Pour une conversion écologique
A l’occasion du jour de jeûne pour la justice climatique en France, qui a lieu le 7 mars, des chrétiens - parmi lesquels Denis Sureau, directeur de Chrétiens dans la Cité - lancent un appel « pour une conversion écologique ». Avec en exergue cette affirmation de s. Jean Paul II : « Il faut encourager et soutenir la conversion écologique, qui au cours de ces dernières décennies a rendu l'humanité plus sensible à l'égard de la catastrophe vers laquelle elle s'acheminait. » (17 janvier 2001).
La maison brûle. Où sont les chrétiens ? C'est la question que posent souvent les militants écologistes. Des premiers psaumes aux derniers papes, de sainte Hildegarde à saint François, les chrétiens sont pourtant héritiers d'une sagesse écologique plurimillénaire. Notre tradition n'a cessé de chanter les merveilles de la Création, tout en insistant sur notre responsabilité à son égard. Dans la vision biblique, l'homme n'est pas le propriétaire, mais le jardinier de la Terre. Dès lors, face aux désastres écologiques, comment pourrions-nous nous taire ? Sur ce point, l'année 2015 s'avère décisive. La France est en première ligne : en décembre aura lieu à Paris le grand sommet des Nations-Unies consacré au climat (COP21). De nombreuses initiatives associatives émergent pour promouvoir des modes de production et de consommation plus équitables et moins destructeurs : Changeons le système, pas le climat !
C'est dans ce contexte que le pape François, qui n'a de cesse d'inviter les chrétiens à « aller aux périphéries », publiera au printemps une encyclique sur le thème de l'écologie. Pour nous chrétiens, le carême est un temps privilégié pour approfondir l'unité de vie, dans un esprit de sobriété joyeuse. Or, la parole évangélique et la conscience écologique partagent cette exigence spirituelle de simplicité, de mise en commun et de fraternité. C'est ainsi que chacun de nous peut devenir concrètement veilleur et acteur de ce bien commun fondamental : la Création.
Ainsi jugeons-nous nécessaire que les chrétiens prennent enfin toute leur part dans ce combat transversal pour le respect du vivant, en dialoguant sereinement avec les milieux écologistes.
Parce que face à la marchandisation de tout, on ne peut séparer l'écologie humaine de l'écologie environnementale,
Parce que le saccage avéré des équilibres naturels et sociaux, dont les plus démunis sont les premières victimes, appelle une conversion globale et radicale de nos modes de vie,
Parce que seule la société civile, dans toute sa diversité, peut réellement inciter les dirigeants à prendre les mesures drastiques qu'impose la gravité de la situation,
Parce que la préservation d'un espace vivable pour tous est une des causes capables d'unir durablement les personnes et les peuples dans un esprit de justice et de paix,
Il est plus que temps de vivre enfin, individuellement et collectivement, dans nos familles et nos quartiers, cette conversion écologique qui est urgence vitale aussi bien qu'espérance évangélique.