Etrangers dans la cité: l'Eglise comme alternative politique (2/2)

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Stanley Hauerwas
Stanley Hauerwas

Fin de la lecture de l'essai de Stanley Hauerwas et William H. Willimon, Etrangers dans la cité (Cerf, 288 pages, 19 €) :

De quel côté êtes-vous ? Du côté des progressistes ou des réactionnaires ? Mais l’opposition gauche/droite « n’est pas très utile à la compréhension de l’Église dans la mesure où, actuellement, ces deux pôles sont très proches. En effet, l’un et l’autre estiment que l’Église a pour mission principale d’apporter son soutien à l’État dans sa tentative de construire un monde meilleur. De ces deux positions, laquelle est la plus à même de remplir cette tâche ? Nous voulons, pour notre part, défendre une conception de la politique qui soit à la fois authentique et porteuse d’espérance. Porteuse d’espérance car nous croyons, en tant que chrétiens, que nous pouvons nous tenir un discours de vérité les uns aux autres. Fort heureusement, l’espérance ne se réduit pas à la droite ou à la gauche. L’espérance s’identifie à l’Église et fait d’elle ce lieu, cette polis, ce peuple nouveau où il est possible de vivre sans la peur qui mène inévitablement à la violence. Notre politique est authentique car elle rejette les faux dieux qui prônent la violence. » (245)

Ne se voulant ni de gauche ni de droite, Stanley Hauerwas et son collègue disent être « dans l’espérance ». À savoir l’espérance qui anime le peuple chrétien. Ils précisent : « Lorsque nous parlons de peuple, nous voulons indiquer que le défi lancé à l’Église est politique, social, ecclésial, qu’il s’agit de former un peuple visible, conscient de ce qu’il en coûte d’être un disciple, et prêt à en payer le prix. » Un choix qui n’est pas celui des hommes politiques. « Nous doutons qu’un tel idéal soit accessible à des théologies qui visent le maintien de la primauté de l’individu et de l’autonomie, ou des ecclésiologies qui sont la traduction et l’émanation d’idéologies politiques dont les visées n’ont rien de biblique. Par ''authentique '' nous entendons que l’Église doit pouvoir redevenir un peuple capable de regarder sans ciller les dures réalités qui le concernent. Nous actualisons et anticipons une telle possibilité chaque fois que nous confessons notre foi ou que nous sommes pardonnés durant le culte. Le monde regarde quiconque est honnête envers lui-même comme un incroyable héros moral, or la conception chrétienne est que le don de l’Évangile offre cette possibilité à des gens ordinaires. » (246)

Pour en savoir davantage sur Stanley Hauerwas et ses disciples : Denis Sureau, Pour une nouvelle théologie politique (Parole et silence, 2008, 17 €).

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