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Leçons post-électorales

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La campagne des présidentielles a été marquée par un engagement fort des catholiques. Analyse.

 

1 La droitisation de l'électorat catholique. Toutes les enquêtes réalisées confirment une tendance lourde : il y a bien un « vote catho » dans la mesure où la pratique religieuse est un élément déterminant du choix et s'accompagne globalement du vote à droite. Après le premier tour, un sondage Ifop/Famille chrétienne/Afsp indiquait que 45% des catholiques pratiquants auraient voté Nicolas Sarkozy (contre 27% pour l'ensemble des Français), 17% François Hollande (contre 28,6) et 13% François Bayrou (contre 6%). Au second tour, ils auraient voté à 79% pour Sarkozy (sondage Harris/La Vie) et pour 40% d'entre eux, les propositions du candidat socialiste sur l'euthanasie et le mariage homosexuel auraient fortement pesé dans la balance. On notera qu'un autre sondage Ifop/Pèlerin confirme cette orientation mais dans une proportion nettement moins importante (66% des pratiquants réguliers pour Sarkozy). Ces enquêtes n'apportent pas d'indications sur la proportion de votes blancs ou d'abstentions « motivées » au second tour, alors que ce dernier a été marqué par un nombre exceptionnellement élevé de votes blancs ou nuls (5,8%, soit plus de 2,1 millions d'électeurs). On notera aussi que les deux millions d'électeurs musulmans auraient voté à 93% en faveur de François Hollande (étude OpinionWay/Fiducial pour Le Figaro).

 

2La tentation du vote Front national. Si jusqu'à présent les catholiques pratiquants votaient moins Front national que les autres, la tendance s'atténue avec 15% de votes Marine Le Pen contre 18% pour l'ensemble des Français - or en 2007 l'écart était beaucoup grand : 5% de votes Jean-Marie Le Pen contre 15% pour l'ensemble des Français. Plus encore, la tendance s'inverse même les plus jeunes : 27% des catholiques pratiquants de moins de 35 ans auraient voté pour Marine Le Pen (sondage Ifop/Famille chrétienne/Afsp). Tandis que les catholiques seniors auraient voté beaucoup moins pour elle. Le discours épiscopal vis-à-vis du Front national a également évolué. Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre et président du Conseil famille et société de la Conférence des évêques de France, explique : « Il y a une distance critique à manifester vis-à-vis de l’ensemble des programmes, et pas seulement pour le Front National. En ce qui concerne ce dernier, certaines positions relatives à l’accueil des étrangers sont inacceptables.Mais pour chaque parti politique, il est possible de souligner tel ou tel point face auquel les chrétiens ne se sentent pas à l’aise : on parle à ce sujet de ''points non négociables''. (…) C’est vrai, qu’auparavant, l’Église avait davantage à tancer telle ou telle formation politique. Nous ne nous situons pas sur ce terrain-là. Nous faisons appel à la liberté de conscience et à l’esprit critique. » (La Croix, 25/4)


3 Une forte mobilisation des catholiques militants contre François Hollande. Plus encore que lors des élections précédentes, de nombreuses composantes du catholicisme français se sont ouvertement déclaré en faveur d'un vote de rejet du candidat socialiste dont le programme contenait des propositions sociétales inacceptables. C'est notamment le cas des deux grands mouvements pour la vie (Alliance Vita, Laissez-les-vivre...), des Associations familiales catholiques ou de la mouvance conservatrice libérale (Fondation de service politique, Audace 2012...). Les voix discordantes (vote blanc, abstention, vote Hollande...) ont été inaudibles.


4 Le retrait relatif de l'épiscopat. Les évêques français ont été tiraillés entre d'une part leur inquiétude face aux éléments éthiquement discutables du programme Hollande et d'autre part leur souci de ne pas intervenir directement dans le jeu politique. Quelques-uns ont cependant implicitement donné des consignes de vote (Mgr Maurice de Germiny, Mgr Marc Aillet...), ainsi que le P. Matthieu Rougé, « l'aumônier des parlementaires ». Au lendemain de l'élection, Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, déclarait :« l’Église doit conserver la liberté de dire ce qu'elle rejette, même si cela doit l'amener à s'opposer à la nouvelle majorité : ce n'est pas parce qu'une opinion est majoritaire qu'elle est bonne pour l'homme » (La Croix, 9/5).


