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Retour à la maison

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Le retour de groupes entiers d'anglicans dans l'Église catholique romaine constitue un événement de première importance dans l'histoire de l'oecuménisme et du pontificat de Benoît XVI.

 

Bien qu'attendue depuis plusieurs mois, l'annonce de la publication d'une constitution apostolique permettant la réintégration de pans entiers issus de la Communion anglicane est un acte historique considérable. Contrairement à certains commentaires journalistiques hâtifs, le dispositif ne concerne pas seulement la Traditional Anglican Communion avec ses 400 000 fidèles et sa trentaine d'évêques, mais le mouvement Forward in Faith et tous les diocèses et paroisses anglicans intéressés, soit un potentiel de milliers de prêtres et de millions de fidèles à travers le monde. L'originalité du dispositif romain tient à la création d'ordinariats (diocèses) personnels, avec leur propre tradition et leur liturgie, à l'instar des catholiques de rit oriental. Rome n'a cependant pas cédé sur l'invalidité des ordinations anglicanes affirmée par Léon XIII en 1896 : les « prêtres » anglicans devront être ordonnés pour continuer leur ministère.

 

Pour le grand théologien anglo-catholique John Milbank, à l'origine du courant Radical Orthodoxy, cette initiative de Benoît XVI est remarquable pour quatre raisons (cf. L'Avvenire, 30/10). Premièrement, Rome reconnaît une certaine valeur à la tradition anglicane. Il est en effet prévu de conserver ce que le patrimoine liturgique et spirituel anglican a de bon. Deuxièmement, l'Eglise romaine montre qu'elle reconnaît que le catholicisme ne peut être réellement s'exprimer que dans la diversité culturelle. Troisièmement, elle accepte la possibilité d'un clergé marié comme elle le fait déjà pour les catholiques orientaux et certaines paroisses ex-anglicanes américaines. (Cependant, si les prêtres anglicans mariés pourront être admis au ministère sacerdotal dans l'Église, cette disposition ne s'appliquera ni aux évêques ni aux futurs séminaristes.) Quatrièmement, Benoît XVI prouve qu'il est aujourd'hui possible de réunir les chrétiens sous l'autorité du pape. La proposition de Benoît XVI constitue ainsi un acte oecuménique majeur dans l'histoire de l'oecuménisme catholique – un oecuménisme par le haut, qui vise l'unité de l'Église, et non « l'oecuménisme fondé sur un dialogue d'égal à égal » encore défendu par un Hans Küng (cf. Le Monde, 28/10). Les prochaines étapes annoncées sont, à court terme, la réintégration de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et, à plus long terme, le rapprochement avec une partie de l'Orthodoxie (notamment russe).

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Au sujet d'Orange stressé

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Suite à la multiplication des suicides à France Telecom, le Père Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, a publié une déclaration intitulée Suicides au travail. Il s'interroge : « Qu'est donc cet économisme, faisant pression sur l'homme, au point de ne plus lui donner d'entrevoir une autre issue que de mettre fin à ses jours ? » Rappelant que le travail humain est une dimension fondamentale pour l'épanouissement et le bien commun, il ajoute : « Il est urgent que les acteurs, concernés par ce grave enjeu de société, se concertent afin d'endiguer ce désespoir devant lequel nul ne peut se résigner. Certaines pratiques managériales sont à revoir. La vie est un don et a une valeur inestimable. Une société qui ne procure plus de travail, ou qui en impose dans des conditions inacceptables, n'est plus digne d'elle-même. » Le texte du Père Podvin s'achève sur un extrait de l'encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI : « Des relations authentiquement humaines, d'amitié et de socialité, de solidarité et de réciprocité, peuvent également être vécues, même au sein de l'activité économique, et pas seulement en dehors d'elle ou après elle. »

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Résister au libéralisme

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Où en est la philosophie politique en ce XXIe siècle naissant ? On trouvera une réponse riche et solidement argumentée dans le nouvel essai de François Huguenin. Il montre que le libéralisme dominant est attaqué, après l'échec du marxisme, par trois courants ou plutôt catégories de penseurs: l

1) Les philosophes communautariens qui opposent la communauté à l'individualisme libéral représenté par un John Rawls (qui fait l'objet d'une étude rigoureuse) : Sandel, Taylor, Walzer et MacIntyre.

