Messe interdite: la riposte de l'Eglise
Selon le décret n°2020-1310 du 29 octobre 2020, les églises sont autorisées à rester ouvertes mais « tout rassemblement ou réunion en leur sein est interdit à l'exception des cérémonies funéraires dans la limite de 30 personnes » (art. 47). Face à cette attaque contre la liberté de culte, les composantes les plus actives de l'Eglise se mobilisent. Avec – et c'est la grande nouveauté – les évêques.
Lors du déconfinement, dans son ordonnance du 18 mai statuant en référé-liberté, le Conseil d'État, rappelant que la liberté de culte est une « liberté fondamentale », avait « ordonné » au Gouvernement de « lever l'interdiction générale et absolue de réunion ». Cette victoire avait été obtenue par la démarche d'instituts et associations traditionalistes, et non de l'épiscopat, ce qui avait étonné nombre d'observateurs. Dans une note, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) avait remarqué : « L’Église catholique s’est trouvée dans une position inconfortable : la décision, quoique conforme à la position qu’elle soutenait depuis le début du confinement, résulte d’un recours d’associations traditionalistes qui se sont frontalement opposées au décret pris par le Gouvernement, là où la Conférence des évêques de France avait choisi la voie de la négociation. » Mais la leçon a été retenue. Une avalanche de requêtes en référé-liberté ont été déposées auprès du Conseil d'Etat :
Le 2 novembre au soir, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France annonçait qu'il allait déposer un référé liberté au Conseil d’État, estimant que le décret portait « atteinte à la liberté de culte qui est l’une des libertés fondamentales dans notre pays ». Le communiqué précisait : « Mgr Éric de Moulins-Beaufort, après consultation de tous les évêques de France réunis en Assemblée plénière ce lundi 2 novembre, estime hors de proportion l’interdiction de célébrer la messe et d’autres sacrements en communauté. Pour les fidèles, ces célébrations sont vitales parce qu’elles sont une rencontre avec le Seigneur et avec leurs frères. Les fidèles catholiques restent totalement mobilisés contre l’épidémie et respectent l’ensemble des consignes sanitaires qui pèsent sur le pays depuis le début. »
D'autres évêques ont déposé aussi des référés liberté : Marc Aillet (évêque de Bayonne), Bernard Ginoux (Montauban), Jean-Pierre Cattenoz (Avignon), David Macaire (Saint-Pierre et Fort-de-France), Dominique Rey (Fréjus-Toulon), Eric Aumonier, et Mgr Bruno Valentin (Versailles)...
Des associations de laïcs chrétiens dans la cité ont fait de même : les Associations familiales catholiques, Anuncio, Le Village de François, les Journées Paysannes, l'Ircom, Les Deux Rives, la Fondation de Service politique (éditrice de la revue Liberté politique) ainsi que Via ! La voie du peuple (ex Parti Chrétien Démocrate de Jean-Frédéric Poisson)...
Des personnalités ont également déposé des recours : Charles Beigbeder, entrepreneur; Rémi Brague, philosophe; Chantal Delsol, philosophe; Fabrice Hadjadj, philosophe, Jean d’Orléans, comte de Paris; Pierre Manent, philosophe; Charles Millon, ancien ministre de la Défense; Jean Sévillia, historien et journaliste; Thibaud Collin, professeur de philosophie...
Les instituts et associations attachées à la forme extraordinaire du rite romain, avec l'Agrif : Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, Institut du Christ-Roi-Souverain-Prêtre, Institut du Bon Pasteur, Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, Abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, les associations Notre-Dame de Chrétienté (organisatrice du pèlerinage de Pentecôte à Chartres), Renaissance catholique, Oremus, le blog d'information Le Salon Beige, le journal bimensuel L'Homme Nouveau, Civitas...