Peut-on vivre les plus hauts états de la vie spirituelle dans les occupations les plus ordinaires ? Oui, en pratiquant l’exercice de la présence de Dieu. Tel est le message, apparemment simple mais exigeant et radical, de Laurent de la Résurrection (1614-1691). Ce frère convers fut successivement cuisinier puis savetier du couvent des carmes de la rue de Vaugirard (où fut édifié l’Institut catholique de Paris).
Figure singulière que ce Lorrain mystique qui, sans être canonisé ni même béatifié, est devenu un maître du Carmel, dans la lignée de Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, et dont l’enseignement annonce à certains égards celui de Thérèse de Lisieux ou d’Élisabeth de la Trinité. Après sa mort, compromis par Fénelon dans la querelle du pur amour contre Bossuet, il fut oublié par l’Église catholique jusqu’au milieu du vingtième siècle. Mais il fut rapidement adopté par les courants protestants piétistes allemands et hollandais et sa renommée traversa bientôt l’Atlantique – aux États-Unis, Brother Lawrence ne cesse d’être réédité. C’est ce destin étonnant que raconte aujourd’hui Denis Sureau. Denis Sureau, Frère Laurent de la Résurrection, le cordonnier de Dieu Artège, 156 p., 14,90 €
En même temps que sort ce portrait littéraire de Laurent de la Résurrection, les écrits du frère carme et de son biographe, l'abbé Joseph de Beaufort, sont réédités dans une version rigoureusement conforme à la version d'origine, avec une introduction de Denis Sureau :
Laurent de la Résurrection, Vivre la présence de Dieu, Artège Poche, collection Classiques de la Spiritualité, 176 p., 7,50 €
Communiqué de Mgr Michel Aupetit sur le projet de loi bioéthique
15 janvier 2020
« Si nous nous taisons, les pierres crieront » (cf. Lc 19, 40).
Après avoir commencé à détruire la planète, allons-nous laisser défigurer notre humanité ? Qui osera élever la voix ?
À l’heure de l’examen par le Sénat du projet de loi bioéthique, une prise de conscience est urgente. Depuis des années, nous nous engageons toujours plus avant vers une dérive mercantile de pays nantis qui se payent le luxe d’organiser un trafic eugéniste avec l’élimination systématique des plus fragiles, la création d’embryons transgéniques et de chimères.
Comment se fait-il que notre société si soucieuse, à juste titre, du respect de l’écologie pour la planète, le soit si peu quand il s’agit de l’humanité ? Tout est lié.
Je le répète une fois encore : l’enfant est un don à recevoir, pas un dû à fabriquer. L’absence d’un père est une blessure que l’on peut subir, mais il est monstrueux de l’infliger volontairement.
Comme vient de le rappeler le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, il faut garantir au nom de la liberté le droit à l’objection de conscience dans ces domaines.
Il est encore temps pour le législateur de se ressaisir, d’oser dépasser les postures idéologiques et pour tous les citoyens de faire entendre la voix du bon sens, de la conscience et de la fraternité humaine.
Chrétiens dans la Cité n°383 vient de paraître. Il sera envoyé à titre de spécimen à toute personne souhaitant le connaître.
Au sommaire :
La déclaration épiscopale dénonçant le projet de loi de réforme des lois de bioéthique
La nomination de Mgr Celestino Migliore - Benoît XVI et le Pape François - Stéphane Bern touché par Lagrasse - 2020, année sainte Jeanne d'ARc et sainte Geneviève - Alliance Vita censurée - La famille nombreuse, grande sacrifiée de la réforme des retraites - La chute des dons inquiète les associations - L'inititiative Divine Box - Connaître le bilan des diocèses - La retraite des prêtres - Un projet de Benoît XVI - Pax Christi
Découvrir l'Alliance Inter Monastères
Lecture : Frère Laurent de la Résurrection, le cordonnier de Dieu, de Denis Sureau (Artège, 152 p., 14,90 €)
Voici quelques éléments de discernement sur la question des retraites inspirés par la doctrine sociale de l’Église (DSE).
