Retraites et doctrine sociale de l'Eglise

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Voici quelques éléments de discernement sur la question des retraites inspirés par la doctrine sociale de l’Église (DSE).

1 Le système actuel des retraites est en crise en raison de l’hiver démographique et le déséquilibre actifs/inactifs va s’aggraver (bientôt 1,3 actif pour un 1 retraité). Cela tient à une natalité insuffisante, d’une part en raison de l’absence d’une politique familiale dynamique et de justes salaires, c’est-à-dire procurant à chaque famille les ressources dont elle a besoin ; et d’autre part à cause de l’avortement de plus d’un enfant à naître sur quatre (soit presque 9 millions depuis la loi Veil). Manquent aussi des mesures permettant une meilleure conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle.
 

2 Le régime par répartition est le seul à garantir au temps t le versement des pensions. Il est une illustration concrète de la solidarité entre les générations : les actifs cotisent pour les inactifs. Ce qui n’est pas le cas de la capitalisation, même si celle-ci peut intervenir en complément, avec toutefois les risques qu’elle comporte (une épargne retraite n’étant pas une assurance retraite).


3 Dans une société organisée en fonction du principe de subsidiarité, l’existence de régimes spéciaux va de soi. A condition que, dans chaque branche professionnelle, employeurs et employés en assurent librement la cogestion, sans interférence de l’État (sauf en cas de défaillance prolongée). Un système universel égalitaire est contraire au principe de justice distributive.


4 Petit rappel historique : les chrétiens sociaux ont été des pionniers dans la création des mutuelles et coopératives. Mais en 1945, les communistes parvinrent à imposer au gouvernement provisoire dirigé par De Gaulle la nationalisation des nombreuses caisses existantes (et rentables). De la spoliation de leurs avoirs naquit la Sécurité sociale, critiquée par Pie XII le 2 novembre 1950 et le cardinal Montini, futur Paul VI, deux ans plus tard, dans ces termes : « Une sécurité sociale qui ne serait qu’un monopole d’État porterait préjudice aux familles et aux professions en faveur et par le moyen desquelles elle doit avant tout s’exercer. »


5 L’augmentation de l’espérance de vie peut légitimer un report de l’âge légal pour prendre sa retraite. Mais cela suppose de prendre aussi en compte le chômage des jeunes et des seniors, la pénibilité de certains métiers qui réduit l’espérance de vie, des congés de maternité et parentaux qui devraient être source de droits, etc. L’option préférentielle pour les pauvres est un guide pour réfléchir à un minimum vieillesse – carrière complète ou non – permettant de mener une vie digne. 

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