Contre le libéralisme
Il serait dommage que les chrétiens s’abstiennent de lire les ouvrages du maître à penser de ce courant néopaïen naguère appelé Nouvelle droite, essayiste prolifique (une centaine de livres) et d’une curiosité inlassable. D’une part, parce qu’Alain de Benoist a évolué, préférant aujourd’hui Aristote aux néopositivistes qu’il admirait autrefois. D’autre part, parce que ses analyses en philosophie politique convergent en bien des points sur la doctrine sociale de l’Église. C’est le cas dans ce dernier ouvrage, qui compile plusieurs études passionnantes sur le libéralisme, perçu comme l’idéologie de la classe dominante et non la défense des libertés authentiques. S’il affirme hâtivement le christianisme ait une part de responsabilité dans l’origine de l’individualisme et le désenchantement du monde, Alain de Benoist reconnaît que les tentatives de conciliation du christianisme et du libéralisme et du ont échoué tant la philosophie sous-jacente de ce dernier (le primat de l’individu, avec ses intérêts et les « valeurs » qu’il se donne) est incompatible avec toute éthique véritable. De la critique de la pensée de Hayek à celle des équivoques du conservatisme, ce livre offre des vues stimulantes, toujours très documentées, qui méritent assurément le détour.