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La Cftc rejette le "contrat agile" du patronat

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Le Medef par son président Pierre Gattaz a lancé l'idée d'un nouveau contrat de travail plus souple dit "agile". Car selon lui, à cause du contrat à durée indéterminée (CDI), "le marché du travail est bloqué en France. On a peur d'embaucher car on ne sait pas licencier." Ce contrat agile fixerait dès l'embauche des motifs de séparation tels que plusieurs mois de baisse du chiffre d'affaires ou la non-réalisation des objectifs donnés au salarié. De plus, les indemnités seraient plafonnées et prévues à l'avance. Cette proposition a été évidemment rejetée par tous les syndicats. Voici la lettre adressée le 13 janvier à Pierre Gattaz par Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC :

"Monsieur le Président,
En ce début d’année, permettez-moi de vous présenter tous nos vœux de réussite quand vous et votre organisation travaillez pour le bien commun.
Suite à la lecture de la lettre ouverte sur l’emploi que vous avez co-signé ce week-end à l’attention du président de la République, j’ai le plaisir de vous annoncer une bonne nouvelle :
Le contrat de travail avec ses droits progressifs que vous appelez de vos vœux existe, il ’appelle le contrat à durée indéterminée (CDI) Durant les premiers mois de celui-ci, il peut y être mis fin de façon très rapide, cela s’appelle la rupture de la période d’essai. Puis en fonction de l’ancienneté acquise, les prérogatives du salarié se renforcent et un certain nombre de droits apparaissent, c’est le cas par exemple pour d’éventuelles indemnités de licenciement ou de droits à la formation.
Concernant la possibilité de faire perdre leur travail à des collaborateurs en cas de difficulté économique,baisse de commandes ou autres. Tout cela est prévu dans le Code du travail (Art. 1233-3) afin de simplifier la vie administrative des entreprises notamment les plus petites, il n’est pas nécessaire de reprendre obligatoirement ces différentes modalités dans le contrat de travail individuel. Toutefois, si certaines le désirent elles peuvent le faire, rien ne l’interdit.
Concernant les prud’hommes, il s’agit simplement d’une institution qui permet à celui qui pense avoir subi un préjudice de se tourner vers le juge pour dire le droit et réparer l’éventuel préjudice. Vous noterez comme moi que la moitié des juges prud’hommaux sont issus du patronat, si vous estimez qu’ils sont mauvais, ou nocifs, il vous appartient de présenter de meilleurs candidats et de demander à ceux que vous estimez incompétents de démissionner.
Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, que les problèmes économiques que nous rencontrons sont majoritairement liés à la véritable concurrence déloyale qui s’est instaurée au sein du marché unique en particulier et dans le cadre de la mondialisation en général, concurrence déloyale en terme fiscal, environnemental et social.
Pour ne prendre qu’un exemple, si je suis un industriel français, et que je désire construire une usine après avoir comparé les règles fiscales, environnementales et sociales en vigueur en France et en Bulgarie, quel choix vais-je faire ?
Pensez-vous que c’est en pénalisant encore plus les salariés que nous répondrons à ce défi majeur ?
Enfin Monsieur le Président, permettez-moi de vous rappeler que les salariés sont des femmes et des hommes, fréquemment chargés de famille et non des variables d’ajustement au service d’une économie déconnectée de son rôle : un outil au service du développement humain.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les meilleurs et légèrement navré."

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Situation de la France : l'exercice d'un libéral

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Situation de la France : l'exercice d'un libéral

Philosophe libéral, ancien assistant de Raymond Aron, Pierre Manent s’attaque dans cet essai remarqué à une question cruciale : comment « accueillir les mœurs musulmanes en tant que mœurs de nos concitoyens musulmans ». L’Occident n’est pas « sorti de la religion ». L’invocation de la laïcité (qui s’est transformée en un siècle de « neutralité » religieuse de l’État à la neutralisation religieuse de la société) s’avère inopérante face une situation totalement nouvelle. De plus, les pouvoirs publics s’épuisent dans la protection des droits individuels, minent tout esprit commun, et perdent leur autorité.