5 Le désarroi des chrétiens de gauche. Interrogé par le magazine La Vie, Jérôme Vignon, président des Semaines sociales, remarque : « Cela fait plusieurs années que nous constatons une différenciation politique entre un noyau des catholiques pratiquants et le message progressiste que portent les Semaines sociales. (…) aujourd'hui, on nous traite parfois en hurluberlus coupés des réalités. C'est dommage. » A son tour, François Soulage, président du Secours catholique (et membre du Parti socialiste, ancien conseiller municipal de Nanterre), interrogé par le même hebdomadaire sur le fort vote sarkozyste des catholiques pratiquants, déclare : «  79%, c'est beaucoup ! Cela veut dire, si l'on fait un calcul, que les catholiques qui ont voté Le Pen au premier tour ont voté Sarkozy au deuxième. Concernant l'immigration, il me semble que la masse des catholiques n'a pas entendu le discours de leurs évêques. (…) J'ai moi même voté pour François Hollande et hier, j'étais avec des amis prêtres et nous avons fêté ensemble la victoire. Mais très vite, nous nous sommes dit qu'il allait falloir mobiliser et se battre sur ces questions. (…) Il y a eu un certain clivage. J'ai ressenti une poussée à gauche au Secours catholique. Les bénévoles qui travaillent avec les migrants n'en pouvaient plus du discours d'exclusion de Sarkozy. Il a été parfois difficile de discuter avec certains catholiques. J'aurais préféré que les évêques parlent plus. Ils n'ont pas assez tenu compte du débat parmi les catholiques. Nous manquons d'une parole forte. »

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Les chrétiens face à l'abstention

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L'hebdomadaire Famille chrétienne a publié (n°1788) un entretien condensé avec Denis Sureau, directeur de Chrétiens dans la cité, dont voici la version intégrale.

 

Aucun candidat ne semble trouver grâce à vos yeux. N y a t-il pas une gradation entre eux ? Peut-on les mettre dans le même sac ?
Il est certain que François Hollande, dans son programme, accumule les transgressions (euthanasie, « mariage » homosexuel, adoption par les couples homos, etc.) ; Nicolas Sarkozy les limite, mais dans son cas, plus qu'au discours opportuniste visant à ramasser des voix, c'est à son bilan qu'il faut se référer, et celui-ci n’est pas brillant. Prenons les trois principaux « principes non négociables » énoncés par Benoît XVI en 2006. En ce qui concerne la défense de la vie, la loi de bioéthique de 2011 a aggravé les recherches sur l’embryon ; il y a eu par ailleurs une intensification des campagnes de communication hostiles à la vie, sous la houlette de Roselyne Bachelot. En ce qui concerne la famille, Nicolas Sarkozy vient de déclarer au magazine Têtu que le Pacs, y compris entre homosexuels, devait donner lieu à une cérémonie en mairie, ajoutant : « Je n’aime pas l’idée de péché où il y a identité ». Et l'on sait le sort réservé à Christian Vanneste, député courageux, pour avoir tenu un autre discours. En ce qui concerne l’école, rien n’a été fait contre les méthodes pédagogiques funestes que l’on connaît, et la théorie du gender a été introduite subrepticement dans les programmes scolaires. On pourrait citer bien d’autres éléments : une politique culturelle contestable avec Frédéric Mitterrand, le gel des prestations familiales, un déficit public sans précédent, des opérations militaires calamiteuses…

Surtout il y a la remise en cause du repos dominical. C’est à mes yeux plus grave que le mariage homo, qui ne touche qu’un nombre limité de personnes, alors que le travail le dimanche ébranle toute la société (et déjà plus d'un quart des salariés sont touchés). S’il est un « principe non négociable », c’est bien celui-là, puisqu'il s'agit du troisième commandement de Dieu.

 

Sur l’euthanasie, l’an dernier, le gouvernement a tenu bon.
En effet, tout n’est pas négatif dans son quinquennat. Comme d'ailleurs tout n'est pas négatif dans les propositions de François Hollande. Mais la question est de savoir s'il est moral de voter pour un candidat qui bafoue les « principes non négociables ». En soi, c'est un mal. Selon la règle – d'un maniement fort délicat – du moindre mal, cette « coopération matérielle » peut être qualifiée d'« éloignée » et « permise en vertu de raisons proportionnées », comme l'a précisé Rome en réponse aux évêques américains en 2004. Toute la difficulté consiste à vérifier que ces « raison proportionnées » sont suffisamment consistantes. La réponse ne me semble pas si évidente.

