Découvrez Chrétiens dans la Cité
Chrétiens dans la Cité n'est pas d'abord un blog mais une lettre d'information dont le contenu n'est accessible qu'aux abonnés. Exceptionnellement, voici le dernier numéro au format pdf. cc213.pdf
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La Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France a publié une note intitulée Comment chrétiens et musulmans parlent-ils
de Dieu ?
SI CHRISTIANISME ET ISLAM (et le judaïsme) sont des religions monothéistes, « la façon dont chrétiens et musulmans parlent de Dieu est très différente ». La notion de Trinité est refusée au nom du rejet du polythéisme et les chrétiens sont accusés d’avoir falsifié les Ecritures. L’incarnation est considérée par les musulmans comme une atteinte à la transcendance de Dieu. La crucifixion de Jésus fut une apparence ou une illusion (thèse d’un sosie crucifié à la place de Jésus, que Dieu a élevé auprès de lui). Jésus est seulement un homme, un grand prophète, né de la Vierge Marie, venu apporter un message provenant réellement de Dieu, mais qui a été déformé par les chrétiens. Pour l’islam comme pour le christianisme, il existe des Ecritures saintes, mais les conceptions de la révélation sont très différentes : prétendument éternel et incréé, le Coran est le fruit d’une dictée de Dieu à Mohammed. Pour les chrétiens, c’est Dieu qui a inspiré les auteurs bibliques qui ont rédigé les livres de la Bible en se servant des mots et des formes littéraires de leur temps, ce qui ouvre un espace à l’exégèse.
Citant Vatican II (Lumen gentium n.16) et Jean Paul II à Casablanca en 1985 (qui relevait comme points communs : «nous croyons à l’importance de la prière, du jeûne et de l’aumône, de la pénitence et du pardon ; nous croyons que Dieu nous sera un juge miséricordieux à la fin des temps »), la Commission doctrinale évoque une « une relation réelle entre les croyants tournés ensemble vers le Dieu Créateur ». Mais elle ajoute aussitôt : « Notre perception du mystère de Dieu n’est pas la même. Pour les chrétiens, l’incarnation du Fils de Dieu a transformé les choses : Dieu, personne ne l’a jamais vu, le Fils Unique qui est tourné vers le sein du Père, nous l’a fait connaître (Jn 1,18). » Quant au dialogue théologique, il est au mieux difficile, car il exige, avec la sympathie pour préliminaire, « une réelle clarté de l’identité de la foi chrétienne. Ce que le Christ nous a fait connaître de Dieu est d’une exceptionnelle richesse : contempler la Trinité et en parler, c’est montrer comment elle est la source de notre vie spirituelle et de notre manière de nous comporter. » On le voit, la nouveauté de ce texte est de ne pas masquer les désaccords au nom d’un conception irénique du dialogue islamo-chrétien. Pour Jean-Marie Guénois (La Croix, 23/5), « indéniablement, l’Eglise catholique durcit le ton face à l’islam ».
La guerre est déclarée entre les associations familiales officielles et les syndicats. Objet du litige : la composition du futur Haut conseil de la famille, devant remplacer à la fois la conférence nationale de la famille, le conseil interministériel de la famille et le Haut conseil de la population et de la famille. Selon le projet de décret, les associations familiales officielles auraient autant de sièges que les syndicats, ce qui est jugé insuffisant pour les partenaires sociaux « financeurs de la branche » famille, selon leurs propres termes. Lors du dernier conseil d’administration de la Cnaf (Caisse nationale des allocations familiales), les 16 représentants des syndicats ont voté contre ce projet, face à 6 voix pour (5 Unaf, 1 personne qualifiée) et 2 prises d’acte (2 personnes qualifiées). Si le Gouvernement persiste, les cinq confédérations syndicales ainsi que le Medef, la Cgpme et l’Upa boycotteront cette instance, la privant ainsi de toute légitimité. Tous s’accordent cependant sur la nécessité de cette nouvelle institution.
Embarras de Rome : porté par une coalition composée d’un ensemble de groupes
de gauche et de droite opposés au parti Colorado, au pouvoir depuis 1947, un évêque (suspendu a divinis) a été élu président du Paraguay. Mgr Fernando Lugo a déclaré le soir de son
élection : « Si mon attitude et ma désobéissance au droit canonique ont causé de la douleur, je demande sincèrement pardon aux membres de l'Eglise, et en particulier au pape Benoît XVI
». Il espère qu’« une solution satisfaisante » sera trouvée à ce problème canonique complexe. Le président de la Conférence épiscopale paraguayenne, Mgr Ignacio Gogorza, a
déclaré qu'il attendait les indications du Saint-Siège. Né en 1951, entré à 20 ans dans la congrégation des Missionnaires du Verbe divin, Fernando Lugo avait été nommé évêque de San Pedro en 1994
par Jean Paul II. Marqué par la théologie de la libération et souhaitant s’engager en politique notamment pour défendre les paysans sans terre contre les latifundistes et les multinationales,
« l’évêque des pauvres » avait demandé à Benoît XVI la réduction à l’état laïc. Demande refusée par la Congrégation pour les évêques dont le préfet, le cardinal Giovanni Battista Re, expliquant que « l'épiscopat est un service accepté librement pour toujours ». En janvier 2007, l’évêque a été suspendu a divinis, peine lui interdisant de célébrer les sacrements (canon 1333, 1, du Code de droit canonique). Mais il continue à aller à la messe. Il se déclare progressiste, précisant : « "Je ne me sens ni de gauche, ni de droite : ma préoccupation pour les pauvres découle de mon option pastorale plutôt que d'une idéologie. »
L’inquiétude suscitée par la nomination de Nadine Morano au secrétariat à la famille a été brutalement renforcée par l’affaire de la carte famille nombreuse sur fond de cacophonie gouvernementale. Les réactions ont été immédiates, à commencer par celle de l’épiscopat. L’Alliance pour les Droits de la Vie a dénoncé la suppression annoncée de ladite carte comme « humainement injuste et économiquement absurde». L’Union des familles en Europe déclare : « En janvier, le gouvernement souhaitait mettre sous condition de ressources les allocations familiales ; en avril, faire disparaître la carte famille nombreuse ; en mai, diminuer les majorations pour âge des allocations familiales : les familles vont perdre 600 € par enfant ! »
En annonçant le maintien de la carte, Nicolas Sarkozy a aussi annoncé son extension aux « familles monoparentales » et aux familles modestes de moins de trois enfants. Ce qui confirmait la confusion entre politique familiale de compensation du coût de l’enfant (avec pour effet le soutien à la natalité) et politique sociale de réduction des inégalités. Aider et assister les plus pauvres est un objectif juste mais il n’est pas moins juste de compenser l’inégalité de situation entre familles avec enfants et familles ou personnes sans enfants (principe d’universalité de la politique familiale). Solidarité horizontale et verticale sont complémentaires mais distinctes.
Selon la doctrine sociale de l’Eglise, le salaire du chef de famille devrait être suffisant pour couvrir toutes les charges familiales. C’est pour éviter une discrimination au détriment des pères de famille nombreuse que les entreprises ont créé le système des allocations familiales. Il est donc radicalement injuste d’envisager toute mise sous condition de ressources de ces allocations (tandis que leur fiscalisation serait théoriquement acceptable).
Laissez-les-vivre appelle les « familles en colère » à manifester le 20 mai à 18h devant le ministère de la santé de Roselyne Bachelot et le secrétariat d'Etat à la famille de Nadine Morano qui partagent l'immeuble du 14 avenue Duquesne (Paris VIIe).