UN CATHOLICISME VERT

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« Le rôle de l'Église catholique a été sous-estimé en ce qui concerne la redécouverte de la nature et sa préservation. » C'est la conclusion du livre très riche d'Olivier Landron sur Le catholicisme vert (Cerf, 528 p., 48 €).

On entend parfois l'accusation selon laquelle l'Église ne s'intéresserait pas à la défense de l'environnement. Ce sentiment était partagé par 68% des personnes interrogées dans un sondage de 2004. Réalité ou malentendu? Professeur à la Faculté de théologie d'Angers, Olivier Landron montre au contraire que les chrétiens ne sont pas restés inactifs sur ce front là. Dans son histoire des relations entre l'Église et la nature au vingtième siècle, il présente les divers aspects de la question. S'il est vrai que les théologiens français se sont peu intéressé à la nature ou au cosmos (Teilhard de Chardin faisant exception), il n'en va pas de même pour les artistes (Dom Robert, Maurice Denis, Olivier Messiaen), les écrivains exaltant la beauté de la Création (Charles Péguy, René Bazin, Henri Pourrat, Francis Jammes, Paul Claudel, Joseph Delteil et bien d'autres), des penseurs tels que Gustave Thibon et, aujourd'hui, ces écologistes influents que sont Jean Bastaire ou Jean-Marie Pelt.

Mais la réflexion n'est pas tout. Cet intérêt de l'Eglise pour la nature s'est manifesté par de nombreuses initiatives éducatrices. En témoigne l'essor du scoutisme et des colonies de vacances en plein air ou le renouveau des pèlerinages. Sur un mode plus politique, les chrétiens ont joué un rôle actif pour défendre la terre (Lanza del Vasto venant au secours des paysans du Larzac) comme ils sont actifs pour sensibiliser leurs contemporains à la sauvegarde de l'environnement (initiatives de Pax Christi France ou campagnes du Ccfd sur la question de l'eau). Ils ont été pionniers pour développer l'agriculture biologique (Raoul Lemaire, Georges Racineux, Dominique Florian) au nom d'une relation à la fois raisonnable et contemplative du paysan à la terre, défendue actuellement par les Journées paysannes ou la revue Terre et Foi. Dans son étude pleine de surprises, Olivier Landron s'intéresse aussi à des réalités peu connues, telles que les ermites (la France en compterait 300), les Frères missionnaires des campagnes ou les petites associations chrétiennes militant pour la protection animale et contre la corrida. Le tournant écologique de l'Église amorcé sous le pontificat de Jean Paul II s'accentue sous celui de Benoît XVI. Il reste aux chrétiens à entendre cet enseignement et à continuer à le mettre en pratique.
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B
Il faudrait relire le Catéchisme de l'Eglise catholique, des n° 2415 à 2418, sur le 7e commandement : la souffrance inutile des animaux est bien rejetée. La corrida n'est pas une distraction chrétienne. Pas plus que les premiers chrétiens n'assistaient aux jeux de l'Empereur, pas plus les chrétiens d'aujourd'hui ne peuvent moralement assister à ces spectacles sanguinolant.
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B
MonsieurN'extrapolez pas. Si vous preniez la peine de lire l'article de Denis Sureau, vous seriez bien en peine de trouver quoi que ce soit qui prête le flanc à vos accusations. Vous amalgamez l'écologie telle que la comprend l'Eglise catholique avec des idéologies très localisées. Aucun Pape n'a défendu la Deep Ecology.Qui que vous soyez, Orthodoxe ou Protestant, pensez à ceci: la Création n'est pas notre chose, corvéable à merci. Elle est un reflet du Verbe de Dieu, elle vient de Dieu, et elle nous a été donnée gracieusement par Dieu. Par conséquent il existe une limite que nous devons respecter quant aux droits que nous exerçons sur elle. Nous devons respecter dans la Création l'oeuvre même de Dieu. A travers elle, nous devons respecter Dieu.
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Y
Comment peut-on avoir de la sympathie pour les sectes animalistes qui prônent la suppression de la corrida? Le fond de leur pensée est que l'homme doit s'effacer devant l'animal. Comment pourraient-ils être chrétiens? Dans l'Evangile on tue des agneaux et on pêche des poissons!Leur égérie, Brigitte Bardot, n'a-t-elle pas déclaré qu'elle aurait préféré accoucher d'un chien que de son fils?Quand un molosse tue un enfant, ont-ils un mot de compassion pour la petite victime? Non, mais ils s'insurgent à l'idée que le chien soit abattu.Et que dire de leur jubilation sur les blogs et autres forums quand un torero se fait tuer par un toro? Ils font froid dans le dos.Sans compter qu'il n'y a pas de limite à leur délire: Ils "s'interdisent" (en attendant de pouvoir nous l'interdire) de manger des laitages, car il ne faut pas "exploiter" les brebis ou les vaches. Au fait il me semble qu'on fait une bonne place à cette exploitation dans l'Evangile!Il "s'interdisent" de manger du miel, car il ne faut pas spolier les abeilles, etc.De grâce, cesser de donner en exemple cette dangereuse perversion.
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B
68% de gens persuadés du désintérêt de l'Eglise pour l'environnement, c'est beaucoup. Mais il faut désormais s'attendre à tout avec les sondages. La méconnaissaissance de l'Eglise est vraiment profonde.Et pourtant, si nous devons faire face actuellement à un désastre écologique de grande ampleur, et qui menace encore de s'agraver, ce n'est pas la faute de l'Eglise mais bien du libéralisme.Dans "Quinze Regards sur le Corps Livré" (p. 59) Pierre Gardeil ironise sur ce volte-face qui charge l'Eglise pour mieux exhonérer le véritable coupable :"[...] Les chrétiens étaient naguère accusés de prêcher l'impuissance devant le monde, alors que, par son pouvoir sur lui, la science sur lui, la science, désencombrée de la foi, allait nous donner le bonheur (une "idée neuve", paraît-il). Aujourd'hui, on criaille après ces mêmes chrétiens parce qu'ils appuieraient d'autorité théologique la dangereuse puissance de l'homme sur le réel. (De l'une à l'autre querelle, seul, l'adversaire n'a pas changé. C'est toujours le chrétien. Pourquoi?)" Mais il faut avouer que les journalistes ne font pas beaucoup d'efforts pour transmettre l'enseignement de l'Eglise sur l'environnement. Ils ont leurs obsessions, et ils sont incapables d'en sortir.
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