 

Que pensez-vous de la note des évêques (Éléments de discernement) ?

Ils ont tenu ne pas se limiter à la défense de la vie et ils ont eu raison. Et ils renvoient chacun à ses responsabilités. En ce 50e anniversaire de Vatican II, il faut se souvenir d’un de ses enseignements essentiels : la mission et la responsabilité propre des laïcs.

 

Un chrétien peut-il s’abstenir de voter?

Oui, dans certaines circonstances, l'abstention peut être un devoir civique, un acte politique recommandable. Cela peut être une forme d’objection de conscience, que le cardinal Barbarin reconnaissait dans Famille Chrétienne en 2007 (FC n°1529). En 2005, l’Église italienne a demandé aux fidèles de s'abstenir dans le cadre d'un référendum sur la fécondation artificielle. Le grand philosophe catholique Alasdair MacIntyre, dont la pensée est au cœur des grands débats moraux contemporains, a justifié en 2004 l'abstention lors des présidentielles américaines en expliquant que lorsqu'on vous met en face de deux candidats politiquement intolérables, il est important de ne choisir aucune d'entre eux. Sinon voter revient « non seulement à voter pour un candidat en particulier, mais c'est également voter pour un système qui nous présente que des alternatives inacceptables. Le moyen de voter contre le système est de ne pas voter. »

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Sarkozy dans le texte

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L'un de nos correspondants nous a envoyé quelques déclarations du président sortant qu'il convient de ne pas oublier:

 

Nicolas Sarkozy , dans son intervention télévisée du jeudi 20 septembre 2007 :

"Je crois à une politique fondée sur l’effort, sur la libéralisation des possibilités de travail pour nos compatriotes.Pourquoi je demande qu’on puisse, si on le veut, travailler le dimanche ? Parce que c’est des journées de travail, c’est des possibilités de vendre plus, c’est des possibilités de créer des richesses."

 

Nicolas Sarkozy, Face aux Chrétiens, Radio Notre Dame 26 avril 2007:

"J’essaie d’être un homme de sincérité, ou d’authenticité. Je préfère ça au mot vérité parce que le vérité … Forcément, chacun a sa vérité. J’essaie d’être authentique."

 

Nicolas Sarkozy, 24 juin 2003, devant les représentants de la franc-maçonnerie:

"La franc-maçonnerie est chez elle au ministère de l'Intérieur, parce qu'il y a peu de familles de pensée qui s'identifient aussi bien à la République "

 

Nicolas Sarkozy ,Le Figaro 31 janvier 2007:

"Le député UMP Christian Vanneste, condamné pour des propos homophobes, ne sera pas réinvesti aux législatives. Je condamne fermement ce qu’il a dit.Je ne veux ni de près ni de loin être associé à des propos homophobes"

 

Nicolas Sarkozy ,France Inter 2 mai 2007 :

" Dans mon discours du 14 janvier ,Porte de Versailles, j'ai rendu hommage à Simone Veil qui me soutient avec beaucoup de force. Naturellement la loi de 1974 sur l'interruption volontaire de grossesse est un progrès."

 

Nicolas Sarkozy dans un entretien au Figaro je du jeudi 11 oct 2009 défend le touriste sexuel en pays pauvre qu'est son ministre de la culture :

« -A vos yeux, l'affaire Frédéric Mitterrand est-elle désormais close ?

-Je suis président de la République. Je dois défendre certaines valeurs. Je ne laisserai donc personne assimiler homosexualité et pédophilie. C'est un retour au Moyen-Age qui fait honte à ceux qui ont employé cet argument. Quand je vois le porte-parole du PS, emboîter le pas à Marine Le Pen et avec quel enthousiasme ! Je me demande où sont passées les valeurs humanistes de ce grand parti républicain. »

 

Nicolas Sarkozy ,le 27 mai 2010 , à l’Institut Protestant de théologie de Paris:

« Le protestantisme fait partie de notre histoire , (...).Comment ne pas penser à ce que disait ici-même Jules Ferry lorsqu’il inaugura en 1877 les locaux que l’Etat venait d’offrir à la nouvelle faculté de théologie protestante de Paris ? « Le protestantisme a été , dans l’histoire moderne , la première forme de la liberté (…)La Révolution de 1789 (…) a été faite en partie pour vous : elle est pour vous la date de l’affranchissement définitif »

 

