Retrouver le sens du politique

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Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France publie une lettre intitulée Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique, adressée (curieusement) aux « habitants de France ». Résumé.

L'objectif des évêques n'est pas de donner des consignes de vote (ni de condamner le Front national) mais de contribuer au débat sur la crise d'identité de la France, en tentant de l'élever au niveau du politique antérieur à la politique. La crise est politique, écrivent-ils, et c'est « d’abord une crise de confiance envers ceux qui sont chargés de veiller au bien commun et à l’intérêt général ». Les hommes politiques sont discrédités par « des ambitions personnelles démesurées, des manoeuvres et calculs électoraux, des paroles non tenues », et surtout « l'absence de projet ou de vision à long terme ». L'Etat providence déçoit. L'insécurité sociétale angoisse. La juridicisation étouffe les initiatives. La société est en tension : « La contestation est devenue le mode de fonctionnement habituel, et la culture de l’affrontement semble prendre le pas sur celle du dialogue ». Plus encore, « Les valeurs républicaines de ''liberté, égalité, fraternité'' souvent brandies de manière incantatoire, semblent sonner creux pour beaucoup de nos contemporains sur le sol national ». La mondialisation a rendu caduque « l'idée d'une nation homogène ». Le contrat social permettant de vivre ensemble a besoin d’être renoué, retissé, réaffirmé, redéfini. Compte tenu des différences culturelles et des difficulté d'intégration de populations particulières, que signifie aujourd'hui d'être citoyen français ?

Les évêques répondent en insistant sur l'importance de l'éducation assurée par la famille et l'école. Mais plus largement, c'est la question du sens qui se pose ; or, depuis une cinquantaine d’années, elle a déserté le débat politique, remplacée par « un fonctionnement gestionnaire, marchand et normatif qui n'intéresse plus personne ». Une remarque qui s'applique aussi à la construction européenne. La crise du politique est aussi une crise de la parole, qui a été pervertie, ce qui rend le le débat difficile. Sur la laïcité, qu'ils veulent ouverte, les évêques défendent sa « juste compréhension », et précisent : « La laïcité de l’État est un cadre juridique qui doit permettre à tous, croyants de toutes religions et non-croyants, de vivre ensemble ». Mais elle ne saurait justifier une « neutralisation religieuse de la société » et une expulsion de la religion de la sphère publique vers le seul domaine privé. Dans leur conclusion, le Conseil permanent constate : « Il y a de la tristesse dans notre pays aujourd'hui. » La France est en attente. Chacun est alors invité à s'engager, à son niveau, pour oeuvrer au bien commun.  

Denis Sureau

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