Renouveau du scoutisme
L’été est la grande saison des camps scouts. Alors qu’on aurait pu croire que la pédagogie inventée en 1907 par Lord Baden-Powell (1857-1941) était dépassée, le scoutisme français affiche un grand sourire. Les Scouts et Guides de France comptent 80 000 membres dont 50 000 jeunes : un quart de plus qu’il y a dix ans ; et la tendance est encore plus forte chez les plus jeunes : +176 % pour les 6-8 ans. La progression est également marquée chez les Scouts unitaires de France (Suf) avec 29 000 membres contre 20 400 dix ans plus tôt, et, quoique plus faiblement, les Guides et Scouts d’Europe (AGSE) avec 32 000 membres contre 28 000. Avec d’autres organisations moins importantes (comme les Europa Scouts, attachés à la forme extraordinaire du rit romain) mais qui participent aussi à cette dynamique, le nombre total de scouts est évalué à 185 000 en France. Ce succès qui n’est pas un feu de paille pose néanmoins un problème, celui du recrutement de chefs disponibles pour encadrer les sorties au cours de l’année ainsi que les camps d’été. Les étudiants hésitent à s’engager, car souvent très mobiles, et peinent à prendre du temps au service des plus jeunes.
Comment expliquer un tel regain ? Il y a l’attirance pour une éducation valorisant l’autonomie et la responsabilité, l’apprentissage de la vie en communauté, le retour à la nature ou la recherche du dépassement de soi – tout ce que ne permettent pas l’asservissement au numérique et la distraction par le virtuel (les Suf ont d’ailleurs interdit aux 12-17 ans d’utiliser leur téléphone portable dans les camps d’été). L’un des défis qui se posent est la difficulté pour les mouvements scouts d’être présents dans les banlieues difficiles et des zones rurales où l’Église s’efface peu à peu faute d'un nombre suffisant de pasteurs. La dimension spirituelle est l’une des raisons qui motivent les parents à confier leurs enfants aux troupes scoutes. Le scoutisme est plus que jamais un moyen d’évangélisation, avec cependant les différences notables d’approches de la foi entre, d’une part, les Scouts et Guides de France et, d’autre part, les Suf et Scouts d’Europe, plus explicitement catholiques et pratiquant un scoutisme classique. Plus que jamais, le scoutisme est la matrice de nombreux baptêmes de jeunes et de vocations sacerdotales et religieuses.
Selon l’hebdomadaire Famille chrétienne, qui a récemment publié un dossier sur L’insolent succès du scoutisme (n°2110), « 75 % des séminaristes de la Communauté Saint-Martin, 90 % de ceux du séminaire de Versailles et 92 % de celui de la Fraternité Saint-Pierre sont d’anciens scouts. »