Des jeunes catholiques décomplexés

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Le phénomène étonne les observateurs de toutes tendances, à gauche comme à droite : l'émergence, à travers la mobilisation contre le mariage homo, d'une nouvelle génération de catholiques déterminés.

 Dans un récent article, Le Nouvel Observateur(2/5) osait une Plongée dans la galaxie "catho-réac-décomplexée". S'il était rempli d'erreurs, son objet était néanmoins révélateur d'une prise de conscience. « C'est une vraie lame de fond », constate en le déplorant Christine Pedotti, nouvelle rédactrice en chef de Témoignage chrétien. Car si les jeunes chrétiens ne représentent pas la majorité des immenses foules des marches pour tous, la minorité active qu'ils constituent est néanmoins au cœur d'un dispositif que le quotidien Le Mondequalifie de « machine bien huilée ». Mais qui sont-ils ? Convient-il de leur appliquer le label Génération Benoît XVIou Jeunesse JMJ ? Les pistes sont brouillées : s'il y a parmi eux des chachas(charismatiques), des tradis, et même des tradichmatiquespassant du Pèlerinage de Chrétienté à Paray-le-Monial, la plupart n'ont pas d'affiliation particulière et encore moins de préférence politique partisane. Sans guère de formation doctrinale mais aimant les belles liturgies, immergés dans la culture internet et jonglant avec les réseaux sociaux, ils zappentd'un événement ecclésial à un autre, piochant ce qui leur convient. Et n'attendent pas les consignes d'un clergé qui, lorsqu'il est âgé, peine à les comprendre.

 Au départ, ils étaient peu sensibles à l'engagement politique ou social. Or la mobilisation contre le mariage homo a eu un effet catalyseur. La riposte de l'appareil répressif d’État (exactions policières, mensonges officiels...) comme de son appareil idéologique (en connivence avec les gros médias) a eu pour effet de radicaliser leur perception du pouvoir. Mais pas à proprement parler leur comportement : la multiplication des actions symboliques, visibles et médiatisables, s'accompagne de la création orginale d'espaces de résistance non-violente (tel que le mouvement des Veilleurs) et de la légitimation d'une désobéissance civile aimant à se référer à Gandhi. Il serait hasardeux de prévoir l'avenir de ce mouvement social inédit : il peut s’essouffler ou bien rebondir sur les autres projets sociétaux annoncés (politique familiale, PMA, euthanasie), se conforter en tant que groupe de pression pouvant infléchir le résultat des futures élections (en soutenant ou boycottant des candidats), élargir l'engagement militant à d'autres causes culturelles ou sociales... Aujourd'hui, toutes ces pistes sont ouvertes.

 

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