignage de paix, au nom de Jésus, la justice de Dieu qui n’a rien à voir avec celle du monde. Un essai tonique et vivifiant.

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Au sommaire du numéro 359

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Le 359e numéro de la lettre d'information Chrétiens dans la Cité est paru.

Vous pouvez vous abonner et choisir la version qui vous convient (papier ou pdf)  en suivant ce lien (qui vous conduira vers la boutique de notre revue-soeur Transmettre).

Au sommaire

ANALYSE : Le regard de Gérard Leclerc sur Mai 68

AGENDA

LES HOMMES : François-Xavier Pérès - Xavier Dufour - Véronique et Emmanuel Prat

INFOS : Editeurs et bénédictins - Camps scouts et colonies de vacances: menace écratée - Espérance banlieues et les "valeurs républicaines" - Les maisons d'Eglise, nouveaux lieux d'évangélisation - Oeconomicus et pecuniariae quaestiones - Macron chanoine - Les Veilleurs persévèrent - Aime cesse de paraître - Militaires pèlerins - Chartres sonne

LECTURES : Stanley Hauerwas, L'Amérique, Dieu et la guerre

 INITIATIVES : Amitié Espérance

 

 

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L'hebdomadaire féminin Aime cesse de paraître

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Lancé en décembre dernier par Jean-Baptiste Fourtané, le magazine féminin Aime n'a pas trouvé un lectorat suffisant pour assurer sa pérennité. Sur Facebook, ses responsables viennent de publier l'annonce suivante :

"Chers Amis,

Ca y’est. Les investisseurs nous ont rendu, après quelques semaines d’attente, leur réponse définitive. Unanimement séduits par le projet, ils ont décidé de ne pas s’y investir. La presse est un secteur compliqué pour les investisseurs, ce qui explique l’attente de ces dernières semaines et cette décision de ne pas nous suivre, malgré le soutien de toute notre communauté, que vous êtes.

C’est une grande déception pour nous. Vous nous avez montré tout le bien que vous pensez du magazine, ce qui nous a confirmé que nous avions réellement un rôle à jouer dans le quotidien des femmes. Toute l’équipe s’est investie à 100% dans votre magazine, motivée par la certitude qu’il vous plaisait et l’envie de vous apporter des sujets nouveaux et originaux. Polémiques parfois, toujours passionnants et riches au vu des échanges qui les suivaient.

Nous vous écrivons ce message avec l’assurance que nous avons tout donné pour donner sa chance à Aime. Tous les investisseurs n’étaient pas prêts à nous suivre, mais vous avez été avec nous et l’aventure Aime s’est propagée comme un feu, d’Amie à Amie, de mère en fille, de soeur à soeur…

Nous tenions à vous remercier pour votre accompagnement depuis le lancement du projet Aime. Le magazine a été construit, numéro après numéro, à partir de vos ressentis, vos retours et vos conseils. C’était un plaisir de les transmettre chaque semaine aux journalistes qui les lisaient attentivement et en discutaient chaque jeudi lors des réunions de rédaction.

L’espérance, c’est aussi de croire et faire tout son possible pour que, avec l’aide de Dieu, nos projets les plus beaux aboutissent. Nous avons travaillé pendant ces cinq mois dans l’espérance et la joie de faire ce qui était bien. Vous avez été avec nous : merci !

On vous Aime 😉"

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Mai 68 ou l'échec d'une contestation qui aurait pu être chrétienne

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Dans le flot des publications célébrant le cinquantenaire des événements de Mai 68, se détache l'essai du journaliste catholique Gérard Leclerc, Sous les pavés, l'Esprit (France-Empire / Salvator, 148 p., 14 €).

A 27 ans, immergé dans l'effervescence idéologico-politique parisienne, Gérard Leclerc a été marqué à sa façon par le phénomène de Mai 68. L'éditorialiste de France catholique et chroniqueur de Radio Notre-Dame propose un décryptage intéressant qui ne plaira pas à tous.

La révolte du « peuple adolescent » (selon l'expression de Paul Yonnet) fut d'abord une tentative de révolution politique (ratée) avant de se transformer en révolution culturelle (réussie). Le renversement du capitalisme non seulement a échoué, mais la dissolution des moeurs théorisée par Marcuse et Reich a eu pour effet de renforcer l'économie libérale. La libération du désir accompagne le développement d'une société de consommation hier honnie par les étudiants du Quartier latin, qu'ils aient été gauchistes, anarchistes ou situationnistes. Les combattants des barricades sont devenus les cadres dirigeants efficaces des multinationales jadis exécrées ; en témoigne l'évolution du journal Libération, né à l'extrême-gauche à ses débuts, et aujourd'hui défenseur d'un système qui l'entretient, ou celle de Daniel Cohn-Bendit.