2) Les néo-républicains qui veulent corriger la modernité, tels que Pocock, Quentin Skinner et Pettit.

3) Enfin la nouvelle théologie politique avec Hauerwas, Cavanaugh, Milbank et Pickstock. Plutôt que s'attacher à la pensée de chacun, François Huguenin montre leur apport à partir de grands thèmes: redécouvrir la communauté, revisiter l'histoire, relire la théologie et repenser le politique. Il s'emploie avec talent à déceler les failles ou à révéler la fécondité d'approches qui renouvellent en profondeur notre vision de l'homme dans la Cité. Passionnant!

 

François Huguenin

Résister au libéralisme

Les penseurs de la communauté

CNRS Editions, 256 p., 25 €

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Evangéliser l'école catholique

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Malgré un titre prometteur - « Annonce explicite de l'Evangile dans les établissements catholiques d'enseignement » -, le dernier texte de l'Enseignement catholique est révélateur des pesanteurs qui l'empêchent de briser l'étouffoir de sa sécularisation.


Adopté par le Comité national de l'Enseignement catholique, ce texte de quinze pages a été envoyé aux établissements scolaires qui en dépendent. Sa publication intervient après les coups de butoir provoqués par la Charte de l'enseignement catholique de Mgr Jean-Pierre Cattenoz et par l'expression d'une demande croissante des familles catholiques pratiquantes d'une école qui ne soit pas seulement le lieu de formation d'une raison rétrécie, mais un espace d'évangélisation où la raison est élargie par la foi.

Le phénomène de la multiplication d'écoles catholiques entièrement libres titille aussi les directeurs diocésains,même si certains d'entre eux leur sont discrètement favorables.

C'est dans ce contexte que survient ce document.


Le texte est avant tout révélateur d'un tiraillement, d'une tension schizophrénique entre la référence catholique et une réalité concrète, structurelle et humaine, qui s'y oppose. Écrit dans une langue de buis qui frôle parfois le charabia, il comporte des affirmations qui semblent cohérentes avec son titre : nécessité d'une « dynamique missionnaire », prise en compte de la dimension religieuse de la culture et de l'enseignement social de l'Église, présence de signes religieux visibles (chapelle, oratoire...) etc. Cependant ces propositions aussitôt contrebalancées : sous prétexte de respect de la liberté religieuse, on reste dans une « pastorale de la proposition » et de « l'invitation » pour le moins très timide, voire timorée. Le problème sous-jacent est moins celui de l'ouverture à tous les élèves imposée par la loi Debré que celui du recrutement d'éducateurs non-chrétiens. De fait « la communauté éducative n'est plus une communauté confessionnelle. » Les catholiques d'un établissement doivent prendre garde à ne pas « confondre affirmation légitime de son identité et repli identitaire ». Attention aux dangers de la messe et des célébrations : « La dimension liturgique est cependant délicate à honorer dans une communauté éducative délibérément ouverte à tous. » Plus grave encore, le document fait l'impasse sur le drame central de l'école catholique entretenue par l'Etat : l'abandon d'un véritable enseignement catholique – c'est-à-dire intrinsèquement catholique, vivant de l'harmonie entre raison et foi, conforme à la Tradition de l'Église et à son Magistère. Il reste à évangéliser l'école catholique

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Le Mythe de la violence religieuse