D’où la proposition de l’auteur : une «politique défensive » et de compromis. Ayant accepté l’immigration de musulmans, notre régime devrait « accepter franchement leurs mœurs », sauf celles qui contreviennent radicalement à notre modèle : le voile intégral et la polygamie. Et aider les musulmans à prendre leur indépendance vis-à-vis des pays arabo-musulmans, en particulier pour le financement des mosquées – Pierre Manent préférant qu’il soit assuré en partie par les collectivités locales.

Personnellement catholique bien qu’affichant ses distances avec l’Église (y compris vis-à-vis du Pape François), il affirme cependant que la société française est restée « de marque chrétienne», et lance aux catholiques un appel à sortir de leur « quasi-clandestinité ». Un essai qui pose des questions pertinentes mais peine néanmoins à convaincre pleinement.

Denis Sureau

Situation de la France
Pierre Manent
Desclée De Brouwer, 174 p., 15,90 €

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La Nef s'interroge sur la COP21

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La Nef s'interroge sur la COP21

Le mensuel catholique La Nef, qui vient de faire peau neuve avec son numéro de janvier, publie notamment un dossier intitulé La COP21 a-t-elle vraiment sauvé la planète ? On y trouvera une contribution de Denis Sureau : A mes amis climato-sceptiques, qui répond brièvement aux thèses des "anti-réchauffistes".

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Corse : la subsidiarité contre le jacobinisme

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Corse : la subsidiarité contre le jacobinisme

Les crispations autour de la victoire des nationalistes corses offrent l'occasion de rappeler la vision chrétienne de la subsidiarité.
Les discours d'investiture, jeudi 17 décembre, de Gilles Simeoni et surtout celui Jean-Guy Talamoni – car prononcé en langue corse –, les nouveaux présidents respectifs du Conseil exécutif et de l'Assemblée de Corse, ont suscité de violentes réactions d'hommes politiques continentaux : « insultes faites à l'histoire de la France » (François Fillon), « recul de la République » (Florian Philippot), « éclatement de l'espace national » (Jean-Pierre Chevènement). Rien de très étonnant, tant le jacobinisme, expression territoriale de l'égalitarisme,demeure l'un des fondamentaux de l'appareil idéologique d’État. On se souvient de la décision du Conseil constitutionnel en 1991 niant l'existence du « peuple corse ».
Plus surprenant est de voir Madeleine de Jessey (porte-parole de Sens commun) agiter le spectre de « la désunion nationale », et prendre la défense de « l'indivisibilité de la République ». En effet, la jeune militante catholique semble ignorer que c'est le principe de subsidiarité – et non d'égalité – qui est le principe d'organisation de l'enseignement social chrétien, celui qui doit structurer la société : ce qui peut être réalisé à un certain niveau ne doit pas être réalisé par le niveau supérieur. Il n'est pas facultatif dans la mesure où il relève de la justice, laquelle consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû, et sa méconnaissance porte atteinte aux libertés de l'homme et de ses communautés d'appartenance :groupes, associations, réalités locales et territoriales, organisations professionnelles, etc. C'est pourquoi les papes ont promu un certain fédéralisme, tant au niveau infranational que supranational. Une organisation subsidiaire a le mérite de concilier à la fois le respect des différentes communautés, avec leurs richesses spécifiques (notamment linguistiques), et la poursuite d’un bien commun transcendant les parties. L’Eglise a toujours défendu tant les droits des minorités régionales. Pie XII : « il n'y a pas place pour l'oppression, ouverte ou dissimulée, des particularités culturelles et linguistiques des minorités nationales » (Noël 1941). Jean XXIII : « Il nous faut déclarer de la façon la plus claire que toute la politique visant à contrarier la vitalité et l’extension des minorités est une faute grave contre la justice, une faute encore plus grave lorsque, en agissant ainsi, elles se proposent de les faire disparaître. Au contraire, rien qui ne soit plus conforme à la justice que l’intervention des pouvoirs publics en vue d’améliorer les conditions de vie des minorités ethniques, spécialement en ce qui concerne leur langue, leur culture, leurs coutumes, leurs richesses et leurs entreprises économiques » (Pacem in terris, n. 95-96). Jean Paul II a condamné à son tour la logique bureaucratique de l'État de l'assistance qui prive la société de ses responsabilités (cf. Centesimus Annus, n. 48). La subsidiarité dissout les problèmes artificiels produits par le jacobinisme.

Denis Sureau

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Faut-il se libérer du libéralisme ?

