Un salaire parental ?
Le salaire parental est proposé par Marine Le Pen afin d'« offrir aux mères ou aux pères de famille la possibilité de choisir librement entre l'exercice d'une activité professionnelle et l'éducation de leurs enfants ». Débat.
L'hebdomadaire Famille chrétienne(n°1782) a interrogé trois experts ou acteurs de la politique familiale : Dominique Marcilhacy (Union des familles en Europe), Jean-Marie Andrès (Confédération nationale des Associations familiales catholiques) et Pascale Coton (Cftc). Si tous trois sont d'accord pour défendre le quotient familial, leurs avis divergent face au projet de salaire parental. Pour Dominique Marcilhacy, « plus qu'une bonne idée, c'est une demande des familles, comme l'a montré une enquête réalisée par l'Ufe . »Surtout pour les familles nombreuses dont les services rendus « en termes démographiques justifient largement la création d'un salaire parental, dont le coût resterait raisonnable pour nos finances publiques ».La secrétaire générale de la Cftc, rappelant que 43% des salariés sont des femmes, estime plus adapté de «soutenir le congé parental. Avec plusieurs possibilités :un congé jusqu'aux trois ans de l'enfant, un congé plus court et mieux rémunéré ; on peut imaginer aussi de le fractionner: en prendre une partie à la naissance de l'enfant et le reste au moment de l'adolescence (jusqu'aux 16 ans de l'enfant).»
L'hostilité la plus marquée à l'idée de salaire parental vient du responsable du secteur Politique familiale des Afc : « Ne mettons pas les familles en contradiction avec leur vocation au don gratuit en faisant de l'accueil de l'enfant une « fonction publique », où la (ou le) bénéficiaire de l'allocation deviendrait un « salarié de la France ». La reconnaissance ne doit pas être recherchée sur le plan financier, car leur rôle - unique - n'est pas d'abord économique. Des dispositions financières permettant aux parents de suspendre leur activité professionnelle existent. Améliorons-les, mais restons-en là. »Cette réaction a suscité la désapprobation de certains membres des Afc, d'autant plus que la politique familiale est en régression depuis maintenant plusieurs décennies. De plus, si le rôle des familles n'est pas « d'abord » économique, il est certainement souhaitable qu'il le redevienne, dans une vision renouvelée qui restitue à la cellule familiale la plénitude de ses missions sociales. Cependant, la répugnance a une sorte fonctionnarisation de la mère au foyer est compréhensible. L’Église préfère affirmer la nécessité d'un salaire familial, d'une rémunération du travail suffisante (éventuellement complétée par des mesures telles que les allocations familiales) afin d'éviter de contraindre la mère de famille a travailler hors du foyer. Le véritable problème – autrement plus vaste – qui est ainsi posé est celui du juste salaire.