Mai 68 fut comme la fin des Trente Glorieuses, et le « basculement anthropologique » était déjà amorcé au milieu des années soixante (les sixties), incluant les débordements sexuels et l'effondrement de la pratique religieuse (cf. Guillaume Cuchet, Comment le monde a cessé d'être chrétien). Ce que regrette Gérard Leclerc en évoquant la figure étonnante de Maurice Clavel, gauchiste converti qui avait perçu l'ampleur de la crise. Elle aurait pu être une remise en cause radicale de la modernité issue des Lumières si elle avait été une insurrection spirituelle. La déconstruction de l'humanisme rationaliste engagée par le philosophe Michel Foucault aurait pu y contribuer – mais elle a finalement accouché d'un nihilisme absolu. Clavel n'a pas convaincu alors ses camarades ex-maoïstes, même si certains se sont convertis depuis. Gérard Leclerc s'inscrit dans ce sillage : « Mai 68 correspond à l'effondrement de l'héritage, mais il signifiait aussi la possibilité d'un sursaut moral au milieu des convulsions. Il pouvait être la perception d'un sauvetage possible dans l'abîme. » D'où son interrogation finale : « De notre monde en gestation, l'Esprit pourra-t-il émerger pour nous rendre le goût et la saveur d'exister ? »

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Plan Borloo : deux avis divergents

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Xavier Lemoine, maire de Montfermeil (Seine Saint-Denis) depuis 2002, vice-président du Parti chrétien démocrate (PCD), a commenté l'annonce du « plan de mobilisation » proposé par Jean-Louis Borloo pour les banlieues : « L’État a injecté 43 milliards d’euros avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), créée en 2003. L’idée semblait excellente, mais on n’a pas donné aux bailleurs, aux policiers ou aux magistrats les outils nécessaires pour empêcher quelques familles de nuire à tout leur voisinage.(…) Depuis le premier plan banlieues de 1977, lancé par Jacques Barrot, l’État a inventé les ZEP et les REP, créé des logements sociaux, mené pas moins de six plans différents pour désenclaver les quartiers sensibles… Pour quels résultats ? Ils sont assez maigres, parce qu’on a refusé de voir que la banlieue ne manquait pas seulement de moyens, mais qu’il fallait restaurer l’autorité de l’État et la culture française. Paradoxalement, en termes de qualité de construction et de confort d’habitat, le logement social est très supérieur à la promotion privée » (Le Figaro, 27/04).

Logements sociaux à Aubervilliers

Le Père Bernard Devert, président-fondateur d'Habitat et Humanisme, estime que si les plans banlieue n'ont pas pris en compte "la cause et la dimension du mal", ce n'est pas une raison pour cesser d'envisager de nouveaux traitements :  "Le rapport de M. Jean-Louis Borloo sur les banlieues se révèle une feuille de soins ; elle remet de la République là où elle est absente, d’où des territoires devenus les lieux du ban. Le constat alarmant dit l’étendue de la fracture. « Médecin de la ville » reconnu, le « docteur Borloo » rédige une prescription en 19 points. Le traitement est de choc. La gravité du mal est telle qu’il s’insurge. Refusant de pactiser avec la non-assistance à personne en danger, il s’interroge sur la passivité de la Société alors qu’une fraction du corps social est désarticulée. (...) Le diagnostic a pourtant été posé depuis longtemps, ne parle-t-on pas de cités de non-droit. (...) Une des 19 mesures retenues, singulièrement novatrice, est celle de la création d’une Académie des leaders. Cette belle expression traduit le souffle qu’il a perçu dans ces banlieues, riches d’une énergie émanant d’acteurs qui, au sein de ces cités, refusent qu’elles se délitent et meurent. Leur combat est pris en compte. Reconnaître, c’est toujours fait naître. Alors la vie est là, elle s’éveille. Ces leaders s’opposeront à des dealers instrumentalisés par d’ignobles salopards profitant du désespoir et de la précarité pour se servir en développant une économie parallèle, injectant de l’évasion facile et factice, délétère et mortifère. L’ordonnance, remise par M. Jean-Louis Borloo au Premier Ministre, fait du bruit, d’aucuns rappelant que la politique de la ville s’est avérée insuffisante, voire un échec. Et alors ? Faut-il se résoudre à abandonner. Folie. Dit-on à un malade que son traitement a été un gaspillage parce qu’il n’est pas guéri ! Le corps social ne peut accepter les soins palliatifs au risque que tout le corps soit envahi par la métastase du désespoir. Des opérations chirurgicales seront nécessaires pour assurer les greffes visées par ces prescriptions qui ne peuvent pas se faire les unes après les autres, mais ensemble. "
 