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C'est une idée convenue: la religion a une fâcheuse tendance à promouvoir la violence. Scrutant avec rigueur les arguments avancés (la religion divise, elle est absolutiste et irrationnelle), le théologien catholique américain William Cavanaugh démontre qu'il est impossible de séparer la violence « religieuse » de la violence « séculière ». Plus encore, l'utilisation de la catégorie de « religion » supposée transcender les siècles et les cultures est historiquement datée. Elle a été inventée pour marginaliser l'Église et imposer la domination du pouvoir séculier d'abord en Occident puis, à la faveur de la colonisation, dans le monde entier. Les Guerres de Religion, qui font l'objet d'une analyse historique passionnante, sont un autre ingrédient du mythe. Dans cet essai magistral (dont la version anglaise sort simultanément chez Oxford University Press), William Cavanaugh s'affirme comme un analyste majeur, d'une grande rigueur intellectuelle. Un livre fondamental à lire et faire lire.

 

William Cavanaugh

Le mythe de la violence religieuse

Éditions de L'Homme Nouveau,

384 p., 29 € (en librairie et sur www.hommenouveau.fr)

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Chrétiens dans les cités

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Le prix Van Thuân, décerné par la fondation vaticane éponyme créée par Benoît XVI en 2007, a notamment récompensé cette année l'association Le Rocher-Oasis des Cités pour son projet du Fort de la Gavaresse. Cet ancien fort de la Marine française, situé dans la rade de Toulon, sera réhabilité pour à aider des jeunes des quartiers sensibles. Issu de la communauté de l'Emmanuel, Le Rocher est une mission d’évangélisation dans les quartiers « sensibles » des grandes zones urbaines. A la demande des évêques, des missionnaires, familles, célibataires et consacrés, sont envoyés en banlieue (Bondy – en Seine-Saint-Denis -, Lyon, Marseille, Toulon...). Ces missionnaires sont d’abord une présence chrétienne dans les quartiers, en habitant en HLM au cœur de la cité et en vivant leur foi (adoration, louange et eucharistie quotidiennes) à proximité de leur paroisse. Ils sont formés et les responsables diplômés pour le travail social. Dans chaque quartier, ils créent une association dont l’objectif est l’éducation des jeunes et le soutien éducatif des familles de la cité. Par leur vie fraternelle, leur service paroissial, l’organisation de temps forts fraternels et le dialogue interreligieux, ils veulent contribuer à redonner l'espérance.

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L'école catholique doit être catholique

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Dans une lettre adressée aux présidents des conférences épiscopales, la Congrégation pour l'éducation catholique réaffirme l'identité de l'école catholique. Elle commence par rappeler que « l'œuvre éducatrice, bien qu’accomplie par plusieurs acteurs, repose sur les parents comme premiers responsables de l’éducation » et que « cette responsabilité implique le droit de choisir une école qui garantisse une éducation conforme aux propres principes religieux et moraux. » L'école catholique doit être... catholique « est une véritable réalité d'Eglise, dans laquelle se fondent harmonieusement la foi, la culture et la vie. » En tant qu'expression de la communauté ecclésiale, « sa catholicité est garantie par les autorités compétentes », à savoir l'évêque diocésain. Le document romain précise également : « l’enseignement de la religion est une caractéristique essentielle du projet éducatif et on ne peut y renoncer. L’enseignement de la religion est différent et complémentaire de la catéchèse, car il s’agit d’un enseignement scolaire, qui ne réclame pas une adhésion de foi, mais transmet des connaissances sur ce qu'est le christianisme et la vie chrétienne. » Rome met aussi en garde contre un enseignement religieux se limitant à comparer les religions sous prétexte de « neutralité ».