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Faut-il se libérer du libéralisme ? Falk van Gaver et Christophe Geffroy (sous la direction de) Pierre-Guillaume de Roux, 220 p., 22,50 €
Faut-il se libérer du libéralisme ? Falk van Gaver et Christophe Geffroy (sous la direction de) Pierre-Guillaume de Roux, 220 p., 22,50 €

Le libéralisme est-il aujourd'hui l'idéologie dominante ? Peut-on distinguer des libéralismes, bons ou mauvais selon leur champ d'application : institutionnel, économique, moral, sociétal..? Quels seraient les critères pertinents de tri ? Le libéralisme est-il de droite ou de gauche ? Conservateur ou révolutionnaire ? Compatible avec la protection des intérêts nationaux ou mondialiste ? Peut-on défendre à la fois la démocratie libérale et un certain encadrement du marché ? Qu'en pensent les chrétiens ? Le mensuel catholique La Nef, dirigé par Christophe Geffroy, a publié une enquête, menée par Falk van Gaver, auprès de vingt-huit personnalités les plus diverses, de Patrice de Plunkett à Pierre Manent, de Jacques Sapir à Jean-Claude Guillebaud, d'Alain de Benoist à Chantal Delsol. Les contributions sont compilées dans ce livre passionnant, où l'on retrouve un grand nombre de nuances de libéralisme et d'antilibéralisme. D'un texte à l'autre, le libéralisme est qualifié de « seul véritable humanisme » (Pascal Salin dixit) ou de « structure de péché » (Philippe Conte). Certains, tels Charles Beigbeder, penchent vers une solution médiane, « un juste libéralisme ». Philosophes, économistes et journalistes apportent leur propre éclairage. Le lecteur pourra ainsi trouver des critères pour opérer un judicieux discernement. En ces temps où les véritables débats sont rares, ce livre est une riche mine d'idées.

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Entrepreneurs pour la paix

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Voici une magnifique initiative qu'il faut soutenir : la banque alimentaire Entrepreneurs pour la paix.:

HISTORIQUE
L'association a été créée par Jacques Humeau, tertiaire de saint François d'Assise depuis l'âge de 13 ans, puis chef d'entreprise. En 1986, il crée La Halte du Cœur, qui propose une aide alimentaire participative avec engagement responsable des bénéficiaires, à des personnes en situations d’exclusion : bénéficiaires du RSA, femmes ou hommes seuls avec enfants, chômeurs, familles surendettées, retraités… Infatigable, Jacques Humeau crée en 2007 à Beaupréau, à vingt kilomètres de Cholet, Entrepreneurs pour la paix, pour venir particulièrement en aide aux congrégations et communautés religieuses de France. Un entrepôt de 400 m² vient d'être mis à disposition de l'association dans le diocèse de Fréjus-Toulon. Ces derniers mois, l'association héberge aussi plusieurs familles chrétiennes venues d'Irak et aide des communautés qui accueillent des réfugiés à Lourdes, Pau, Sainte-Anne-d'Auray, Sarcelles...
OBJET
Collecter auprès d’entreprises de production ou de distribution, des denrées alimentaires en surplus de production ou aux dates d’utilisations optimales dépassées, afin de les transmettre à des congrégations religieuses et aux pauvres qui les entourent.
ACTIVITÉS
Aujourd’hui de nombreuses communautés religieuses manquent de moyens, se privent de nourriture, et ont à peine le strict nécessaire pour vivre. Par ailleurs, le gaspillage alimentaire, même en temps de crise, est considérable (le pape François, dans l'encyclique Laudato Si', rappelle que le tiers des produits alimentaires produits dans le monde sont perdus ou détruits). L'association œuvre donc pour récolter des aliments (en particulier les denrées dépassant leur date limite d'utilisation optimale, DLUO, mais parfaitement consommables), les stocker, les trier et les acheminer vers des communautés dans le besoin.
Entrepreneurs pour la paix fédère dans une fraternité « légère et invisible » trois acteurs essentiels pour cette œuvre alimentaire :
• des entreprises agroalimentaires (Nestlé, D'Aucy, Picard...),
• des donateurs (ils sont 3000),
• les bénéficiaires.
Plus de 200 communautés ont été aidées et soutenues, ainsi que plus de 3000 personnes nécessiteuses. Certaines de manière régulière, comme à Lourdes, Pau, Pontivy, Angers, Avignon. D’autres sont aidées plus ponctuellement, selon les besoins propres et les possibilités de transport.
MÉDIAS
Ensemble, bulletin d'information. Site web : entrepreneurspourlapaix.org
CONTACT
9 rue Aunillon 49600 Beaupréau  02 41 56 62 43 entrepreneurspourlapaix@orange.fr

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Voeux 2016: une année dans la joie de Dieu

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Voeux 2016: une année dans la joie de Dieu
Nous vous souhaitons une année 2016 dans la vraie joie, celle qui vient de Dieu.

