Pourquoi les chrétiens sont dans l'impossibilité morale de voter Macron
Aux dernières élections présidentielles, si l'on se fie aux sondages réalisés après le scrutin, la majorité des catholiques pratiquants réguliers auraient voté pour Emmanuel Macron.
Aujourd'hui, ils ne peuvent plus le faire, pour de multiples raisons. Une seule suffit : le crime d'Etat que représente l'euthanasie de Vincent Lambert.

Comment pourraient-ils voter aux Européennes pour la liste conduite par Nathalie Loiseau alors que l'Etat français ne respecte pas ses engagements internationaux? Les évêques français viennent de rappeler : "Chaque personne handicapée, aussi fragile soit-elle, a des droits égaux à toute autre personne. La France le sait puisqu’elle a ratifié la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées. Le Comité international des droits des personnes handicapées (CIDPH) de l’ONU a été saisi au sujet de M. Vincent Lambert, et a répondu que cette saisine était recevable. Le Comité a demandé que les soins prodigués à M. Vincent Lambert soient maintenus tant qu’il ne s’était pas prononcé sur le fond. Le Gouvernement a donné son avis au Comité en affirmant que ce maintien des soins n’était pas envisageable car il « priverait d’effectivité le droit du patient à ne pas subir d’obstination déraisonnable ». Après ce refus, le CIDPH vient de réitérer sa demande que l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert « ne soient pas suspendues pendant le traitement de son dossier. (...) La crédibilité de l’État passe par le respect de sa parole donnée. Il paraît donc sage et nécessaire d’attendre la réponse sur le fond du Comité de l’ONU. »."
Emmanuel Macron pouvait arrêter la mise à mort de Vincent Lambert, simplement en respectant la parole donnée, pour reprendre l'expression des évêques. Il ne l'a pas fait. Aussi comment pourrions-nous accorder notre confiance à un homme d'Etat chargé de représenter dignement la France dans le concert des nations - à commencer par l'Europe ?
Plus grave encore est le problème éthique. La transgression majeure qu'est la mise à mort d'un innocent s'accompagne de beaucoup d'autres, présentes (l'avortement de masse et l'euthanasie largement pratiquée) et futures (prévues dans la révision des lois de bioéthique annoncée avant l'été).
Comme l'écrivait saint Augustin, dans un célèbre passage souvent cité par Benoît XVI, "Sans la justice, les Etats ne sont pas autre chose que de grandes bandes de brigands. " Et un chrétien ne peut soutenir par son vote une "grande bande de brigands".
Denis Sureau