SELON UN SONDAGE REALISE A LA SORTIE DES URNES lors du premier tour des présidentielles (cf. La Croix, 24/4), le vote des catholiques « pratiquants réguliers » (allant à la messe au moins une fois par mois) s’est porté massivement sur Nicolas Sarkozy, avec 45%, suivi par François Bayrou (20%), Ségolène Royal (11%), Jean-Marie Le Pen (8%), Philippe de Villiers (7%), Arlette Laguiller (4%), Marie-George Buffet (3%) et Olivier Besancenot (2%). Les précédents sondages avaient annoncé le glissement à droite du « vote catho ».
QUE SONT LES CHRETIENS DE GAUCHE DEVENUS ? Ces chiffres confirment une évolution constatée depuis plu-sieurs années. En additionnant les voix pour Ségolène Royal et l’extrême-gauche, on obtient seulement 18% des pratiquants réguliers. Un chiffre révélateur. On aurait également pu s’attendre à ce que François Bayrou, héritier de la mouvance démocrate-chrétienne, fasse un score plus fort. Des personnalités aussi emblématiques qu’un Michel Camdessus, président jusqu’à peu des Semaines Sociales de France, avaient publiquement affiché leur soutien. Pourtant les « pratiquants réguliers » n’ont guère davantage voté pour le candidat Udf que l’ensemble des électeurs (18,5%). Ses déclarations ont pu heurter les croyants : du refus des drapeaux en berne lors de la mort de Jean Paul II au laïcisme revendiqué : « comme citoyen – et responsable public -, je ne reconnais aucune autorité au-dessus de ma conscience » etc.
A DROITE, PHILIPPE DE VILLIERS a probablement ramassé une bonne part des voix des catholiques attachés à la défense de la vie et des valeurs morales. Un terrain délaissé pour une part par Jean-Marie Le Pen dont la campagne a heurté la frange la plus traditionnelle de l’électorat « national-catholique » : refus d’abroger la loi Veil, ouverture en faveur d’une euthanasie allégeant les dépenses de santé, défense de la laïcité etc. Nicolas Sarkozy s’est montré plus habile en multipliant les références au christianisme et à Jean Paul II ou en déclarant que « la religion catholique est l’un des fondements de l’identité française ». Même si, devant d’autres publics, il se déclarait pour l’avortement et la recherche sur les embryons, ouvrait les portes à l’euthanasie et affirmait que « l’amour hétérosexuel n’est pas supérieur à l’amour homosexuel ». Au jour où nous écrivons ces lignes (entre les deux tours), il est difficile de savoir si les catholiques soucieux de cohérence éthique passeront outre à ces atteintes aux « valeurs non négociables » énoncées par Benoît XVI et voteront néanmoins pour lui. Au nom d'une conception erronée du « moindre mal ».