Après la loi naturelle
Soucieux de trouver un terrain d'entente avec les démocraties libérales, certains catholiques s'imaginent encore pouvoir trouver un terrain d'entente en raisonnant à partir de la loi naturelle. Quitte à déformer complètement la signification de cette lex naturalis, comme le fit dans les années 40 un Jacques Maritain, dont les élucubrations révèlent plutôt une contamination d'une pensée catholique hantée par la réconciliation avec la modernité libérale.
Une belle illusion, alors que l'antagonisme est devenu radical entre la loi naturelle et la loi civile. On pourra lire à ce propos les actes du XXIe colloque national de la Confédération des Juristes catholiques de France (Loi naturelle et loi civile, Téqui). Le refus du législateur de se référer à une norme supérieure à la volonté générale a entraîné un ébranlement général des fondements de la cité. Le positivisme juridique et le laïcisme républicain ont enfanté un véritable monstre : une justice incertaine, une prolifération des lois et des procédures, une chute progressive dans un monde d’irrationalité pure où la notion même de nature humaine n’a plus de sens. On trouvera dans ce livre passionnant des analyses à la fois bien documentées et lucides : notamment celles de Marie-Pauline Deswarte et de Jean-Baptiste Donnier, outre la synthèse préliminaire de Joël-Benoît d’Onorio, président des Juristes catholiques. Ce dernier constate : « le concept de loi naturelle souffre du fait qu’il n’y a pratiquement plus que l’Eglise catholique à l’invoquer de nos jours ».
C’est pourquoi le recours à ce concept ne peut pas être l’alpha et l’omega de la théologie politique chrétienne. La question préliminaire à se poser devient : pourquoi notre conditionnement culturel rend inopérante la référence à ce concept ?
C’est pourquoi le recours à ce concept ne peut pas être l’alpha et l’omega de la théologie politique chrétienne. La question préliminaire à se poser devient : pourquoi notre conditionnement culturel rend inopérante la référence à ce concept ?