Mascarade ?

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Tandis que le nombre de décès dûs à la Covid-19 n'a jamais été aussi bas, le durcissement des mesures sanitaires imposées par l'Etat fait débat. Voici l'analyse de deux essayistes catholiques.

C'est sous le titre Mascarade que Me Erwan Le Morhedec,  s'interroge dans les colonnes de La Vie. Bien que notant que l'OMS (Organisation mondiale de la santé) écrit qu'elle ne « dispose pas de données factuelles directes attestant de l'efficacité du port généralisé du masque », l'avocat et essayiste ne remet pas en cause « l'impératif indiscutable du port du masque en milieu clos ». Toutefois, le juriste ajoute : « il n'y a rien d'anodin à s'habituer à vivre une vie sans visages, sans leur diversité, leurs expressions, dans un sombre défilé de clones oppressés. La propension désinvolte des autorités civiles à imposer des obligations à l'efficacité douteuse et à les assortir par surcroît de sanctions pénales n'est pas moins inquiétante, tout autant que l'absence de discussions qu'elle suscite. »

De son côté, le philosophe Martin Steffens publie un texte sous le titre Interroger le masque (sur le site le-verbe.com). Il souligne qu'à défaut de seconde vague, les admissions en hôpital psychiatrique ont explosé, comme les séparations et les suicides. « Tout se passe comme s’il nous était demandé de passer définitivement de la communauté à son exact contraire : l’immunité. Le paradoxe qui voudrait que quand on aime ses proches, on ne s’approche pas d’eux (annonce qui passe en boucle sur les radios d’État et qui suggère que s’approcher de son proche revient à ne pas réellement l’aimer), ce paradoxe rend fou. Et l’extension de la peur à tous les lieux ne manquera pas d’accroître ce terrible malaise. (…) La distanciation  physique est bel et bien devenue une distanciation sociale : une façon de faire société dans la distance, une société sans communauté. » Or « on peut préférer la relation à la sécurité, en ajustant les consignes à la réalité des risques et en consentant à ceci : on n’entre pas en relation sans prendre toujours un risque ». Regardons le Christ, qui « nous propose un sacré, non point défensif, mais offensif. Aux religiosités d’exclusion, fondées sur la distinction entre les purs et les impurs, laissant à sa marge et reléguant hors du temple les lépreux, (…) Jésus oppose une pureté contagieuse : il touche et se laisse toucher. » Plus encore, il ne se satisfait pas d’une morale seulement négative. La fameuse règle d’or disait : Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse. Le mal était d’agir et le bien d’éviter l’action. Jésus renverse la perspective : Fais à autrui ce qu’il voudrait qu’il te fasse. Le mal est de ne pas agir. De croire qu’en restant chez soi, on sauve des vies, comme le dit encore un slogan. Le bien, c’est d’agir, quitte à se tromper.»

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