Voici les 8 moyens pour se conserver toujours dans cette joie, selon le Père Ambroise de Lombez (1708-1778), dans son Traité de la joie de l'âme chrétienne:
Se maintenir dans la justice (bien agir). Une conscience tranquille et bien réglée est dans la joie.
Occuper son esprit de ce qui peut réjouir le cœur. « La dignité de notre âme, son extraction divine, sa ressemblance avec son principe, son éternelle destinée : voilà votre gloire, votre bonheur, voilà le sujet de votre véritable joie. »
Demander instamment la joie à Dieu dans nos prières, puisqu'elle est un bien surnaturel, que seul Dieu peut nous donner.
L'amour de Dieu et la ferveur dans son service, par la prière. « L'oraison est le grand remède à la tristesse... Quel bonheur que de pouvoir s'entretenir avec Dieu, lui parler à cœur ouvert, avec la dernière simplicité et la plus grande confiance ! »
Se mettre, par un entier dégagement, dans la véritable liberté. « Ayez une entière confiance en Dieu, et ne cherchez que lui, et vous serez toujours dans la joie. Ce qui la trouble, ce sont les désirs et les craintes. Celui à qui Dieu suffit, ne désire rien et celui qui à Dieu pour lui, que peut-il craindre ? »
Ne prendre jamais trop sur soi-même. Se garder des engagements multiples, du travail excessif, de la multiplication des dévotions. Varier les occupations. Veiller sur sa santé.
Se contenter de peu. Savoir maîtriser nos désirs de richesse ou d'honneurs, regarder ceux qui en ont moins que nous.
La confiance en Dieu. Penser à Dieu en toute circonstance, lui demander son aide.

Denis Sureau

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Mgr François Touvet évêque de Châlons

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Mgr François Touvet
Mgr François Touvet

Jusqu’à présent vicaire général du diocèse de Langres, le P. François Touvet a été nommé évêque de Châlons, où il succède à Mgr Gilbert Louis, démissionnaire pour raison d’âge. Agé de 50 ans, ordonné prêtre pour le diocèse de Dijon en 1992, il a exercé son ministère jusqu’en 1999 comme vicaire de l’ensemble paroissial d’Is-sur-Tille tout en devenant aussi en 1996 curé in solidum de l’ensemble paroissial voisin (Selongey). De 1999 à 2004, il est curé de l’ensemble paroissial de Châtillon-sur-Seine, doyen du Val-de-Seine de 2001 à 2004, curé de l’ensemble paroissial de Montigny-sur-Aube de 2002 à 2004, et aussi vicaire épiscopal pour la zone Nord de 2002 à 2004. En 2004, il devient vicaire général, poste qu’il occupe jusqu’en 2010 puis il part pour le diocèse de Langres où il est curé-doyen et recteur de la cathédrale de 2010 à 2015. Il devint vicaire épiscopal de la zone Sud de 2011 à 2014 puis vicaire général depuis 2014 et également curé de Chaumont depuis septembre 2015.

Études:
Séminaire de Paray-le-Monial en Ier cycle (1983-1986).
Séminaire de Besançon en 2ème cycle (1986-1988).
(Service militaire-Officier de marine 1988-1989).
Séminaire universitaire de Lyon (1990-1992).
Diplômes:
Baccalauréat C (1983).
Maîtrise de théologie à l’Institut Catholique de Lyon (1992).
Ministères:
1992-1999 : Vicaire dans l’ensemble paroissial d’Is-sur-Tille.
1996-1999 : Curé in solidum de l’ensemble paroissial de Selongey.
1999-2004 : Aumônier diocésain du Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ).
1999-2004 : Curé de Châtillon-sur-Seine et de Coteaux-de-Haute-Seine.
2001-2004 : Doyen du Val-de-Seine.
2002-2004 : Curé de l’ensemble paroissial de Montigny-sur-Aube.
2002-2004 : Vicaire épiscopal de Dijon pour la zone pastorale Nord.
2004-2010 : Vicaire général de Dijon.
2010-2015 : Curé de la Cathédrale de Langres et doyen de Langres.
2011-2014 : Vicaire épiscopal de Langres pour la zone pastorale Sud.
Depuis 2014 : Vicaire général de Langres.
Depuis 2015 : Curé de Chaumont.

