Voter ou ne pas voter : l'analyse d'Alasdair MacIntyre

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L'oeuvre d'Alasdair MacIntyre (né en 1929 à Glasgow, aujourd'hui citoyen américain) a marqué un nouveau départ dans la philosophie morale contemporaine, ouvrant des voies qui ne cessent d'explorées sur tous les continents et dans des contextes culturels et théologiques très divers. Son approche est à la fois aristotélicienne, thomiste et augustinienne. Catholique depuis 1983 au terme d'un itinéraire intellectuel très riche, il s'est retiré aujourd'hui de l'arène publique. L'une de ses toutes dernières interventions politiques remonte à 2004, dans le cadre de la campagne présidentielle opposant le Républicain Bush au Démocrate Kerry. Voici la traduction inédite d'un bref article intitulé The Only Vote Worth Casting in November :

 

Le seul vote qui vaille

Alasdair MacIntyre

 Lorsqu'on vous met en face de deux alternatives politiquement intolérables, il est important de ne choisir aucune d'entre elles. Et quand ce choix est présenté avec des arguments rivaux et des débats qui excluent de la discussion publique tout autre ensemble de possibilités, il devient un devoir de se retirer de ces arguments et de ces débats, afin de résister à l'imposition de ce faux choix par ceux qui ont arrogé eux-mêmes le pouvoir de définir ces alternatives.

Cette position peut dans l'abstrait remporter aisément l'adhésion. Mais, quand elle s'applique à la prochaine élection présidentielle, elle risque d'être rejetée d'emblée. Car c'est une idée reçue que voter est la marque d'un bon citoyen, et ne pas voter un signe d'irresponsabilité. Mais le seul vote ayant de la valeur en novembre [2004] est un vote qui ne peut être fait que contre un système qui offre le choix entre le conservatisme de Bush et le libéralisme de Kerry, ces deux partenaires dans le débat idéologique, chacun ayant besoin de l'autre comme une cible.

Pourquoi devrions-nous rejeter les deux à la fois? Non principalement parce qu'ils nous donnent de mauvaises réponses, mais parce qu'ils répondent à de mauvaises questions. Quels sont donc les bonnes questions politiques? L'une d'elles est la suivante : Que devons-nous à nos enfants? Et la réponse est que nous leur devons avant tout les protéger et les accueillir dès le moment de leur conception. Et nous ne pouvons le faire que si nous leur donnons les meilleures chances pour bénéficier d'une vie familiale épanouie, dans laquelle le travail des parents est rémunéré de manière équitable, et d'une éducation qui leur permettra de s'épanouir. Ces deux éléments, si ils sont pleinement énoncés, conduisent à une politique. C'est une politique qui nous oblige à être pro-vie, non seulement en mettant en oeuvre les mesures les plus efficaces pour réduire le nombre d'avortements, mais aussi en fournissant des soins de santé aux femmes enceintes, en facilitant les adoptions, en offrant une aide aux familles monoparentales et aux les grands-parents qui ont pris le relais des parents pour s'occuper de leurs petits-enfants. Et c'est une politique qui nous fixe comme une exigence économique minimale de proposer un travail suffisant qui procure une rémunération équitable et satisfaisante à tous les parents qui travaillent, un salaire suffisant pour maintenir une famille bien au-dessus du seuil de pauvreté.

L'injustice économique de base notre société est que les coûts de la croissance économique sont généralement supportés par les personnes les moins en mesure de les payer et que la majorité des bénéfices de la croissance économique vont à ceux qui ont le moins besoin. Comparez la hausse des salaires des travailleurs ordinaires au cours des trente dernières années à la hausse des revenus et de la richesse des 20% plus riches. (…)

Parvenus à cette constatation, nous avons déjà rompu avec les deux partis et les deux candidats. Essayez de promouvoir la cause pro-vie ainsi exposée au sein du Parti démocrate et vous serez, au mieux, pas entendu et, au pire, descendu. Essayez de faire avancer la cause de la justice économique comme nous l'avons décrite au sein du Parti républicain, et vous serez leur risée. Surtout, insistez, comme nous le faisons, pour affirmer que ces deux éléments sont inséparables, que chacun exige de l'autre comme son complément, et vous serez accueillis avec incompréhension. Reconnaître cela est interdit par les présupposés idéologiques qui encadrent les alternatives politiques. Pourtant, dans le même temps, aucun des deux partis ne tient véritablement à cœur la cause dont il se présente ostensiblement le défenseur. Les Républicains approuvent avec joie les candidats pro-choix, quand cela leur est avantageux. Les Démocrates reculent promptement devant les exigences de la justice économique avec empressement, quand cela leur est avantageux. Et dans les deux cas, l'emphase rhétorique masque ce qui manque à l'engagement politique.

Dans une telle situation, voter n'est pas seulement voter pour un candidat en particulier, c'est également voter pour un système qui nous présente que des alternatives inacceptables. La façon de voter contre le système est de ne pas voter.


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P
<br /> Tout cela serait juste, si nous n'avions pas d'enfants, si nous n'étions pas présent dans le monde professionnel et si nous ne payions pas d'impôts : le chrétien est de ce monde, et l'exparience<br /> amériaciane, avec son abtention massive à la )plupartt des élections, démontre que la non participation n'empêche pas le système de tourner.<br /> <br /> <br /> Par contre la mobilisation des Pro Vie et des Tea Party a fortement influencé la politique américaine, au travers du vote.<br /> <br /> <br /> Ces propos d'intellectuel vivant dans une tour d'ivoire sont la négation du catholicisme : Port Royal n'a rien produit qui ait duré intelletuellement ou spirituellement.<br />
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