 

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D'Action directe au logement social

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Ancien membre d'Action directe, condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité (en particulier pour avoir participé au meurtre de deux policiers lors d'un braquage en 1983), Régis Schleicher vient d'être embauché dans une antenne d'Habitat & Humanisme à Rillieux-la-Pape (près de Lyon). C'est le P. Bernard Devert, fondateur de ce mouvement de logement social, qui l'a recruté comme technicien administratif ans le cadre d'un régime de semi-liberté probatoire : âgé de 52 ans, l'ancien terroriste rejoint la prison de Lyon-Corbas la nuit et les week-ends. Souhaitant anticiper les critiques – notamment des donateurs d'Habitat & Humanisme - , le P. Bernard Devert s'est expliqué, notamment dans un entretien publié par La Croix (17/9) : «  Accueillir Régis Schleicher, ce n'est pas cautionner ou justifier ce qu'il a fait mais défaire un nœud de violence pour lui permettre d'entrevoir une autre réalité. J'ai voulu donner une marque de confiance à cet homme qui reconnaît sa responsabilité et ses fautes. Il tente véritablement de se racheter ..."

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Reconnaissons la mission des agriculteurs

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Texte intégral du communiqué des évêques bretons :

 

La crise agricole est là, profonde et complexe. Nous entendons le cri de désespoir des producteurs de lait qui en arrivent à détruire par épandage le fruit de leur travail. Notre société recevra-t-elle cet appel de détresse ? Ce geste, douloureusement paradoxal en pensant aux enfants mourant de faim dans le monde, interroge : comment en est-on arrivé là ? Quelle injustice pèse sur les agriculteurs ? Ne faut-il pas repenser de façon nouvelle la nature même de la production agricole ? Nous savons quels sentiments d’injustice et d’inquiétude face à l’avenir habitent des agriculteurs, en particulier des plus jeunes qui ont investi pour leur exploitation. La crise laitière a des conséquences, parfois dramatiques, sur leurs familles, sans compter les dommages qu’elle créera sur d’autres professions para-agricoles. Elle peut entraîner une crise en Bretagne. Nous encourageons la solidarité de proximité qui s’est mise en place ici ou là. Elle est vitale ! Que les chrétiens s’y engagent davantage. Il n’y a pas qu’à France Telecom qu’il est urgent d’être plus humain ! « La famille en rural doit retrouver sa juste place au cœur de l’ordre social. Les principes moraux et les valeurs qui la gouvernent appartiennent au patrimoine de l’humanité, et doivent avoir la priorité sur la législation… L’investissement dans le secteur agricole doit permettre à la famille d’assumer la place et la fonction qui lui reviennent. » (Benoît XVI, 16/10/2006)

 

Chacun a droit à la nourriture. Elle est indispensable. Elle est source de vie. Nul n’a le droit de spéculer sur elle. La terre a été confiée aux hommes pour qu’ils la cultivent afin de donner des aliments à tous. Les agriculteurs le savent. Cela confère une dignité spécifique à leur métier qu’ils aiment et qui n’est pas comme les autres : produire de la nourriture ne peut être assimilé à une action commerciale. Les agriculteurs ont droit à une reconnaissance de leur travail par une juste rémunération qui leur permette de vivre avec leur famille et de conduire leur exploitation. Ils ont droit à une espérance dans une profession qui mérite d’être mieux appréciée des consommateurs. La production agricole a ses critères propres qui demandent à être reconnus et respectés pour que soit garantie la justice. Industriels, grande distribution ou consommateurs, sommes-nous prêts à payer au juste prix les produits de notre agriculture ? Certes, il faut trouver la régulation idoine.

Mais sera-t-elle équitable pour tous ? Et suffira-t-elle ? « La crise nous oblige à nous donner de nouvelles règles et à trouver de nouvelles formes d’engagement, à miser sur les expériences positives et à rejeter celles qui sont négatives. La crise devient ainsi une occasion de discernement et elle met en capacité d’élaborer de nouveaux projets. C’est dans cette optique, confiants plutôt que résignés, qu’il convient d’affronter les difficultés du moment présent. » (Benoît XVI, Caritas in veritate, 21) Nous avons confiance dans le dialogue vrai, fait d’écoute et de respect, entre tous les acteurs concernés, dans lequel les chrétiens s’engagent. Nous espérons qu’il fera émerger une approche nouvelle de l’agriculture, et conduira à des décisions nationales, européennes et internationales justes pour chaque agriculteur. Ce dialogue est urgent !

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