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Réflexions après les élections

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1. Première observation : le phénomène FN. Malgré un système électoral qui, par l'étrange prime accordée aux premiers, le prive de la présidence de régions, le Front national est paradoxalement le grand gagnant des dernières élections. Désormais premier parti de France, il est aujourd'hui le seul à recueillir autant d'électeurs sur son seul nom. Au second tour, il a même réalisé une nouvelle performance avec 6,47 millions de voix. Il dispose désormais de 358 conseillers régionaux, 62 conseillers départementaux, 14 maires, 4 députés et sénateurs, et 24 députés européens. Et donc de relais à travers toute la France, ainsi que de ressources financières renforcées. Lors des présidentielles de 2017, tout laisse envisager la présence de Marine Le Pen au second tour... mais aussi son échec, que ce soit face à un candidat Les Républicains, voire même face à François Hollande. Le système institutionnel accorderait ainsi un second mandat à un président qui bat pourtant des records d'impopularité.
2. Deuxième leçon : l'irrésistible progression du FN invite à s'interroger sérieusement sur les raisons de cette ascension, au-delà des invectives et des stigmatisations faciles. Guillaume Goubert écrit dans La Croix (13/12) : « si l’on ne se pose pas de sérieuses questions pour l’avenir, ce n’est que partie remise. Si des réponses ne sont pas apportées aux inquiétudes des Français, le Front national continuera sa progression jusqu’à la prochaine échéance, celle de l’élection présidentielle. Ses dirigeants peuvent se montrer confiants. La stratégie du ''seul contre tous '' leur a offert, de scrutin en scrutin, une constante progression. » Or selon des enquêtes récentes, le premier motif de vote avancé par les électeurs frontistes n'est pas l'immigration, mais la volonté de changement. Face à l'aggravation des problèmes politiques, économiques et sociaux et à l'incapacité des gouvernements successifs à les résoudre, un nombre croissant de Français ont perdu confiance dans les classes dominantes. La contestation de l'établissement peut prendre diverses formes : vote frontiste, abstention massive, manifestations (telles les « manifs pour tous » contre la loi Taubira)... Ou des réactions violentes sans lendemain.
3. Troisième élément : les catholiques rejoignent rapidement le camp protestataire. Leur droitisation, observée scrutin après scrutin, se poursuit. Selon un sondage Ifop publié par Pèlerin, les catholiques pratiquants réguliers glissent de plus en plus vers un vote frontiste. Au premier tour des régionales, ils auraient été 24% à voter pour le parti de Marine Le Pen. Si c'est encore un peu moins que la moyenne des Français (28,4 %), c'est beaucoup plus qu'aux départementales de mars dernier (9%). La hausse est très rapide. Et ils auraient été 9 % à voter pour « Debout la France » (Nicolas Dupont-Aignan), soit deux fois et demi la moyenne nationale. Des choix opérés au détriment du bloc LR-UDI-Modem (46%). Et du Parti socialiste, qui ne recueille plus que 8% : que sont les chrétiens de gauche devenus ?

4. Selon l'Ifop ; les pratiquants réguliers auraient voté à 90% : voter demeure pour eux une obligation morale à suivre. Et s'ils ont décidé de se rendre dans l'isoloir, c'est à 46 % pour « sanctionner la politique du président de la République et du gouvernement » et à 45 % pour des enjeux locaux. Les thèmes dominants mis en avant par les catholiques pratiquants réguliers sont cependant les mêmes que ceux des « sans religion » : principalement l'emploi, le pouvoir d'achat et le coût de la vie, et la sécurité des biens et des personnes. Mais ils attachent davantage d'importance qu'eux à la lutte contre le terrorisme ainsi qu'à la question des migrants / réfugiés, deux thèmes chers au Front national.

Denis Sureau

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