De l'écologie à la monarchie
Professeur de droit public à l'Université Paris-Descartes, Frédéric Rouvillois est un auteur prolixe. Il a déjà publié une trentaine de livres qui tournent tous autour d'une réflexion d'ensemble sur la modernité. Ce nouvel essai s'inscrit dans cette perspective, en proposant une relecture politique de l'encyclique Laudato Si'.
Le Pape François est présenté par les milieux « conservateurs » (notamment américains) comme un « progressiste ». Rouvillois affirme qu'il est radicalement antimoderne. En effet, l'écologie intégrale qu'il développe part d'une critique fondamentale d'une culture fondée sur un individualisme égoïste et un anthropocentrisme dominateur. Le « mythe moderne du Progrès matériel sans limite » (Laudato Si', 78) engendre la démesure, le marché sans règles, produit une « culture du déchet » et détruit les identités locales. Seule une « révolution culturelle », écrit le Pape, nous libérer du « paradigme technocratique régnant ».
Ce projet implique une autorité politique poursuivant le bien commun, échappant à l'immédiateté. Or pour Frédéric Rouvillois, la démocratie sous sa forme actuelle valorise la brièveté (notamment des mandats). Il lui oppose la monarchie comme le régime capable de « concevoir des projets à long, voire, à très long terme, les seuls pertinents en matière écologique » (et de citer le Prince Charles). Original.
La clameur de la Terre
Frédéric Rouvillois
Préface de Chantal Delsol
Jean-Cyrille Godefroy, 126 p., 12 €