Plan Borloo : deux avis divergents

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Xavier Lemoine, maire de Montfermeil (Seine Saint-Denis) depuis 2002, vice-président du Parti chrétien démocrate (PCD), a commenté l'annonce du « plan de mobilisation » proposé par Jean-Louis Borloo pour les banlieues : « L’État a injecté 43 milliards d’euros avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), créée en 2003. L’idée semblait excellente, mais on n’a pas donné aux bailleurs, aux policiers ou aux magistrats les outils nécessaires pour empêcher quelques familles de nuire à tout leur voisinage.(…) Depuis le premier plan banlieues de 1977, lancé par Jacques Barrot, l’État a inventé les ZEP et les REP, créé des logements sociaux, mené pas moins de six plans différents pour désenclaver les quartiers sensibles… Pour quels résultats ? Ils sont assez maigres, parce qu’on a refusé de voir que la banlieue ne manquait pas seulement de moyens, mais qu’il fallait restaurer l’autorité de l’État et la culture française. Paradoxalement, en termes de qualité de construction et de confort d’habitat, le logement social est très supérieur à la promotion privée » (Le Figaro, 27/04).

Logements sociaux à Aubervilliers

Le Père Bernard Devert, président-fondateur d'Habitat et Humanisme, estime que si les plans banlieue n'ont pas pris en compte "la cause et la dimension du mal", ce n'est pas une raison pour cesser d'envisager de nouveaux traitements :  "Le rapport de M. Jean-Louis Borloo sur les banlieues se révèle une feuille de soins ; elle remet de la République là où elle est absente, d’où des territoires devenus les lieux du ban. Le constat alarmant dit l’étendue de la fracture. « Médecin de la ville » reconnu, le « docteur Borloo » rédige une prescription en 19 points. Le traitement est de choc. La gravité du mal est telle qu’il s’insurge. Refusant de pactiser avec la non-assistance à personne en danger, il s’interroge sur la passivité de la Société alors qu’une fraction du corps social est désarticulée. (...) Le diagnostic a pourtant été posé depuis longtemps, ne parle-t-on pas de cités de non-droit. (...) Une des 19 mesures retenues, singulièrement novatrice, est celle de la création d’une Académie des leaders. Cette belle expression traduit le souffle qu’il a perçu dans ces banlieues, riches d’une énergie émanant d’acteurs qui, au sein de ces cités, refusent qu’elles se délitent et meurent. Leur combat est pris en compte. Reconnaître, c’est toujours fait naître. Alors la vie est là, elle s’éveille. Ces leaders s’opposeront à des dealers instrumentalisés par d’ignobles salopards profitant du désespoir et de la précarité pour se servir en développant une économie parallèle, injectant de l’évasion facile et factice, délétère et mortifère. L’ordonnance, remise par M. Jean-Louis Borloo au Premier Ministre, fait du bruit, d’aucuns rappelant que la politique de la ville s’est avérée insuffisante, voire un échec. Et alors ? Faut-il se résoudre à abandonner. Folie. Dit-on à un malade que son traitement a été un gaspillage parce qu’il n’est pas guéri ! Le corps social ne peut accepter les soins palliatifs au risque que tout le corps soit envahi par la métastase du désespoir. Des opérations chirurgicales seront nécessaires pour assurer les greffes visées par ces prescriptions qui ne peuvent pas se faire les unes après les autres, mais ensemble. "
 

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