Les chrétiens et l'Algérie
Dans un article paru dans Le Monde (4 juin) sous le titre Non, l'Algérie n'est pas antichrétienne, le P. Christian Delorme a écrit : « Ce
qui fait fondamentalement l'unité de l'Algérie, en effet, c'est son islamité. Là demeure l'identité profonde de son peuple. L'existence de chrétiens européens, même naturalisés algériens, ne
représentait pas une menace contre cette unité et cette identité. Il n'en va plus de même quand des Algériens issus de familles musulmanes deviennent chrétiens. Car alors reviennent aux mémoires
les atteintes à la culture et aux institutions musulmanes qu'ont perpétrées les conquérants coloniaux. » Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, a réagi en rappelant « le
droit fondamental et universel à la liberté de conscience et de religion, les exigences du dialogue interreligieux et la nécessité de l’existence d’un État de droit pour que ce dialogue soit
possible... » L'abbé Fabrice Loiseau, supérieur des Missionnaires de la Miséricorde Divine (dont l'un des charismes est l'évangélisation des musulmans) a déclaré pour sa part:
« Réduire la mission des évangéliques en Kabylie à une stratégie américaine est une méconnaissance totale de la réalité de ces conversions profondes et authentiques. Qu'il y ait parfois
des maladresses dans ces missions, c'est indéniable, mais on ne peut nier un réel mouvement de conversion au christianisme dans les pays du Maghreb. Faut-il accuser le Christ d'avoir divisé son
peuple ? Les premiers chrétiens sont-ils coupables d'avoir divisé l'empire romain ? Le P. Delorme se fait ainsi l'avocat de tous les régimes totalitaires qui ont accusé les convertis de mettre en
péril l'unité de la nation. (...) Le plus dramatique serait que les autorités algériennes puissent se servir du texte du P. Delorme pour légitimer la persécution des chrétiens.(...) Hélas, il a
toujours existé des chrétiens qui ont dénoncé leurs frères. »