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Les scouts catholiques belges chassent Dieu

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Les Scouts catholiques belges ont adopté le 2 mars une nouvelle formule de la Promesse qui supprime toute référence à Dieu et préfère évoquer l'« épanouissement spirituel ». Si ce choix a été condamné par certains évêques belges, il a été justifié par un jésuite, le P. Charles Delhez, et le président fédéral des Scouts, dans un article paru le même jour dans la Libre Belgique, en ces termes : « Le mot "catholique" dans le nom de la fédération laissait planer un doute sur notre intention, pourtant sincère, de veiller au développement spirituel de chacun. Ceci entraînait, chez les animateurs, un rejet de cette animation. De même, le mot "Dieu" dans la Promesse ou dans la Loi scoutes souffrait probablement d’être perçu, en Belgique du moins, comme une "marque déposée" de l’Église catholique. (…) La suppression possible du mot "Dieu" n’est donc pas une remise en question de la dimension spirituelle et religieuse, mais une manière de la servir avec plus de respect pour le cheminement de chacun. Tout croyant (ou non) pourra désormais s’affirmer de manière décomplexée. (…) En se déconfessionnalisant, le mouvement espère raviver cette dimension et permettre à ceux qui veulent y apporter, de l’intérieur, une note chrétienne de le faire sans aucun complexe et sans ambiguïté institutionnelle. Une proposition respectueuse devient davantage possible. »

 

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Lefebvristes : retour à Rome

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Le pontificat de Benoît XVI est animé par la recherche active de l'unité des chrétiens. Et riche de résultats que n'avaient pu connaître ses prédécesseurs : après la réintégration d'une partie non négligeable d'anglicans (ainsi que de luthériens américains), s'ajoute aujourd'hui la réparation amorcée de la cassure lefebvriste. Le pape allemand sait que les déchirures sont évitables à condition d'être prises en compte le plus tôt possible, afin de casser le processus d'ascension aux extrêmes propre aux rivalités mimétiques, pour user du vocabulaire de René Girard. Et que, comme dans un couple, les torts sont toujours partagés dans les ruptures ecclésiales, comme l'analyse a posteriori de la naissance de la Réforme protestante le montre clairement.

 

Dans le cas de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, l'autoritarisme de Paul VI – dont le refus de la liberté liturgique a été désavoué implicitement par Benoît XVI – a nourri l'exaspération de Mgr Marcel Lefebvre. Ce dernier qui, rappelons-le, avait signé tous les documents de Vatican II, ne demandait, au départ, qu'à « faire l'expérience de la Tradition », s'est progressivement engagé dans une logique d'isolement, considérant son oeuvre comme « la Tradition », comme une nouvelle arche de Noé pour les catholiques du monde entier. Ce sentiment était conforté par l'expansion de son oeuvre : 42 ans après sa fondation, la Fraternité Saint-Pie-X compte six séminaires internationaux établis sur les quatre continents et plus de 550 prêtres et 200 séminaristes impliqués dans de multiples œuvres : tiers-ordres, aumôneries, maisons de retraites spirituelles, écoles primaires et secondaires, enseignement supérieur, résidences pour personnes âgées, dispensaires et missions, œuvres de charité. Le risque devenait alors de s'estimer autosuffisant. Des agences matrimoniales ont été créées pour les fidèles de cette mouvance soucieux de rester entre eux... ainsi que des tribunaux canoniques pour déclarer nuls les mariages le cas échéant. Cependant la situation canonique de la FSSPX restait floue :les mariages célébrés et les confessions entendues par ses prêtres sans pouvoir de juridiction étaient-ils valides ? Les réponses apportées par l’Église - y compris par les dicastères romains - étaient contradictoires. Le refus de la tentation schismatique semble être à l'origine de la volonté de la majorité de la FSSPX de retourner à Rome.

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Un salaire parental ?

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Le salaire parental est proposé par Marine Le Pen afin d'« offrir aux mères ou aux pères de famille la possibilité de choisir librement entre l'exercice d'une activité professionnelle et l'éducation de leurs enfants ». Débat.

