Cristeros, violence/non-violence

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La sortie du film Cristeros est l’occasion de réfléchir sur l’emploi de la force armée par les chrétiens.

Dans un entretien publié par l’hebdomadaire Famille chrétienne (n°1895), le cardinal Philippe Barbarin semble douter de la légitimité du recours aux armes pour défendre sa foi : « La force oui, la violence non ». Mais il ne précise pas où passe la frontière. Cette approche rejoint celle de théologiens moralistes contemporains qui, tel l’Américain Stanley Hauerwas, font de la non-violence un signe distinctif de l’engagement chrétien. Le Royaume de paix qu’est l’Église appellerait ses membres à résister à toute forme de violence.
Mais Gandhi lui-même enseignait qu’entre la lâcheté et la violence, il conviendrait de préférer la violence. Et saint Jean Paul II affirmait à son tour : « Si paradoxal que cela paraisse, celui qui veut profondément la paix rejette tout pacifisme qui serait de la lâcheté ou la simple préservation de la tranquillité. » Il est des cas de légitime défense où la résistance passive serait moralement insuffisante, plus encore serait une complicité avec l’injustice. L’enseignement de l’Église n’exclut pas que, dans certaines circonstances, les artisans de paix que sont (ou devraient être) les chrétiens prennent les armes : il y a une théologie de la guerre juste comme il y a une théologie de la juste révolution. Développée par saint Augustin et reprise par saint Thomas d’Aquin, la doctrine de la guerre juste est rappelée dans le Catéchisme de l’Église catholique (§ 2309), comme celle de la résistance armée à l’oppression (§ 2243) : « La résistance à l’oppression du pouvoir politique ne recourra pas légitimement aux armes, sauf si se trouvent réunis les conditions suivantes : (1) en cas de violations certaines, graves et prolongées des droits fondamentaux ; (2) après avoir épuisé tous les autres recours ; (3) sans provoquer des désordres pires ; (4) qu’il y ait un espoir fondé de réussite ; (5) s’il est impossible de prévoir raisonnablement des solutions meilleures. » Il semble bien que les catholiques mexicains se trouvaient en 1926 dans une telle situation : (1) un pouvoir affichant sa détermination d’interdire l’exercice du culte avec des lois de plus en plus iniques ; (2) le recours à des moyens pacifiques tels qu’une pétition signée par deux millions de citoyens, des processions, des appels au boycott économique… ; (3) que pouvait-il y avoir de pire que des tirs à la mitrailleuse sur des femmes et des enfants, des massacres de prêtres, des profanations d’églises (avec des soldats fédéraux donnant à manger à leurs chevaux des hosties consacrées mêlées à de la paille) ? (4) l’importance du soulèvement et les victoires remportées montraient que les Cristeros pouvaient réussir ; (5) aucune solution meilleure n’était envisageable. Un exemple à méditer…

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