DANS LE PREMIER TIERS DU XXe SIECLE, de nombreux intellectuels français s’étaient convertis au catholicisme (voir le livre de Frédéric Gugelot, « La conversion des intellectuels au catholicisme en France, 1885-1935 », Cnrs éditions, 1998). Un tel phénomène est-il susceptible de se reproduire aujourd’hui ? Dans un article publié dans « Valeurs actuelles » (n°3686, 20/7), Laurent Dandrieu remarque : « sans se concerter, sans même se connaître pour la plupart, chacun de leur côté, plusieurs intellectuels, ces dernières années, ont effectué un chemin ou un retour, intime ou tonitruant, véritable conversion ou simple réveil, vers la foi catholique. Plus significatif encore, au lieu de garder cela pour eux, ils ont décidé d’ignorer ce que cette évolution aurait pu leur valoir de railleries, de haussements d’épaules, d’accusations de passéisme et de ringardise, et de revendiquer publiquement leur identité de catholiques. »
QUI SONT-ILS, CES « INTELLOS TENTES PAR LA FOI » ? A l’image de René Girard, considéré dans le monde entier comme le plus grand penseur français vivant, ils se souvent converti à l’issue d’un itinéraire intellectuel les détachant progressivement de la « modernité». Max Gallo, socialiste souverainiste, allie sur un mode assez « péguyste » conversion personnelle et réaffirmation des racines chrétiennes de la France. Très médiatique, l’essayiste Jean-Claude Guillebaud a écrit « Comment je suis redevenu chrétien » (Albin Michel), un livre qui remporte un grand succès. Homme de gauche, éditeur au Seuil, grand reporter, il repousse aujourd’hui un certain nombre d’idoles actuelles sans pour autant professer encore une foi véritable. Ancien maoïste, disciple de Lacan et de Bataille, le philosophe Bernard Sichère publie un livre au titre explicite : « Catholique » (DDB).
CITONS ENCORE LE CORREZIEN DENIS TILLINAC qui, dans « Le Dieu de nos pères » (Bayard), prend vigoureusement la défense du catholicisme. Ou encore le romancier et essayiste François Taillandier. Maurice G. Dantec, punk converti, Léon Bloy post-moderne, dénonciateur déjanté du nihilisme de la vieille Europe, voit en Benoît XVI le « signe divin » du retour d’une « Eglise plus pugnace, beaucoup plus ancrée sur ses traditions scolastiques, patristiques, théologiques ». Disparu en 2006, Philippe Murray, se réclamait du « Dieu du catéchisme de (son) enfance » et vitupérait les errements contemporains. Laurent Dandrieu remarque : « Ce n’est pas une lame de fond, ni même une déferlante, tout de même un courant qui, aussi informel soit-il, intrigue. »