Le capitalisme en question
La vague équivoque de l'éthique d'entreprise semble s'être fracassée sur les récifs de pratiques économiques et financières autant implacables que moralement problématiques.
C'est ce que montre l'essai de Cécile Renouard qui présente l'originalité d'être à la fois religieuse de l'Assomption, philosophe et économiste (elle enseigne à l’École des Mines-Paris, à l'Essec et au Centre Sèvres).
A rebours de la rhétorique douteuse qui imprègne certains milieux chrétiens se contentant d'espérer ajouter une « âme » à une mondialisation qui leur semble fondamentalement heureuse, elle resitue l'entreprise dans la société, au carrefour d'enjeux qui sont aussi politiques, sociaux et écologiques (avec notamment le défi de la transition énergétique). La légitimité de l'entreprise vient non des seuls profits à court terme qu'elle apporte à ses actionnaires mais surtout de «sa contribution au lien social et écologique ».
Cécile Renouard n'adhère pas au mythe de la croissance indéfinie et va jusqu'à écrire : « Le modèle capitaliste actuel est non seulement générateur de nombreuses souffrances – dont il n'est pas sûr qu'elles soient compensées ou surpassées par les bienfaits matériels qu'il entraîne –, mais il est aussi insoutenable ». Elle esquisse des pistes pour une « prospérité sans croissance » où l'entreprise pourrait jouer son rôle.
Éthique et entreprise
Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire
Cécile Renouard
L'Atelier, 174 p., 17 €