Repenser la Société à l’épreuve du coronavirus

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Une chronique du Père Bernard Devert (Habitat & Humanisme:

Des territoires entiers confinés dans le monde, les rassemblements interdits, les réunions évènementielles reportées sine die, coronavirus frappe fort jusqu’à créer une onde de choc, réveillant des inquiétudes et des peurs ancestrales.

Ce virus mortifère met aussi à genoux l’économie, faisant plonger brutalement et lourdement les bourses mondiales. 

‘L’Atelier du monde’ d’où est parti le virus, a dû fermer nombre de ses portes. Les entreprises en difficulté soulignent les excès de la mondialisation mettant en échec leur autonomie. 

Les relations sont quelque peu changées, marquées par une légitime prudence. Des barrières se forment, des interdits se développent. Se fait jour l’impossibilité de visiter les patients hospitalisés ou dans les établissements médico-sociaux, le virus s’attaquant à ceux fragilisés par la perte de santé et le grand âge. 

L’expression ‘vulnérabilité’ trouve ici tout son sens pour être cet état qui n’autorise plus d’aggravation, faute de quoi la personne sombre, d’où la nécessité d’une sur-attention pour éviter des ruptures touchant à la vie même. 

Le Président de la République soulignait lors d’une visite dans un EHPAD l’urgence de réglementer drastiquement l’accès aux espaces de soins. Un crève-cœur, disait-il. Il ne le sera que pour peu de temps si nous ne laissons pas le virus se propager au risque avéré d’attenter à la vie. 

Nul doute que les combattants de ce virus, chercheurs et soignants, parviendront à le vaincre. La lutte qu’ils mènent n’est pas sans un éclat d’humanité. 

Les services d’urgences des hôpitaux sont depuis des mois grippés dans leur fonctionnement mais les soignants font fi de leur intérêt personnel pour que, dans cette situation de crise, la population ait le moins possible à souffrir.

Justice que de garder la mémoire de leur magnifique engagement. 

Le coronavirus devrait nous inviter à réfléchir sur cet autre virus qu’est la pauvreté mettant bien des personnes dans des situations de confinement, territoires du bannissement. Le risque n’est pas viral, certes, mais il n’en est pas moins destructeur d’une Société qui ne sait pas mettre suffisamment de protections pour lutter contre ce mal. 

Si les masques sont nécessaires pour se protéger du coronavirus, nous devrions faire tomber ceux qui empêchent de voir cette peste noire qu’est la misère. Ne mériterait-elle pas un sursaut partagé pour refuser ce qui détruit et abime les plus fragiles. Ce soin revêt une réelle urgence. 
 

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