L'hebdomadaire Famille chrétienne(n°1782) a interrogé trois experts ou acteurs de la politique familiale : Dominique Marcilhacy (Union des familles en Europe), Jean-Marie Andrès (Confédération nationale des Associations familiales catholiques) et Pascale Coton (Cftc). Si tous trois sont d'accord pour défendre le quotient familial, leurs avis divergent face au projet de salaire parental. Pour Dominique Marcilhacy, « plus qu'une bonne idée, c'est une demande des familles, comme l'a montré une enquête réalisée par l'Ufe . »Surtout pour les familles nombreuses dont les services rendus « en termes démographiques justifient largement la création d'un salaire parental, dont le coût resterait raisonnable pour nos finances publiques ».La secrétaire générale de la Cftc, rappelant que 43% des salariés sont des femmes, estime plus adapté de «soutenir le congé parental. Avec plusieurs possibilités :un congé jusqu'aux trois ans de l'enfant, un congé plus court et mieux rémunéré ; on peut imaginer aussi de le fractionner: en prendre une partie à la naissance de l'enfant et le reste au moment de l'adolescence (jusqu'aux 16 ans de l'enfant).»

L'hostilité la plus marquée à l'idée de salaire parental vient du responsable du secteur Politique familiale des Afc : « Ne mettons pas les familles en contradiction avec leur vocation au don gratuit en faisant de l'accueil de l'enfant une « fonction publique », où la (ou le) bénéficiaire de l'allocation deviendrait un « salarié de la France ». La reconnaissance ne doit pas être recherchée sur le plan financier, car leur rôle - unique - n'est pas d'abord économique. Des dispositions financières permettant aux parents de suspendre leur activité professionnelle existent. Améliorons-les, mais restons-en là. »Cette réaction a suscité la désapprobation de certains membres des Afc, d'autant plus que la politique familiale est en régression depuis maintenant plusieurs décennies. De plus, si le rôle des familles n'est pas « d'abord » économique, il est certainement souhaitable qu'il le redevienne, dans une vision renouvelée qui restitue à la cellule familiale la plénitude de ses missions sociales. Cependant, la répugnance a une sorte fonctionnarisation de la mère au foyer est compréhensible. L’Église préfère affirmer la nécessité d'un salaire familial, d'une rémunération du travail suffisante (éventuellement complétée par des mesures telles que les allocations familiales) afin d'éviter de contraindre la mère de famille a travailler hors du foyer. Le véritable problème  autrement plus vaste – qui est ainsi posé est celui du juste salaire.

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Voter ou ne pas voter : l'analyse d'Alasdair MacIntyre

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L'oeuvre d'Alasdair MacIntyre (né en 1929 à Glasgow, aujourd'hui citoyen américain) a marqué un nouveau départ dans la philosophie morale contemporaine, ouvrant des voies qui ne cessent d'explorées sur tous les continents et dans des contextes culturels et théologiques très divers. Son approche est à la fois aristotélicienne, thomiste et augustinienne. Catholique depuis 1983 au terme d'un itinéraire intellectuel très riche, il s'est retiré aujourd'hui de l'arène publique. L'une de ses toutes dernières interventions politiques remonte à 2004, dans le cadre de la campagne présidentielle opposant le Républicain Bush au Démocrate Kerry. Voici la traduction inédite d'un bref article intitulé The Only Vote Worth Casting in November :

 

Le seul vote qui vaille

Alasdair MacIntyre

 Lorsqu'on vous met en face de deux alternatives politiquement intolérables, il est important de ne choisir aucune d'entre elles. Et quand ce choix est présenté avec des arguments rivaux et des débats qui excluent de la discussion publique tout autre ensemble de possibilités, il devient un devoir de se retirer de ces arguments et de ces débats, afin de résister à l'imposition de ce faux choix par ceux qui ont arrogé eux-mêmes le pouvoir de définir ces alternatives.

Cette position peut dans l'abstrait remporter aisément l'adhésion. Mais, quand elle s'applique à la prochaine élection présidentielle, elle risque d'être rejetée d'emblée. Car c'est une idée reçue que voter est la marque d'un bon citoyen, et ne pas voter un signe d'irresponsabilité. Mais le seul vote ayant de la valeur en novembre [2004] est un vote qui ne peut être fait que contre un système qui offre le choix entre le conservatisme de Bush et le libéralisme de Kerry, ces deux partenaires dans le débat idéologique, chacun ayant besoin de l'autre comme une cible.