1 Le système actuel des retraites est en crise en raison de l’hiver démographique et le déséquilibre actifs/inactifs va s’aggraver (bientôt 1,3 actif pour un 1 retraité). Cela tient à une natalité insuffisante, d’une part en raison de l’absence d’une politique familiale dynamique et de justes salaires, c’est-à-dire procurant à chaque famille les ressources dont elle a besoin ; et d’autre part à cause de l’avortement de plus d’un enfant à naître sur quatre (soit presque 9 millions depuis la loi Veil). Manquent aussi des mesures permettant une meilleure conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle.
2 Le régime par répartition est le seul à garantir au temps t le versement des pensions. Il est une illustration concrète de la solidarité entre les générations : les actifs cotisent pour les inactifs. Ce qui n’est pas le cas de la capitalisation, même si celle-ci peut intervenir en complément, avec toutefois les risques qu’elle comporte (une épargne retraite n’étant pas une assurance retraite).
3 Dans une société organisée en fonction du principe de subsidiarité, l’existence de régimes spéciaux va de soi. A condition que, dans chaque branche professionnelle, employeurs et employés en assurent librement la cogestion, sans interférence de l’État (sauf en cas de défaillance prolongée). Un système universel égalitaire est contraire au principe de justice distributive.
4 Petit rappel historique : les chrétiens sociaux ont été des pionniers dans la création des mutuelles et coopératives. Mais en 1945, les communistes parvinrent à imposer au gouvernement provisoire dirigé par De Gaulle la nationalisation des nombreuses caisses existantes (et rentables). De la spoliation de leurs avoirs naquit la Sécurité sociale, critiquée par Pie XII le 2 novembre 1950 et le cardinal Montini, futur Paul VI, deux ans plus tard, dans ces termes : « Une sécurité sociale qui ne serait qu’un monopole d’État porterait préjudice aux familles et aux professions en faveur et par le moyen desquelles elle doit avant tout s’exercer. »
5 L’augmentation de l’espérance de vie peut légitimer un report de l’âge légal pour prendre sa retraite. Mais cela suppose de prendre aussi en compte le chômage des jeunes et des seniors, la pénibilité de certains métiers qui réduit l’espérance de vie, des congés de maternité et parentaux qui devraient être source de droits, etc. L’option préférentielle pour les pauvres est un guide pour réfléchir à un minimum vieillesse – carrière complète ou non – permettant de mener une vie digne.
Méditons avec Benoît XVI (dans L'enfance de Jésus) sur la naissance de Jésus dans une étable "parce qu'ils manquaient de place dans la salle" (Lc 2,6-7) :
"Cela doit nous faire réfléchir, nous renvoyer au renversement de valeurs qu'il y a dans la figure de Jésus-Christ, dans son message. Depuis sa naissance il n'appartient pas à ce milieu qui, selon le monde, est important et puissant. Mais justement cet homme insignifiant et sans pouvoir se révèle comme le vraiment Puissant, comme celui, en fin de compte, dont tout dépend. Fait donc partie du devenir chrétien le fait de sortir de ce que tous pensent et veulent — des critères dominants —, pour entrer dans la Lumière de la Vérité sur notre être et rejoindre le juste chemin avec cette lumière."
Au sommaire du 382e numéro de Chrétiens dans la Cité.
