Pourquoi les catholiques ne revoteront pas Macron
Les catholiques pratiquants ont été nombreux à voter pour Emmanuel Macron aux présidentielles et pour ses listes aux élections européennes. Le chercheur Loïc Simonet interroge ce choix qu'il juge incohérent.
Dans un essai très documenté, riche de centaines de références, Loïc Simonet veut expliquer Pourquoi les catholiques ne revoteront pas pour Macron (Les Editions du Bien Commun, 186 p., 14,90 €). Docteur en droit, chercheur spécialisé dans les relations internationales, il se dit « abasourdi » par la préférence accordée par
les catholiques pratiquants réguliers à Emmanuel Macron par rapport à des catholiques tels que François Fillon en 2017 ou François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes de 2019. Et il cherche à les convaincre de ne pas recommencer (sans pour autant suggérer de porter leurs suffrages vers d'autres candidats). Il dénonce ainsi « l'entourloupe » du discours présidentiel au Collège des Bernardins – d'une bienveillance bien « calculée » – et détaille les mesures prises qui interrogent : le lien abîmé entre l'Eglise et l'Etat avec des atteintes à la liberté de culte jugées par le Conseil d'Etat « graves et manifestement illégales », Mgr Eric de Moulins-Beaufort « convoqué » place Beauveau pour avoir évoqué le secret de la confession, la loi répressive du 24 août 2021 renforçant la surveillance de tous les cultes... La liberté d'opinion a été réduite avec la loi Avia. La liberté scolaire a été restreinte avec de lourdes contraintes pesant sur les écoles indépendantes et l'instruction en famille. Les atteintes à la vie et à la famille n'ont jamais été aussi graves : extension de la PMA aux femmes seules et aux lesbiennes entraînant un bouleversement du droit de la filiation ; mesures en faveur de l'avortement (lire page suivante) et proposition d'Emmanuel Macron d'inscrire l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ; loi de bioéthique autorisant la création d'embryons génétiquement modifiés, de chimères homme-animal et de gamètes artificiels – tandis que se profilent pour le prochain quinquennat l'euthanasie et la légalisation du recours aux mères porteuses.
Le progressisme en arrière-plan de ces évolutions est révélateur de l'absence d'anthropologie – et de spiritualité – dont ont fait preuve les Marcheurs, explique Loïc Simonet : « Le quinquennat d'Emmanuel Macron aura été marqué par une ''décivilisation'' sans précédent, (…) une perte du souci du bien commun au nom d'une absolutisation de la liberté. » Conclusion : « rarement un mandat présidentiel aura été aussi profondément calamiteux pour les catholiques de France ». »