Pourquoi devrions-nous rejeter les deux à la fois? Non principalement parce qu'ils nous donnent de mauvaises réponses, mais parce qu'ils répondent à de mauvaises questions. Quels sont donc les bonnes questions politiques? L'une d'elles est la suivante : Que devons-nous à nos enfants? Et la réponse est que nous leur devons avant tout les protéger et les accueillir dès le moment de leur conception. Et nous ne pouvons le faire que si nous leur donnons les meilleures chances pour bénéficier d'une vie familiale épanouie, dans laquelle le travail des parents est rémunéré de manière équitable, et d'une éducation qui leur permettra de s'épanouir. Ces deux éléments, si ils sont pleinement énoncés, conduisent à une politique. C'est une politique qui nous oblige à être pro-vie, non seulement en mettant en oeuvre les mesures les plus efficaces pour réduire le nombre d'avortements, mais aussi en fournissant des soins de santé aux femmes enceintes, en facilitant les adoptions, en offrant une aide aux familles monoparentales et aux les grands-parents qui ont pris le relais des parents pour s'occuper de leurs petits-enfants. Et c'est une politique qui nous fixe comme une exigence économique minimale de proposer un travail suffisant qui procure une rémunération équitable et satisfaisante à tous les parents qui travaillent, un salaire suffisant pour maintenir une famille bien au-dessus du seuil de pauvreté.

L'injustice économique de base notre société est que les coûts de la croissance économique sont généralement supportés par les personnes les moins en mesure de les payer et que la majorité des bénéfices de la croissance économique vont à ceux qui ont le moins besoin. Comparez la hausse des salaires des travailleurs ordinaires au cours des trente dernières années à la hausse des revenus et de la richesse des 20% plus riches. (…)

Parvenus à cette constatation, nous avons déjà rompu avec les deux partis et les deux candidats. Essayez de promouvoir la cause pro-vie ainsi exposée au sein du Parti démocrate et vous serez, au mieux, pas entendu et, au pire, descendu. Essayez de faire avancer la cause de la justice économique comme nous l'avons décrite au sein du Parti républicain, et vous serez leur risée. Surtout, insistez, comme nous le faisons, pour affirmer que ces deux éléments sont inséparables, que chacun exige de l'autre comme son complément, et vous serez accueillis avec incompréhension. Reconnaître cela est interdit par les présupposés idéologiques qui encadrent les alternatives politiques. Pourtant, dans le même temps, aucun des deux partis ne tient véritablement à cœur la cause dont il se présente ostensiblement le défenseur. Les Républicains approuvent avec joie les candidats pro-choix, quand cela leur est avantageux. Les Démocrates reculent promptement devant les exigences de la justice économique avec empressement, quand cela leur est avantageux. Et dans les deux cas, l'emphase rhétorique masque ce qui manque à l'engagement politique.

Dans une telle situation, voter n'est pas seulement voter pour un candidat en particulier, c'est également voter pour un système qui nous présente que des alternatives inacceptables. La façon de voter contre le système est de ne pas voter.


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Les protestants votent aussi à droite

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L'Ifop a réalisé un sondage pour le journal Réforme (23 mars) sur le vote des protestants. On notera que l'échantillon est étroit (410 personnes interrogées) et qu'aucune différence n'est faite entre luthériens, réformés et évangéliques.La tendance qui se dégage montre la poursuite d'un virage à droite, alors qu'historiquement, aux XIXe et XXe siècles, les protestants (surtout réformés) votaient majoritairement à gauche. Globalement, leur intention de vote à droite est aujourd'hui supérieure de 7,5% à celle de l'ensemble des François. Au second tour, ils seraient 53,5% à voter Sarkozy... alors que 54% des Français préféreraient Hollande. Au premier tour, ils soutiendraient davantage que dans le passé le candidat du Front National, surtout en Alsace-Moselle où Marine Le Pen recueilleraient 28% de leurs voix (contre 9% dans le sud). Cette percée s'expliquerait par des facteurs à la fois culturels, religieux (le rejet du laïcisme de Hollande, menaçant pour la région concordataire) et sociaux (un électorat populaire). Finalement, le vote protestant converge avec celui des catholiques pratiquants.

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Oecuménisme : la difficile unité des chrétiens

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Dans son émission mensuelle sur Lumière de l'Espérance

(la radio du dimanche de Radio Courtoisie),


Dimanche 1er avril à 12h (rediffusion à 16h et minuit)


Denis Sureau s'entretient avec le Père Basile Valuet,

bénédictin de Sainte-Madeleine du Barroux et docteur en théologie,

autour de son livre


Quel oecuménisme ?

La difficile unité des chrétiens

(Artège, 2011, 330 pages, 26 €)

 

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