Vous pouvez demander un spécimen gratuit en envoyant vos coordonnées à contact@chretiensdanslacite.com
ANALYSE : 5 éléments de discernement sur la question des retraites inspirés par la doctrine sociale de l'Eglise
LES HOMMES : Mgr Nicolas Lhernould - Franz Jägerstätter - Nominations au Conseil pontifical de la culture
INFOS : Le denier de l'Eglise en berne - KTO fête ses 20 ans - Pauvreté, familles en crise et immigration - Persécutions : les chrétiens premiers visés - Renouveau de la foi en Russie - Enfance sans drogue - Vidéos chrétiennes gratuites - Fondation pour l'insertion par le logement - 500 piquets - Fondation Espérance Banlieues
LECTURE : La liberté religieuse pour le bien de tous, par la Commission théologique internationale
Une réflexion pour l'Avent qui commence ce dimanche, par le Père Bernard Devert (Habitat & Humanisme).
Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien, dit judicieusement Cynthia Fleury dans un grand texte exprimé dans un petit livret de 39 pages.
Quels soins apportons-nous aux plus fragiles?
Mon propos n’est pas de dire que rien n’est fait, ce qui serait injuste et irrespectueux à l’égard de tant de personnes qui se mobilisent pour un humanisme éclairé en offrant un horizon à ceux qui pensaient ne pas en avoir. Toutefois, et j’entends que mon propos met en accusation mes insuffisances, comment ne pas relever que nous consentons passivement à des situations qui auraient dû disparaître des radars sociaux ; je pense tout particulièrement à nos frères qui dorment dans la rue sans que cela n’altère notre sommeil.
Quelle est cette fraternité pour ne point se laisser interroger par ce drame si emmuré dans l’indifférence qu’il ne mobilise pas suffisamment d’énergie pour dire : « arrêtons, cela suffit »?
Plus de 700 enfants dorment dans les rues de Paris. Des centaines d’autres dans les grandes Métropoles, sans évoquer ceux qui sont condamnés à des hébergements d’urgence, autant d’espaces qui abritent vaille que vaille des intempéries, laissant les plus vulnérables au grand vent des tempêtes de la détresse.
Cette absence d’un toit ou d’un logement sécurisé témoigne à la personne ou au foyer concerné que son existence n’a pas de prix.
Je pense à cette famille de 3 enfants qui, bénéficiant de la médiation du Droit au Logement Opposable (DALO), s’entend dire qu’elle a bien droit à un hébergement, le Tribunal Administratif ne pouvant être saisi que si, fin mars, il ne lui est toujours pas proposé. Un foyer à la rue risque de passer tout l’hiver sous les intempéries. Je ne l’accepterai pas et recherche actuellement une caravane pour l’abriter.
Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien !
Aucun enfant ne devrait supporter une telle situation, compromettant sa santé physique et psychique et par là même son avenir.
J’écris ce texte comme prêtre qui, déjà à l’invitation de communautés chrétiennes, prépare la veillée de Noël. L’Enfant-Dieu n’avait pas de place mais n’espère-t-il pas que ce qu’Il a vécu ne lui soit pas encore imposé, tant Il est identifié aux plus pauvres. La Bonne Nouvelle n’est croyable que si les plus fragiles sont enfin libérés de l’intolérable.
Qu’importent mes mots, le sujet est que nous nous mobilisions pour que, d’ici Noël, nous préparions un cadeau à ceux qui ne l’attendent pas ou plus : un logement.
Ensemble, agissons.
Puis-je vous demander d’indiquer à Habitat et Humanisme tels ou tels logements vacants, ou encore votre propre disponibilité pour que des familles trouvent un référent afin de ne point les laisser dans l’accablement.
Ce Noël ne sera joyeux que si nous faisons naître de la joie pour ceux qui ne l’espèrent plus.
Ne pensons pas que c’est impossible. Le défi à relever ne le sera que dans l’éloignement des doutes et des indifférences, trace d’une vie nouvelle.
ANALYSE : A Hiroshima et Nagasaki, le Pape François a condamné fermement la dissuasion nucléaire, et la possession de la bombe atomique. Un développement homogène de la doctrine catholique contre l'équilibre par la terreur.