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Augustin Cochin dans La Nef

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Le mensuel catholique La Nef publie dans sa livraison de mai un article qui synthétise l'oeuvre d'Augustin Cochin :

 

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L’impôt ne commande pas nos générosités

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Une analyse du P. Bernard Devert, fondateur et président d'Habitat et Humanisme :

Les divorces sont onéreux ; celui intervenu entre la fiscalité et la solidarité ne fait pas exception ; il blesse l’action engagée auprès des personnes fragilisées.

Le sujet est suffisamment grave pour ‘mettre les pieds dans le plat’ ou plutôt l’assiette fiscale qui, avec le nouvel impôt sur la fortune immobilière (IFI), est évaluée à 850M€ contre 5 Md€ pour la défunte ISF.

La table de la solidarité est renversée. L’économie sociale et solidaire est pour le moins secouée, alors qu’elle secourt bien des personnes en recherche d’un toit, d’un travail… 

Habitat et Humanisme, sans cette épargne, n’aurait pu loger 22 000 foyers en souffrance et les accompagner pour les aider à se reconstruire.

Le rapport de Jean-louis Borloo rappelle la nécessité de mettre ‘la République’ dans ces quartiers de ban accablés par tant de difficultés et de désespoir que l’heure est de retisser l’unité nationale ; elle nécessite confiance et investissements.

Une mixité s’impose ; la construction de logements à vocation d’insertion doit s’accélérer en la corrélant à la formation professionnelle. 

A mal nommer les choses, on les aggrave (Camus). Trop longtemps, l’économie solidaire a été caricaturée par des expressions dommageables, niches, béquilles fiscales, alors qu’elle est réductrice de la misère et la précarité. Qui peut le contester ? 

Une économie, relevant de la mission du bien commun, mérite d’être saluée, encouragée, développée. 

La contribution de l’Etat inférieure à 9 M€, via les dispositifs TEPA et Madelin, a un impact tout à fait insignifiant au regard des entreprises ESUS, contribuant à défendre les plus vulnérables.

Si la fiscalité est un levier efficace pour favoriser les souscriptions au sein des entreprises solidaires ; elle n’est pas la seule motivation, observant que, majoritairement, les actionnaires maintiennent leur participation au capital, longtemps après la durée des 5 années nécessaires à l’éligibilité de l’avantage fiscal.

L’Administration fiscale diminue son soutien, l’affectant à l’IFI et au dispositif Madelin sur l’IRPP Or l’heure n’est pas de réduire la voilure, mais d’être davantage là où des êtres souffrent. Il faut être aveugle pour ne pas voir les fragilités et sourd pour ne pas entendre les cris qu’elles suscitent. 

Que faire ? la réponse est de l’ordre d’une éthique de responsabilité : dire non à l’inacceptable. 

Et si ces 5 Md€ - disponibles pour n’être plus déclarés au titre de l’ISF - se présentaient comme un moyen de déclaration de guerre contre la misère, en investissant dans une économie riche d’humanité, attentive aux vulnérabilités. 

Qui peut rester indifférent au fait que des enfants ont un présent si difficile qu’il compromet leur avenir. 

Qui peut demeurer étranger à la situation des personnes isolées, en perte d’autonomie, peinant à trouver un habitat adapté.

Qui ne peut pas comprendre l’inquiétude des soignants pour leurs patients confrontés à un tel isolement que les soins à domicile sont impossibles, d’où la recherche d’une alternative à l’hospitalisation. 

Que d’appels reçus restent en souffrance.

L’impôt tue l’impôt. Son absence ne viendrait-elle pas faire naître paradoxalement une solidarité s’exerçant au nom d’une liberté toute intérieure.

Bernard Devert
 

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