Après l'écrit
Philosophe et théologienne anglo-catholique de Cambridge, Catherine Pickstock est, avec John Milbank, la principale figure du courant Radical Orthodoxy. Son essai magistral mais particulièrement ardu à lire, issu d’une thèse, propose sans doute la réfutation la plus argumentée de la philosophie « postmoderne », représentée notamment par Jacques Derrida. Cette pensée de la « déconstruction » est en fait l’aboutissement ultime et nihiliste de la modernité immanentiste qui remonte à Descartes, lequel fait l’objet d’une critique sans compromis. En exaltant l’écriture au détriment de la parole et l’espace abstrait au temps (et à l’éternité), la philosophie *séparée de la théologie produit une cité nécrophile. Platon avait affirmé que le langage a pour fonction principale la célébration du divin. À son tour, Catherine Pickstock entend montrer que la liturgie chrétienne peut seule résoudre les dichotomies, que l’Eucharistie permet « de fonder le langage comme signification réelle ». Pour ce faire, elle propose un étonnant commentaire linguistique, philosophique et théologique du rit romain traditionnel (en fait sa forme « extraordinaire » postérieure à la réforme de 1969). Les implications politiques de cette analyse sont considérables, tout étant lié.
Après l’écrit
Sur l’achèvement liturgique de la philosophie
Catherine Pickstock
Ad Solem, 380 p., 31 €