LES HOMMES : Mgr Jean-Paul James - Antoine Renard - Benoît de Blanpré
INFOS : La presse sous perfusion - Promesses d'Eglise - Changement de têtes à la CFTC - Des béguinages aux Maisons d'Alliance - La Marche pour la Vie reportée - Société de Bien Commun - Fondation des Monastères _ Prenons soin
LECTURES : L'Islam : menace ou défi ? par Mgr Dominique Rey
A Nagasaki, le Pape François a eu le courage de déclarer la dissuasion nucléaire "perverse".
En février 1996, j'ai soutenu dans le mensuel La Nef (n°58) la thèse selon laquelle la dissuasion nucléaire est une structure de péché. Voici ce que j'écrivais :
Le débat ne porte ni sur la nécessité d'une défense efficace ni même sur la possibilité d'une guerre juste, que nous admettons contre les pacifistes. Il dépasse aussi le problème posé par l'utilisation d'armes d'extermination massive – nucléaires ou non – qui sont de soi contraires aux deux grands principes du jus in bello (« droit dans la guerre ») communément accepté : d'une part la discrimination entre combattants et non-combattants, et de l'autre la proportionnalité entre le mal provoqué par une action guerrière et le bien obtenu (ou le mal évité). « Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l'homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation » (Gaudium et Spes, 80). Ce qui est en cause, c'est la moralité de la menace d'utilisation de telles armes.
Sur un problème aussi grave, l'Eglise ne peut rester muette, sans commander pour autant des décisions directement politiques. Elle s'oppose à la course aux armements qui aggrave les causes des conflits. Elle affirme que « l'équilibre de la terreur par la dissuasion nucléaire est une sécurité à trop hauts risques » (1). Le Catéchisme de l'Eglise catholique précise : « L'accumulation des armes apparaît à beaucoup comme une manière paradoxale de détourner de la guerre des adversaires éventuels. Ils y voient le plus efficace des moyens susceptibles d'assurer la paix entre les nations. Ce procédé de dissuasion appelle de sévères réserves morales » (n° 2315). L'Eglise, sans doute par respect de la juste autonomie des réalités temporelles, de la spécificité du politique, s'est néanmoins abstenue de déclarer [ avant le Pape François] la dissuasion nucléaire intrinsèquement perverse – ce qui ne signifie pas qu'elle ne le soit pas.
La dissuasion pose un problème moral délicat. Est-il moral de menacer quelqu'un de commettre soi-même un péché pour le dissuader d'en commettre un ? Un officier général chrétien, partisan de la dissuasion, ose la comparaison suivante. La femme d'un couple catholique est infidèle. Pour la dissuader de continuer, le mari la menace d'agir de même. Selon cet auteur, ce chantage est admissible même si son exécution ne l'est pas.
Telle n'est pas notre opinion. Il est contraire à la justice de prévenir une injustice ou d'y répondre en affirmant (faussement) l'intention de commettre une injustice. Dans l'exemple proposé, il est clair que la menace du mari relève du mensonge, acte injuste car contraire à la véracité qui doit présider aux rapports humains.
Dans le cas qui nous occupe, l'immoralité de l'utilisation des armes atomiques s'étend donc également à la menace d'y recourir et même à la simple possession de ces armes qui sont de soi disproportionnées et non-discriminatoires. Opus justitiœ pax : la paix est œuvre de justice (Isa'ïe 32, 17). Réciproquement la dissuasion est une injustice et un facteur de guerre précisément parce qu'elle s'apparente à un chantage terroriste : le terroriste est celui qui s'attaque à un tiers innocent pour faire plier son adversaire. La structure de l'acte dissuasif est rigoureusement identique : les gouvernants d'un pays A veulent contraindre ceux d'un pays B en les menaçant d'exterminer une partie de sa population civile. Jeu à trois pour le moins pervers.
Admettons, disent nos contradicteurs, que la dissuasion ne soit pas un bien mais un mal : ce mal n'est-il pas rendu nécessaire par la violence qui régit notre monde ?
Mais c'est un principe élémentaire de morale qu'« il n'est pas permis, même pour de très graves raisons, défaire le mal afin qu'il en résulte un bien, c'est-à-dire de prendre comme objet d'un acte positif de volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et, par conséquent, une chose indigne de la personne humaine, même avec l'intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux » (Paul VI, Humanae vitae, n° 14).
La cause est entendue, ajoutent les nucléaristes, mais le pape ne reconnaissait-il pas dans la même phrase qu' « il est parfois licite de tolérer un moindre mal moral afin d'éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand », en se référant à Pie XII ? Il ne s'agit pas de faire un mal pour obtenir un bien mais de tolérer un moindre mal (la dissuasion) pour éviter un mal plus grand (la capitulation) qu'aucun autre moyen ne pourrait éviter. « Affronté à un choix entre deux maux quasiment imparables, la capitulation ou la contre-menace... on choisit le moindre sans prétendre en faire un bien ! » (Conférence épiscopale française, « Gagner la paix », 8 novembre 1983).
Cette position suppose que seule la dissuasion peut maintenir la paix. Affirmation discutable et discutée. Par ailleurs une chose est de tolérer un mal (par exemple la prostitution), autre chose est de mettre en œuvre ce mal qu'est la dissuasion en l'érigeant en principe stratégique permanent, commandant toute une politique de défense, c'est-à-dire un ensemble cohérent de moyens humains et matériels. Or Pie XII dans l'allocution citée par Paul VI (2) rappelait qu'aucune autorité (même Dieu !) ne peut « donner un mandat positif ou une autorisation positive » de faire ce qui serait contraire au bien moral, parce qu'il est contre nature d'obliger la volonté de l'homme au mal. Ce qui est essentiellement différent de la situation où ne pas empêcher cette déviation morale peut « se justifier dans l'intérêt d'un bien supérieur et plus vaste ».
Dans le cas présent, les maux engendrés par la stratégie de l'épouvante (3) sont évidents : course aux armements, exacerbation des inimitiés entre les peuples, mauvais exemple donné aux puissances non-nucléaires, etc. N'appelons pas la fausse tranquillité de ce désordre international : « La paix ne se réduit pas à une absence de guerre, fruit de l'équilibre toujours précaire des forces. Elle se poursuit jour après jour, dans la poursuite d'un ordre voulu de Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes » (Paul VI, Populorum progressio, 76).
Il y a plus grave encore. Pour être crédible, la dissuasion suppose que l'on affirme haut et fort l'intention de passer à l'acte si nécessaire. A force de brandir cette menace, comment ne pas s'habituer à l'idée que, dans certaines circonstances, on pourrait effectivement envisager d'utiliser l'arme atomique même si, au départ, on avait au for interne vigoureusement repoussé cette éventualité ? C'est le propre d'une structure de péché – comme une loi inique – d'inciter à légitimer subjectivement un acte objectivement immoral. Le discours sur l'atome militaire, arme de « non-emploi », comporte une contradiction intrinsèque. On constate d'ailleurs que le général Gallois, qui prête à l'atome des vertus pacificatrices, ne s'en tient pas là puisqu'il semble justifier les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, toujours au nom de la paix qu'ils auraient entraînée. La distinction menace de l'utilisation I utilisation n'est donc pas une séparation.
Notre conclusion est donc que la dissuasion est un mal injustifiable : une véritable « structure de péché » qu'il faut démanteler.
(1) Jean-Paul II à l'ONU, 3 mai 1988 (cf. les textes choisis par les moines de Solesmes Sur la paix et la guerre, coll. Ce que dit le pape, Fayard, 1991, p.70).
(2) Allocution aux juristes italiens du 6 décembre 1953.
(3) Cf. Samy Cohen, La bombe atomique, la stratégie de l'épouvante, coll. Découvertes, Gallimard, 1995.